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THÉODORE DE MOPSUESTE. LES CATÉCHÈSES


siste, à rencontre de tous les docétismes, vieux ou récents, patents ou larvés. Visiblement c’est à l’apollinarisme qu’il en a et il se fait un plaisir de le confronter avec les vieilles hérésies qui croyaient pouvoir assimiler l’apparition du Verbe divin dans la chair aux théophanies de l’Ancien Testament.

Aussi bien cette dernière manifestation de Dieu parmi nous était-elle ordonnée non pas à l’instruction passagère de quelques hommes, mais au rachat définitif de l’humanité. Et Théodore d’exposer longuement la manière dont, par l’incarnation, s’accomplit la rédemption. La faute d’Adam a introduit dans toute l’humanité le penchant au mal, le péché et, conséquence du péché, la mort qui est comme le signe de l’emprise exercée par Satan sur toute la descendance du premier pécheur. Mais, comme dit Paul, « de même que par un homme le péché est entré dans le monde…, de même le don gratuit et la faveur de Dieu, par la justice d’un homme ont abondé en beaucoup », Rom., v, 12-15 ; « de même que tous nous mourons en Adam, de même, tous, nous serons rappelés à la vie immortelle par le Christ ». Le sort futur de notre corps, celui de notre âme sont modifiés du tout au tout par la manifestation de l’Homme-Dieu. Voir ci-dessous, col. 27(i. Aussi élail-il nécessaire que fussent assumés par’c Verbe divin, non seulement notre corps, mais notre âme immortelle et raisonnable ; car ce n’est pas la seule mort corporelle qui doit cesser, mais encore celle de l’âme qui est le péché.

Le péché, comment est-il détruit dans l’humanité ? Parce qu’il l’est d’abord, à titre d’exemple et de prémices, dans la volonté libre de Yhomo assumptus. Malgré les assauts répétés de Satan, il n’y eut jamais, clans cette volonté, aucune trace de faute. Si l’on veut rester fidèle à l’enseignement de Paul, suivant qui le Christ a d’abord commencé par vaincre le péché, il faut donc admettre en lui une àme, à l’exemple et par l’action de laquelle nos âmes à nous puissent être délivrées du péché el transférées à l’immutabilité.

Libération du péché, cela entraîne libération de la mort. Et donc sur Vhomo assumptus, que son union étroite avec le Verbe avait préservé de toute faute, la mort n’avait aucun droit. Satan, abusant de son pouvoir, est arrivé par ses séides à la lui imposer. Jésus si si laissé faire ; mais la défaite de Satan était dès lors assurée. Devant Dieu Jésus a pu établir l’injustice de son agresseur et obtenir l’abolition de l’inique sentence ; il ressuscite des morts par le pouvoir de Dieu, animé dorénavant, en son corps et en son âme, d’une nouvelle et Ineffable vie, qui sera accordée, sous (criailles conditions, à l’ensemble de l’humanité. Comme 1’expliqueronl plus amplement les catéchèses sur les mystères, les fidèles reçoivent au baptême les arrhes de cel te régénéral Ion ; à la résurrection générale elle sei a le lot de tous ceux qui auront conservé le gage reçu au baptême. En définitive le rachat. Intégral de l’humanité, corps et âme, suppose l’humanité intégrale, corps et âme, du Sauveur.

Ces Idées relatives an i pourquoi » de l’incarnation, Théodore les a largement développées ailleurs. Nous y reviendrons plus loin, < cl. 276. De même encore l’exprime, dans les commentaires, l’idée du Christ apitulant » en lui toute l’humanité, en opéranl le rétablissement, xa-rdcaTacoiç, dont la résurrection du Sauveui constit ue les prémices. Voir surtout in Jonam,

prou in., col..’il 7.

l. Étude tpicia.lt de l’humanité <lu Christ (nom. vi). En un bref raccourci, le symbole ramasse la carrière

terrestre du Christ : il est ne, il a soullerl. il est mort.

