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THÉODORE DE MOPSUESTE. LES CATÉCHÈSES


des natures et « l’autonomie » de la nature humaine ne tait pas disparaître entièrement celle de préserver l’unité du Sauveur. Il n’est jamais question des « deux fils ». Sans doute se trouve-t-il encore une distinction assez subtile entre la filiation divine qui est caractéristique du Verbe divin et la filiation divine qui s’ajoute aux caractéristiques de l’homme Jésus. Sans doute encore trouve-t-on quelque insistance sur le moment du baptême de Jésus où est proclamée, pour ne pas dire réalisée, sa filiation. Mais cela n’empêche pas de découvrir dans le De incarnalione un sérieux effort pour serrer de près le problème de l’union, en tenant compte des données de la Tradition et des directives de l’autorité. C’est ce qu’en avait retenu Gennade : « Dans cet ouvrage plein de science, dit-il, Théodore montre par la raison et les témoignages scripturaires, que le Seigneur Jésus, comme il eut la plénitude de la divinité, eut aussi celle de l’humanité… Le XIVe livre de cet ouvrage est consacré à la nature incréée, seule incorporelle et souveraine de tout, la Trinité, en même temps qu’à l’ordre des créatures, et Théodore s’en explique en tablant sur l’autorité des saintes Écritures. Le XVe livre confirme et renforce toute l’œuvre, par des citations tirées de la tradition des Pères. » De vir. ill., n. 12, P. L., t. lviii, col. 1067.

Les Catéchèses mettent plus encore en lumière un effort semblable. Visiblement il s’agit pour Théodore d’écarter de son exposition tout ce qui pourrait être chez les compétentes cause d’élonnement ou d’erreur. On ne peut pas ne pas voir ici la préoccupation du pasteur ayant charge d’âmes. Au premier plan est mise l’unité du personnage historique de Jésus : Credo in unum Dominum, Jesnm Christnm. Quelle que soit l’insistance de l’auteur à faire de Jésus, à la suite du texte qu’il explique, le primogenitus in multis fratribus, nulle part il ne lui arrive d’assimiler pleinement à la nôtre la filiation de Yhomo Christus Jésus. Pour l’auteur des Catéchèses, Jésus est bien, en toute vérité. Dieu apparaissant sur la terre et, si l’on veut, la manifestation historique du Dieu vivant.

D’ordre plus scientifique, le Contra Apollinarem reprend la même attitude qui avait été celle du De incarnalione, mais il insiste plus encore sur la dualité des opérations et aussi sur le rôle de la grâce, disons de l’influx du Saint-Esprit, dans les actions humaines de l’Homme-Dieu. Tout ce qui est dit en ce sens se ramènerait sans difficulté, croyons nous, aux notions aujourd’hui courantes sur la grâce du Christ, les dons du Saint-Esprit qui lui ont été départis, toutes notions qui ont dans l’Evangile un très sûr point de départ. Les traces de la doctrine des deux fils ne sont plus du tout perceptibles. Sans doute, étant donnée la manière dont I’lits de l’œuvre nous ont été transmis,

nous ne voyons pas que l’auteur y ait insislé sur l’unité. Il n’empêche qu’une formule qu’a conservée Facundus, « />. cit., IX. I, col. 756 B, en provenance

du 1. IV de Théodore, se rapproche a s’y méprendre des foi inules postérieures a Chalcédoine : In Domino Cliristo ri ici mus quoniam m forma bi’i vital forma servi. presque l’expression de qrôcnc, br>-’, n- : y.- : ’jÇ, qu’imaginera Léonce de Byzance.

2° La théologie < ! < Théodore d’après les Catéchèses. Nous allons maintenant exposer d’; iprès les Catéchèses la doctrine d’ensemble de l’évêque de Mopsueste. Nos renvois sont faits à l’édition anglaise de Mingana, dans les II oodbrooke Studies, t. v et vi.

