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285 THÉODORE LE SABA1TE

THÉODORE DE SCYTHOPOLIS 286

est une mosaïque de légendes et de plagiats. Né et instruit à Édesse, Théodore entre à la laure hiérosolymitaine de Saint-Sabas, à l’âge de vingt ans ; il y reste jusqu’à sa soixantième année. Le patriarche d’Antioche le place à ce moment sur le siège d’Édesse où il travaillera à rétablir l’unité chrétienne. Il convertit même un calife de Bagdad, Moâwia 1 er (Gtil-680) ou Moàwia II (683-08-1) dont il se fera le légat auprès de Mil lui III l’Ivrogne et de Théodora (entre 842 et 856)1 L’auteur n’est nullement gêné de conduire à Constantinople au milieu du ixe siècle son oncle évêque qui avait atteint la quarantaine à la fin du viie siècle sous « Adramelech » (le calife Abd al-Malik, 685-705), non plus que de le faire parler, dans une homélie, du IIe concile de Nicée (787) « récemment tenu ». Théodore meurl et est enterré à Mar-Saba un 19 juillet.

P. Peeters (La passion de saint Michel le Sabaïle, dans Analecta Bolland., t. xlviii, p. 64-98) a montré que la Vie de Théodore dépend d’une passion de saint Mi< lu I le Sabaïte recueillie des lèvres de Théodore Abu Qurra par un certain Basile de Saint-Sabas. Certaines particularités — nous y ajouterons la polyglossie des héros — lui font dire avec raison : « après qu’on a éliminé toute cette fantasmagorie, il reste les linéaments d’une figure dont les traits individuels sont empruntés à la vie et au rôle historique du célèbre évêque de Harrân, moine à Mar-Saba, évêque, controversiste, docteur itinérant, champion de l’orthodoxie en pays hérétique et à la cour du khalife de Bagdad, et il est probable que la liste de ces contrefaçons flagrantes s’allongerait encore, si la vie et la légende d’Abû Qurra nous était moins mal connue. » Loc. cil., p. 82.

La consistance de l’œuvre littéraire, au reste fort mince, attribuée à Théodore d’Édesse en est naturellement ébranlée. Le » neveu « lui adjuge expressément un sermon fait de pièces rapportées et notamment d’un long extrait de la I Ipo-aparrLs’// ; de Théodore de Raïthou (voir col. 282) qui se rattache à la ligne M {Ambrosianus, 681, x c s.) de l’édition de Diekamp {Orientalia christiana analecla, n. 117. p. 183). L’auteur de la Vie a visiblement spéculé plus d’une fois sur l’homonymie. Ou fera bien, en tout cas. avant de conjecturer une rédaction arabe primitive complète de la Vie, d’interrogei des emprunts « le ce genre. Notons encore « pie c’est du sermon en question qu’il s’agit dans les extraits qui s’intitulent Hifiy.ay.yj.iy. reepl -io-TEwç ôp608 (Mosq. syn. gr. 415, xvi r s., fol. Il 1-118) ou X6yoç TOtîTewç (Sabbail. « S.xm’s., fol. 318-332) et que plusieurs auteurs (A. Llnhard, dans K. Krumbacher, Gesch. (1er byz. I. lierai., p. 151152 : II. Engberding dans le Lexikon fur Théologie und Kirehe, L x. p.’M sq. à l’art. Theodor v. Edessa) se

s.

D’après le neveu du saint, celui-ci aurait, sur l’invitation de ses confrères, improisé une Centurie de préceptes spirituels recueillis sur le champ par un

tachygraphe. Ils font suite à la Vie dans les mss les

plus anciens, comme celle ci l’annonce au c. kl. Ils

sonl connus par l’édition de I’. l’oussiiies, I liesoiirus

asceticus, 1684, p. 345, el par la Philocalie de Nlco

dème l’Haglorite, édlt. de Venise, 1782. p. 265-281 ;

éd. d’Athènes, 1893, t. i, p. 182 194. Ils devalenl

. i au t. ci, mi de la PG. l héodore emprunte

ment à plusieurs ouvra igre : Gallandi

il’(, .. i. m. col. 1216 B) l’a ail remarqué ; M. il 1er,

Aux souries de la spiritualité de saint Maxime, dans

lier, (l’usa t. et de mystique, i. xi, 1 930, p. 266, noie’il

el passim, de même qu’I. Hausherr, Le traité de

l’oraison d’Évagre le Politique, ibtd., t. xv, 1934, p. 37-’.m. oui abondamment confirmé s ; i constatation. On

e pareillement une dépendance pai rapport à

Maxime le Confesseur ; cf. M. Vlller, ibtd., passim.