ihr.il mu iir ces divers articles est, pour Théodore, l’occasion de s’expliquer sur le caractère réel de l’ac thite humaine du Sauveur, non sans qu’il ait insisté an préalable sur l’unité, dans l’économie », du suici

auquel doivent se rapporter en dernière analyse les actions de Jésus. Les considérations faites à ce propos ne vont à rien de moins qu’à justifier ce que l’on appellera plus tard la communication des idiomes, et donc aussi, bien que le mot ne soit pas prononcé ici — il l’est dans le De incarnatione, t. XV, P. G., col. 991 B — l’appellation de ©eotoxoç donnée à la vierge Marie. Elles vont aussi à repousser toutes les tentatives de faire de l’homme Jésus un homme ordinaire, cJ/tXoç (5cv6pco7TOç. C’est pour couper court à toute ambiguïté que le symbole rapporte très explicitement à l’unique Seigneur, Fils de Dieu, et la naissance et la passion et la mort.

Mais le sujet principal de cette catéchèse est bien d’insister sur l’activité humaine du Sauveur. Et l’orateur de mentionner en raccourci les diverses circonstances de la vie du Christ que le symbole n’a pas jugé nécessaire de rappeler : circoncision, présentation au temple, croissance, pratique exacte de la Loi jusqu’au baptême, baptême, tentations, fatigues apostoliques, prières enfin. Tout cela suppose une activité humaine du Christ, qui n’allait pas sans labeur ni peine, le tout étant couronné par les douleurs très réelles de la passion. En dépit de sa conception virginale, Jésus s’est soumis à toutes les conditions de l’humaine nature. Sans doute Dieu aurait pu le faire de prime abord immortel, incorruptible, immuable, tel, en un mol, qu’il est devenu après la résurrection. Mais il n’a pas voulu que les prémices de la race humaine fussent, par privilège, traitées autrement que celle-ci. L’homo assumptus a donc suivi la loi de croissance de l’humanité ; de celle-ci il a connu les épreuves de manière à être pour nous un exemple ; son baptême a été le symbole du nôtre, comme sa résurrection, avec le changement total qu’elle amène dans les conditions de sa vie, est le gage et l’exemple de notre résurrection.

Tout cela Théodore l’avait déjà dit dans le De incarnatione, il le dira de nouveau dans le Contra Apollinarem. Mais, dans ces deux traités techniques, il insiste beaucoup sur le progrès moral dans l’âme de Jésus, sur les luttes Intérieures qu’à diverses reprises, dans la tentation et dans l’agonie, le Christ a dû soutenir. Il commente, avec un peu d’exagération, la description déjà si véhémente que faisait, des allies du Sauveur, l’auteur de l’épître aux Hébreux, Ileb., v, 7-8. Bref il insiste davmitage qu’ici sur la psychologie de Vhomo assumptus. Voir surtout le long fragment du 1. VU transmis par Léonce, P. G., col. 976 sq. Il note aussi, et c’est vrai surtout du Contra Apollinarem, les moyens par lesquels la liberté du Sauveur était aidée dans la conquête du bien. Sa constitution naturelle d’abord, qui, étant donnée la conception virginale, ne l’inclinait pas au péché ; Jésus avait vers le bien une tendance maxima. À cette tendance première vers le bien s’ajoutait les secours surabondants de la grâce. I.e Contra Apollinarem décrit avec beaucoup d’exactitude l’assistance que donnait à Jésus l’Esprit-Saint, surtout après le baptême qui avait été l’occasion d’une infusion toute spéciale de la force d’en haut. Voir surtout les extraits <> et 7 du V concile prisaul. III, P. G. col. 995 996. Il faut bien reconnaître d’ailleurs cpie, séparés de tout contexte, les [ragment8 de ces deux Irait es laissent parfois une impression pénible. Sans doute Théodore repousse-t-il l’idée que le Christ ait jamais pèche ; mais, a l’en croire, le Sauveur, durant sa vie terrestre, était exposé à clés attaques Intérieures qui, en pure théorie, auraient pu le troubler. H eut

l’impeccance, il n’avait pas l’impeccabilité. 5, PChrist ressuscité (nom. vu). La résurrection

introduit dans le Sauveur Jésus un changement d’état, qui n’est pas sans analogie avec celui qu’une

théologie plus récente caractérise comme le pa

de l’étal de viateur a celui de « conipre lunseui..