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THÉODORE LE STUDITE. VIE


de ses premiers soins fut de rappeler les exilés ; Platon et Théodore rentrèrent en triomphe au Saccoudion. Au même moment Taraise qui avait retrouvé son courage procédait contre l’higoumène Joseph, qui fut déposé. De quoi il s’expliqua dans un écrit adressé à l’abbé Platon, en l’invitant à l’union. Cf. Grumel, Régestes des actes du patriarcat de Constantinople, n. 368, 369. La paix se rétablit ainsi entre le Saccoudion et le patriarcat.

Deux ans plus tard la basilissa installait tout le personnel du Saccoudion, trop exposé aux raids arabes sur la rive asiatique, dans le couvent de Stude, à Constantinople même. Le monastère, fondé depuis longtemps par un haut personnage romain, Studius, avait été fortement éprouvé par la persécution iconoclaste et le nombre des moines avait beaucoup diminué. En le dotant richement, en le repeuplant, en lui donnant pour chefs les deux abbés Platon et Théodore, maintenant auréolés du titre de confesseurs de la foi, Irène en faisait l’un des plus importants centres monastiques de la capitale : sept cents moines y vivaient sous la direction de l’oncle et du neveu ; la discipline régulière y fleurissait dans toute sa vigueur. Théodore en fut l’architecte au point de vue matériel, mais surtout au point de vue spirituel il en fut l’animateur ; c’est à lui que remontent les us et coutumes qui protégeaient la régularité dans la célèbre maison. En même temps il y renforçait encore l’esprit, qui, au Saccoudion déjà, s’était fait jour : esprit d’intransigeance, ennemi de toute compromission, très hostile à tout ce qui pouvait paraître césaropapisme, très pénétré de l’indépendance de l’Église, enclin à regarder du côté de Rome plutôt que du côté du patriarcal. Tout ceci allait bientôt se montrer.

5° Lutte avec l’empereur Nicéphore ; deuxième exil 811). — Renversée par une nouvelle révolution en octobre 802, Irène, reléguée à Mitylène, avait été remplacée sur le trône par l’empereur Nicéphore. Celui-ci ne tarda pas à susciter dans les milieux dévots une très vive opposition. Bien qu’il n’ait rien entrepris contre les saintes Images — c’était toujours à Constantinople une question brûlante il a été vilipendé par les historiens orthodoxes à l’égal des pires empereurs iconoclastes. An Stoudion, le mécontentement, qui couvait depuis longtemps, éclata au début de 806. Taraise étant mort en février, la cour, pour le remplacer, recourut au même procédé qui, en 784, avait fait monter Taraise au siège patriarcal. Aux suffrages de la population et des gens d’Église elle proposa, pour ne pas dire elle imposa, un haut fonctionnaire impérial, Vasecretis Nicéphore. C’était ainsi le second » néophyte » qui, en un quart de siècle, arrivait au trône patriarcal, ce qui ne laissait pas d’être inquiétant pour ceux que préoccupait la liberté de l’Eglise. Le Stoudion prit feu : abbés en tête, les moines se séparèrent ostensiblement du nouveau patriarche. L’empereur

Nicéphore n’entendait pas que l’on discutai ses actes ; il voulut d’abord chasser tout ce monde de la ville. On lui représenta quc le procédé nuirait au patriarche, qu’il élail dangereux de détruire ou de disperser un monastère de celle Importance. Après une détention de vingt-quatre Jours (LaudL Platonls, c. xxxv, P. CL.

col. H.’(7 (, l>). Théodore fut remis en liberté ; lui et ses

moines firent sans doute, de leur côté, quelque acte de soumission -i l’endroit du patriarche Nicéphore. I n effct on volt Théodore recevoir de celui ci mandai de

se rendre au monastèri de Dalmate et d’y procéder a l’élcrtion d’un abbé. Grumel, op. ctt., n. 370,.’{76. Mais - l’affaire mœchlenne n’avait pas fini de pro

