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THÉODORE DE MOPSUESTE. LE PÉCHÉ D’ORIGINE


leurs, conçu les espèces consacrées comme abritant la réalité du corps et du sang du Sauveur, c’est ce qui est clair dans une explication liturgique donnée un peu plus loin. À partir du moment où les « éléments » sont déposés sur l’autel, les diacres, dans le rite syrien, ne cessent d’agiter autour d’eux de grands éventails : « Ils montrent par ce geste, continue Théodore, la grandeur du corps qui gît sur l’autel. C’est la même coutume que l’on observe quand le corps d’un grand personnage de ce monde est porté dans une bière (ouverte) ; des gens ne cessent point d’agiter l’air au-dessus de lui. C’est à juste titre que le même geste est fait ici pour le corps qui gît sur l’autel, qui est saint, inspirant la révérence, à l’abri de toute corruption… Ce faisant, les diacres offrent honneur et adoration au corps sacré et vénérable qui est là ; ils font entendre aux assistants la grandeur de l’objet placé sur l’autel… et, pour montrer que le corps qui est là étant noble, vénérable, saint, étant vraiment le Seigneur, par son union avec la nature divine, c’est avec grande crainte qu’il doit être touché, vu et gardé. » T. vi, p. 86-87. Plus loin, parlant de la sainte communion, il la considère comme une visite que Notre-Seigneur fait à l’âme du fidèle : « Nous devons alors nous représenter que le Seigneur, par chaque portion de pain, vient vers celui qui le reçoit, le saluant, lui parlant de sa résurrection, lui donnant l’assurance de ce don d’immortalité que procure cette nourriture immortelle. » Ibid., p. 107-108.

L’acte liturgique qui s’accomplit à l’autel chrétien est un sacrifice, ibid., p. 79 sq. ; ce n’est pas néanmoins un sacrifice nouveau, mais le mémorial du sacrifice offert réellement sur la croix ; aussi bien Jésus a-t-il dit : « Ceci est mon corps rompu pour vous, ceci est mon sang répandu pour vous. » Et maintenant, dans le ciel, le Christ continue à exercer son sacerdoce ; « il n’offre pas à Dieu d’autre sacrifice que lui-même, que Dieu a jadis livré à la mort pour tous ». Au ciel il continue donc à intercéder pour nous et à présenter à Dieu son immolation passée ; car unique est le sacrifice qui a été immolé pour nous. Il ne laisse pas néanmoins d’y avoir sur l’autel, pendant la divine liturgie, une sorte de recommencement du drame du Calvaire. « Chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à ce calice, c’est bien la mort du Sauveur que nous annonçons jusqu’à ce qu’il revienne. » 1 Cor., xi, 26. « Chaque fois donc que s’accomplit ce vénérable sacrifice qui est la figure des réalités célestes…, nous devons mentalement nous représenter que nous sommes quelque peu au ciel et, la foi aidant, nous faire une image des choses célestes, en pensant que le Christ qui est mort pour nous est ressuscité, qu’il est monté aux cicux et qu’il s’y offre encore maintenant. Ibid., p. 83. Il nous est impossible de suivre ici l’explication détaillée des cérémonies de la liturgie eucharistique. Elles ne feraient que mettre en plus vif relief les idées de Théodore sur la présence réelle, sur l’adoration duc au sacrement, sur le caractère sacrificiel du culte chrétien.

d) La pénitence. — Un mol pour terminer des disposilions nécessaires a la communion. La pureté de conscience est requise, mais il ne faut pas « pie les Bdèles se laissent détourner de l’eucharistie par les péchés qui viennent de L’humaine faiblesse. Sans doute qui vivent dans l’habitude du péché ne doivent-Us pas être DOUSSés sans discrétion ers la table (In

Seigneur, mais ceux qui se préoccupent de leur salut doivent y chercher l’aliment nécessaire de leur vie

spirituelle ; ils trouveront) dans la communion, avec une aide tonte spéciale, la rémission de leurs pet lus. I’oiii celui qui est coupable ( I un grand péché, il doit

(’abstenu de communier. Il lui faut recourir aux rein c qi que I)icu a in si il ues. - I te. règll ment s a i et effet ont été port* ! le di but, I piètres qui oui a soi gner et à guérir les pécheurs, donnent ces remèdes à l’âme des pénitents qui en ont besoin, d’après les ordonnances ecclésiastiques et en les proportionnant à la grandeur des péchés. » Ibid., p. 120. Théodore voit une anticipation de cette discipline pénitentielle dans l’attitude de Paul à l’endroit de l’incestueux de Corinthe. I Cor., v, 1-5 (cf. II Cor., ii, 6-7, passage qu’il rapporte à la même personne que le premier). Ces indications, sommaires mais explicites, relativement à la pénitence méritaient d’être relevées ; les autres catéchèses mystagogiques connues ne font jamais allusion à la rémission des péchés commis après le baptême.

