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THÉODORE DE MOPSUESTE. LE PÉCHÉ D’ORIGINE


pélagiome. Dans la Palalina, A. C. O., toc. cit., p. 5, 1. 30 sq. ; cf. P. L., t. xlviii, col. 109 sq.

Pourtant Théodore avait, en des ouvrages antérieurs, développé des conceptions beaucoup plus rapprochées de la doctrine traditionnelle. C’est vrai tout particulièrement des Catéchèses, et spécialement des Catéchèses mystagogiques. Un texte de la i rc homélie sur le baptême est à citer en entier :

Le Seigneur fit l’homme de la poussière, à son image, et l’honora de beaucoup d’autres dons. En particulier il lui fit grand honneur en l’appelant son imago, en sorte que seul l’homme fût digne d’être appelé Dieu et Fils de Dieu (cf. Ps. lxxxi, 6, 7). S’il avait été sage, l’homme serait demeuré avec celui qui était pour lui la source de tous les biens qu’il possédait. Mais l’homme s’est comporté à la manière du.Mauvais, qui, comme un rebelle, s’était élevé contre Dieu et prétendait usurper à son compte la gloire qui n’était due qu’au Créateur. Par toutes sortes de stratagèmes le diable s’est efforcé de détacher l’homme de Dieu et de s’approprier ainsi l’honneur du à Dieu seul. Le Rebelle assuma donc (vis-à-vis de l’homme) les attributs et la gloire d’un sauveur et, parce que l’homme céda à ses paroles et suivit le Rebelle, comme s’il était son vrai sauveur. Dieu lui infligea comme punition de retourner à la poussière d’où il avait été tiré.

Et à la suite de ce premier péché, la mort est entrée (dans l’humanité) et la mort a affaibli la nature et engendré en elle une grande inclination vers le péché. L’une (la mort) et l’autre (le péché) ont grandi côte à côte, car l’inexorable mort renforçait et multipliait le péché, de même que la condition de mortalité causait la perpétration de nombreuses fautes. Même les commandements donnés par Dieu pour mettre en échec le péché tendaient à le multiplier et ceux qui violaient ces commandements renforçaient à leur tour leur punition par le nombre même de leurs transgressions. Mingana, t. VI, p. 21.

lit un peu plus loin, Théodore d’expliquer au catéchumène qui déclare s’enrôler dans la milice du Sauveur que le diable n’a pas sur lui de droits réels. Celuici, il est vrai, conteste au nouveau croyant le droit de se libérer de son joug :

Le diable plaide que depuis toujours, depuis la création du chef de notre race, nous lui appartenons de droit ; il liai ri’l’histoire d’Adam, la manière dont celui-ci a écoute ses paroles, a volontairement rejeté son Créateur et préféré le servir lui-même ; comment tout cela enflamma la colère de Dieu, qui chassa l’homme du Paradis, prononça contre lui une sentence de mort et l’enehaina à ce inonde en lui disant : C’est a la sueur de ton front que tu mangeras ton pain », cl encore : La ferre ne produira pour loi qu’épines cl innées, cal tu es poussière et tu retourneras en poussicie. i Ces paroles, continue le Diable, qui ont rendu l’homme esclave du monde, ci le fait d’autre part que volontairement il a choisi de nie servir montrent clairement qu’il m’apparl ienl. car je suis le prince des puissances do l’air, celui qui œuvre dans les fils de désobéissance - ( l’.ph.. ii, 2). Ibiil., p. 27-28.

Dcvanl cette prétention de Satan nous devons établir, au tribunal « le bicu, l’injustice de celui-ci. Nous n’appartenions pas a Sal an à l’origine, mais a I)ieu qui nous avait nées a son image. C’est par l’iniquité et la méchanceté du tyran que nous axons élé jetés en exil, que DOUS avons perdu l’honneur de notre image : puis, a cause de noire culpabilité, nous a ons reçu la mort comme punition. À la longue, le pouvoir de Satan s’est appesant i sur nous cl. par le péché, nous nous sommes de plus en plus livres a lui. Ibtd., p. 28. Ainsi, du fait

du premier péché, la mort, les souffrances, le penchant

au mal sorrt entrés dans l’humanité ; et l’orateur, nous solidarisant avec le père de notre raie, semble presque dm-qu’en lui et par lui nous avons péché, que, du

moins, nous avons tous été entraîné ! dans les suites de sa désobéissance.