(luire ses fruit, empoisonnés. Pour diverses raisons la

cour désirait fort la réhabilitation de l’higoumène

Joseph. Le nouveau patriarche donna Vite la mesure

in Indépendance ; dans un synode de quinze DICl. m rnéoL, i ai BOL,

évêques il rétablit le prêtre que Taraise avait déposé pour avoir bénit les noces adultères de Constantin VI (vers le milieu de 806). Cf. Grumel, op. cit., n. 377. Le Stoudion, à peine réconcilié avec Nicéphore, eut de la peine à contenir son indignation. Théodore en était maintenant le chef unique, car Platon vivait de la vie de reclus. Il protesta vivement contre les décisions du « pseudo-synode » rassemblé par le patriarche. Son frère Joseph, qui venait d’être nommé archevêque de Thessalonique, lui faisait écho ; il ne tarda pas à être obligé de quitter son évêché et de rentrer au Stoudion. Ainsi les manifestations hostiles au patriarche se multipliaient tout au long des années 807 et 808. L’affaire prenait de graves proportions, il n’était plus possible de la traiter par le mépris. Aux derniers jours de 808, le Stoudion fut occupé militairement ; Platon, Théodore, Joseph furent arrêtés. En janvier 809, le basileus et le patriarche rassemblèrent de concert un synode considérable qui condamna Théodore, ses partisans et tous ceux qui ne voulaient pas accepter à titre « d’économie » le rétablissement de Joseph. C’est ce concile que tous les condamnés appelleront désormais le « synode mœchien ». On ne conclura pas, d’ailleurs, de cette appellation, que le concile ait proclamé la légitimité du mariage de Constantin VI et de Théodole ; il se bornait à déclarer que l’on avait eu de bonnes raisons pour rétablir en ses fonctions l’higoumène Joseph. Cf. Grumel, op. cit., n. 378-381. Quoi qu’il en soit, les opposants furent chassés et soumis à une rude captivité. Elle n’était pas cependant si étroite qu’elle ne permît à Théodore de faire parvenir à divers destinataires des lettres les excitant à la résistance contre les « mrechianisles ». Les plus importantes de celles-ci sont adressées au pape saint Léon III. Epist., i, xxxiii et xxxiv. Non content de mettre Léon au courant des événements par ces lettres, Théodore, par l’intermédiaire d’un archimandrite nommé Basile, qui séjournait à Rome, demandait au pape de réunir un concile qui trancherait la question doctrinale et condamnerait les « nnrehianistes ». Epist., i, xxxv, voir col. 1029 C. Au fait, Léon III ne pouvait guère intervenir à Constantinople où l’on paraissait vouloir l’ignorer : le patriarche Nicéphore avait été empêché par le basileus d’envoyer à Rome, lors de son avènement, la synodale qui était de règle. Sans tenir compte des diflicull es politiques qui paralysaient alors la Curie romaine, Théodore n’en exhalait pas moins son amertume contre le pape. Voir Epist., 1, xxviii, col. 1001 A. L’attitude réticente de la curie n’empêcherait pas ultérieurement Théodore de recourir à Rome.

6° Retour au Stoudion. Le deuxième iconoclasme. — La défaite et la mort tu basileus Nicéphore en juillet 81 1 et l’accession au trône, après le règne éphémère de Staurakios, de Michel V Rhangabé (2 octobre 811) amenèrent l’élargissement de Théodore et sa rentrée au stoudion. Le nouveau règne voulait être pacificateur ; les relations furent reprises entre la cour byzantine et la cour flanque, entre le patriarcat et la Curie romaine ; cf. Grumel. op. cit., n. 382. De son côté le pape Léon III s’entremit pour réconcilier le Stoudion et le pat riarche Nicéphore. Vila H. c. xxviii, à la fin, col. 272 D-27.1 A. I.e calme revint ainsi pour quelque temps dans le monastère, d’autant que le

prêtre Joseph était définitivement condamné par jugement synodal, (.runul. op. cit.. n. 387.

Le calme ne devall pas être de longue durée. À l’été

de 813, le kniaz des Bulgares, le terrible Krum, infligeait à Michel I". non loin d’Andrinople. une effraya ble defaile. Sur les lalnns de l’armée byzantine, l’en neini arrivait sous les mu i s de la cité gardée de Dieu.

LA dessus h corps d’armée des Inatoliques, qui, dans bandade générale, avait gardé quelque cohésion

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