L’œuvre doit se placer entre le vii c et le x° siècle. Ce peut être une production issue de Saint-Sabas. Elle est, de toutes manières, antérieure à la Vie dans sa rédaction complète.

Une autre pièce, le Théorctikon, dans la Philocalie de Venise, p. 281-287 et d’Athènes, t. i, p. 194-199, qui devait aussi paraître dans P. G., t. ci.xii, avec le titre de Regulator, est placé sous le nom de Théodore d’Édesse. C’est un résumé de philosophie ascétique sur la purification des puissances de l’âme, décrite dans sa nature et dans ses moyens. L’insistance sur la distinction de la connaissance naturelle et de la connaissance surnaturelle, de la vertu naturelle et de la vertu surnaturelle, sur le constitutif de la béatitude indique une œuvre influencée par l’Occident, tout orientale qu’elle reste sur l’ensemble des points. Elle n’est sûrement pas antérieure au xiv siècle. L’incipit ex abrupto fait croire qu’elle est mutilée du début.

Quoi que puisse révéler l’examen définitif — encore à faire — de la Vie de Théodore, le nom du personnage ne représente, par rapport aux œuvres que nous avons énumérées, qu’une étiquette plus commode que celle de nullius.

La Vie de Théodore a été d’abord publiée dans une traduction slavonne par la Société des amateurs de littérature ancienne, livraisons 46, 61, 72.

La 1° éd. du texte grec est due à I. Pomjalovski j, 21lie ije vo sviatgkh ottsa nachego Théodora Arkhiepiskopa Edesskago, Saint-Pétersbourg, 1892. On en possédait auparavant une adaptation abrégée, de but édifiant : Bt’êXoç xaXoxaipi|x~’- : o !  : yiJ « … ’'- iYtow (lETcerp. 7tap " yam’ov, Venise, 1780) p. 222-238. Le Paris, drab. 215 de la Bibl.nat. (catal. Zotenberg, p. 55) contient une Vie arabe de Théodore.

Sur la Vie, se reporter aux études de Chr. Loparev, VizantijskijaZitijasvjatykhv Vlll-lXv., dans Vizanl. Vremennik. t. xix, 1912 (Petrograd, 1915), p. 40-64 ; L. Bréhier, L’hagiographie byzantine des VIII* et IX’siècles, dans Journal

des Savants, 1917, p. 16 et sq. ; du même. Le romantisme et le réalisme à Byzance, dans Le Correspondant, 1929, p. 327331 ; X. Bonwetsch, Die Vita des Theodor, Erzbischofs l’on Edessa, dans Byzant. neugriechische J ahrbûcher, 1921, p. 285290.

.1. GOUILLARD.

15. THÉODORE DESCYTHOPOLIS, évê quede cette ville au milieu du vie siècle. — Il fut mêlé à la seconde controverse origénisle, qui débuta, on le sait, dans les milieux monastiques de la Nouvelle-Laure. Voir ici t. XI, col. 1574 sq. Notre Théodore, au dire de Cyrille de Scvthopolis, appartenait au groupe que l’on appelait les « isoehristes » ; cf. ibid., col. 1579. Quand Théodore Askidas, entré fort avant dans la confiance de Justinien, fut devenu archevêque de Césarée de Cappadoce, il fit nommer, entre autres isoehristes, notre Théodore au siège de Scvthopolis, en Galilée. Le triomphe d’Askidas fut d’assez courte durée, le vent tourna contre les isoehristes ; Théodore de Scythopolis fut amené, de gré ou de force, à faire une rétractation écrite de ses opinions. On possède le « libelle » cpi’il adressa à l’empereur Justinien et aux quatre patriarches orientaux : Eutychius de Constanlinople, Apollinaire d’Alexandrie. Domninus d’Anlioclie el Eustochius de Jérusalem. Convaincu de l’impiété des doctrines d’Origène, Théodore y anathéma tise les enseignements suivant s : 1. ].a préexistence des âmes. 2. La préexistence de l’âme de.lesus <.hrist. .’i. L’erreur suivant laquelle le Verbe se sérail rendu semblable aux divers ordres angéltques. t. Celle sui vant laquelle le règne du Christ prendrait Un un jour. 5. Celle d’après quoi, après la résurrection, les hommes auraient des corps sphéroïdes. 6. La croyance que les

asires seraient des êtres animes. 7. L’erreur selon laquelle le Christ, dans un autre monde, serait crucifié

pour le salul des démons. 8. La limitai ion de la puissaiu e Créatrice de Dit il. 9. I.’aporal asl ase ( i et ablisse-