Ailleurs il insiste sur le penchant au mal qui, de C<

chef, l’es ! développé dans la race humaine Expliquant les mots du Pater : Que ta volonté se fasse sut la terre i oui me au i ni.c’est en nous efforçant, dit 11, d’imitet

dès maintenant la vie que plus tard nous mènerons au ciel, que nous pourrons satisfaire à ces paroles de la prière du Seigneur. Nous ferons, dans cette vie nouvelle, la volonté de Dieu mieux que nulle part ailleurs. Ici bas il ne nous est pas possible de la faire constamment dans notre nature mortelle et changeante. Ibid., p. 10. Et pour ce qui est de la demande : « Remets-nous nos dettes », elle est plus opportune encore. Aussi bien nous devons tendre à la perfection et néanmoins il nous est impossible de vivre continuellement sans péché, car nous sommes forcés de tomber involontairement en beaucoup de fautes, à cause de la faiblesse de notre nature. Il ne faut donc pas cesser de dire : « Ne nous induis pas en tentation », parce qu’en ce monde nous sommes assaillis par nombre d’afflictions qui nous viennent, et de la maladie du corps, et des mauvaises actions des hommes, assaillis par bien d’autres choses qui nous accablent ou nous exaspèrent, au point qu’à certains moments notre âme est bouleversée par des pensées qui risquent de nous enlever l’amour de la vertu. Ibid., p. 13.

Et ce n’est pas seulement en s’adressant à des catéchumènes que l’évêque de Mopsueste a insisté sur le funeste héritage que nous a laissé la faute du premier père. Les commentaires savants expriment des idées absolument analogues. Il faut au moins s’arrêter à l’exégèse que donne Théodore des textes capitaux en la matière, ceux de l’épître aux Romains. À coup sûr. il sait trop le grec pour comprendre par In quo omnes peccaverunt les mots de l’original : ècp’w tcocvtsç r / (j.apTov, Rom., v, 12, et il commente : « La mort a dominé sur tous ceux qui ont péché, de quelque façon que ce soit. Du fait que leurs péchés ne ressemblaient pas à celui d’Adam, les autres hommes ne sont pas, pour autant, demeurés en dehors des prises de la mort. C’est pour les péchés qu’ils ont commis de quelque manière que ce soit, qu’ils ont tous été atteints par une sentence de mort, car la mort n’a pas été déterminée comme peine de tel péché spécial, mais comme châtiment de tout péché. » P. G., t. LXVI, col. 796-797. Ne nous empressons pas de conclure : « Donc la mort, dans l’humanité, est le châtiment des péchés personnels, et non la sanction de la faute originelle. » Car l’exégète ajoute tout aussitôt : « Adam ayant péché et de ce chef étant devenu mortel, le péché, d’une part, a trouvé un passage dans ses descendants, r te àfi.ap-rta roxpoSov eXocSev eîç toùc IÇtJÇ, la mort, d’autre pari, a rc^né sur tous les hommes. Mais le salut apporté par le Christ a été plus grand que la prévarication, car, si le simple péché d’un seul a entraîné la mort de tous les hommes eî y*P * at *l toù Évôç à(i.apTÎa toïç àv0pa>7rot, < ; tov OxvaTov irrr^OLyev, la faveur accordée par le Christ a élé beaucoup plus grande pour l’ensemble des hommes, a Col. 797 H. El quelques lignes plus loin, à propos du ꝟ. 16 : « Un seul a péché et. ayant été condamné pour cela, a été la cause que le châtiment est passé dans sa postérité, les faisant ainsi participera sa condamnation à mort : etç f ( p.apTY, >cà>< ; xocl xaTay.piŒîç Sià toùto, eîç toÙç É ; r, < ; tyjv Tt, p.wptav ève/Oîjvat 7 : apeay.EÙarj£, xoivtovoùç TÎJÇ, /-’-^âoewçÈcî/^xéoçTO’jOavâTO’j. » Ibid A’.. Et, pour bien montrer qu’il y eut un retentissement de la faute d’Adam sur toute sa descendance, Théodore compare

a cette funeste Influence du premier père sur sa postérité, celle du Christ qui ne s’étend pas seulement, dans sa bienfaisance, aux hommes venus après lui mais qui,

remontant le cours des âges, va s’étendre jusqu’aux tout premiers pécheurs : toùç Tcpoei) ï).’jrtE twv

tvxXT)|idTCi)V. Ibtd, D. i Et, comme le péché d’Adam a

lait les autres hommes mortels et enclins au pèche,

OvTJTOÙÇ, TE È-Ol’r ( rieV V.%1 è7TippE7TEÏÇ 7TEpl TT, V r, .i.rÇ, ~{t.M

tlvoci, c’est ce que veut dire l’Apôtre en disant que nous sommes fous pécheui - de même le Christ nous

a fail le don de la résurrection’le telle sorte que, éta-