3° Quelques points de théologie non traités explicitement dans les Catéchèses. — À plusieurs reprises les Catéchèses touchent en passant à des points de doctrine qu’elles ne développent pas, tout spécialement en ce qui concerne l’état primitif de l’homme, la chute originelle et la transmission de la faute d’Adam à sa descendance. Comme l’on a fait grief à Théodore de s’être écarté sur ce point de l’enseignement traditionnel, il convient d’examiner sa doctrine avec quelque attention.

Malheureusement l’ouvrage capital de Théodore sur la question a presqu’entièrement disparu. Ébedjésu a conservé le titre d’un livre en deux tomes « adversus asserentes peccatum in natura insistere ». Celui-ci existait encore en grec au temps de Photius qui en donne le titre : IIpôç toùç Xéyov-raç cpùasi, xal où yvcôu-f) n-vxiziv toùç àvGpa)7rouç, et une analyse succincte. Bibl., cod. 177, P. G., t. ciii, col. 513 sq. Il était dirigé, dit le patriarche, contre des Occidentaux qui étaient tombés dans l’erreur et prétendaient que l’homme succombe au péché par nature et non par sa libre volonté. « Originaire d’Occident, le chef de cette hérésie avait séjourné en Orient et y avait composé des discours à ce sujet, qu’il envoya dans son pays natal où ils eurent grand succès. Son nom. ou son surnom était Ara in (le Syrien ; cf. Hieronymus). Il avait fabriqué un cinquième évangile, prétendument trouvé par lui à Césarée ; il rejetait la traduction des Septante et les autres versions grecques de l’Écriture, auxquelles il axait voulu substituer une traduction de son cru, malgré sa connaissance limitée de l’hébreu, etc. » Le signalement de l’adversaire à qui s’attaque Théodore est aisément reconnaissable ; il ne peut s’agir que de saint Jérôme ; les « discours » composés en Orient ne sont rien d’autre que les Dialogues contre les pélagiens, qui amorcèrent la violente campagne menée en Palestine par Jérôme et Orose contre Pelage et qui avorta si lamentablement au concile de Diospolis de 415. Cf. art. Pela.oia.wsme, t. xii, col. (i.sx sq. De cet ouvrage de Théodore l’excerp teur de la Colleclio palatina a transcrit un certain nombre de fragments, qu’il donne sous ce leinme : Theodori Mompsuesteni episcopi de secundo codice, contra sanction Augustinum defendentem originale peccatum cl Adam per transgressionem mortalem factum catholice disterentem. Dans A. (’.. ()., t. i, vol. v, p. I7 : i iti> ; cf. P. L., t. xxvili, col. 1051-1051), voir aussi P. (, ., t. lxvi, col. 1005-1012. C’est par une méprise, qu’il a fait de l’ouvrage de Théodore une œuvre dirigée cont re saint Augustin. Les indications de Photius rela tives à l’adversaire visé se complètent, en effet, par le relevé « les « erreurs » que Théodore reprochai ! a, celui-ci ; 1. Les hommes, d’abord bons par nature, ont u leur

liai nie devenir coi rompue et mortelle pai le péché d’Adam ; ils ont perdu le libre arbitre et ce n’est pas

en vertu d’un choix qu’ils se livrent au péché, xal oûx

èv tꝟ. 7Tpoat, péoet. xeXT ?)a6ai rJjv i(JUcpTUXv. 2. Les enfants, eux mêmes, ne sont point sans péché, I la suiie tin péché d’Adam, la nature devenue pèche

resse est transmise a Ions ses descendants.’.*, . Nul

homme n’est Juste, i. Le (.luisi lui même, en tant qu’il a assumé une nature pécheresse, n’est pas abso-