Elle prend comme point « le départ un symbole bap

tismal, qui est expressément donne < omme celui des

Pères de Nlcée. En réalité cette profession de foi dit

I’c en des points notables de telle de 325 ; sans s’iden lilier avec le symbole dit de Nièce Consl anl inople. elle

pproche plus de relui ci que de la formule même

fie Nlcée. Voir le texte reconstitué par li. Devreesse,

nu i. m 1 1 il’> l. CATHOL.

dans Rev. des sciences rel., t. xiii, 1933, p. 426. Surtout elle n’a rien de commun avec ce que l’on est convenu d’appeler le Symbole de Théodore de Mopsueste, transmis par Marius Mercator, au n. 3 de la Collectio palatina, dans A. C. O., t. i, vol. v, p. 23-25 ; cf. P. L., t. xlviii, col. 1043-1046, sur l’authenticité théodorienne duquel il subsiste les doutes les plus graves et sur lequel, dès lors, il nous paraît inutile de nous appesantir. Le symbole commenté par Théodore dans les Catéchèses est en somme une adaptation antiochienne du symbole de Nicée, complétée d’ailleurs, en ce qui concerne le Saint-Esprit, d’après les indications du concile de 381. Cf. Mingana, t. v, p. 101.

1. L’unité divine et la trinité des personnes (hom. i et ii). — À rencontre du polythéisme païen il faut affirmer l’unité divine, tout en maintenant contre l’obstination judaïque la trinité des hypostases ; c’est proprement la formule antiochienne, d’abord contestée par les nicéens authentiques, mais qui a obtenu à Alexandrie, en 362, un laissez-passer définitif : Tpeïç Û7TOfjTârj£iç sv xiot. ouata. Cette trinité des hypostases n’a pas été révélée, si ce n’est d’une manière très imparfaite, aux prophètes de l’Ancienne Loi ; elle ne l’a été que par Jésus-Christ, encore ne fut-ce qu’au moment où il allait quitter la terre. Les dernières paroles de l’évangile de Matthieu, xxviii, 19-20, sont le fondement même où s’appuie toute la foi chrétienne. Sur l’ignorance où avaient été les prophètes du Vieux Testament, Théodore a beaucoup insisté dans ses œuvres exégétiques ; cf. In Joël., ii, 28-32, P. G., t. lxvi, col. 229 ; In Agg., ii, 1-5, col. 484. Les apôtres eux-mêmes, avant l’ascension, n’avaient pas de la Trinité une idée claire ; cf. In Joa., i, 47, col. 737 ; xx, 28, col. 783-784, et aussi De incarn., col. 969A. Ils furent alors illuminés et c’est conformément à leur doctrine que nous croyons nous-mêmes à l’unique nature divine se manifestant dans les trois hypostases du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Chacune de ces hypostases est vraiment Dieu, mais la nature divine, dont les caractéristiques essentielles sont l’éternité et le pouvoir créateur, cette nature divine est unique ; il ne s’y trouve qu’un entendement, qu’une volonté, qu’une opération ad extra. Sur la circumincession ou périchorèse, Théodore reviendra plus loin. Voir col. 265.

2. L’incarnation et l’unité de personne dans le Christ (hom. iii). — Cette doctrine est exposée â propos de la deuxième phrase du symbole : « Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, fils unique de Dieu, premier-né de toute la création, tov uliv toù (-)eoû tov (zovoyevi, , tôv TCpwTOTOXOV Tcirrrfi XTÎaeox ;. Ces mois résument l’enseignement que donne l’Apôtre : i Nous n’avons qu’un seul Dieu, le Père de qui tout vient et qu’un seul Seigneur Jésus-Christ, par qui sont toutes choses. » I Cor., viii, 6. L’expression paulinienne inclut une double idée : celle du Verbe qui est un vrai lils. consubstantiel au Père et qui est très justement appelé Seigneur et celle aussi de Jésus, en qui la nature divine devint notre salut. De même, très exactement, dans la phrasé du symbole, les mots « un seul Seigneur i se

rapportent à la nature divine, tandis que, pour inclure

en une même expression la nature humaine assumée pour notre salut, le symbole joint au mot o Seigneur >. Celui de JéSUS, ce nom de Jésus étant celui de l’homme que Dieu a revêtu », tandis que le surnom de Christ fait penser à l’onction qui lui a « te conférée par le Saint Esprit. Ce Jésus-Christ est Dieu à cause de son union étroite (le syriaque suppose un terme comme ax.pa (T jv 7. o £’.'/) avec la nature divine qui est vraiment I lieu.

Aussi bien le symbole, qui vient de dire en la seule expression : un seul Seigneur Jésus Christ. l’objet Unique de noire croyance, a savoir la personne

unique (irpoocoirov) du Fils (t. v, p. 37, 1. 24), dlstlr

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