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THÉODORE D’ALAN IE

THÉODORE BAR-Ko. M

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Alains chez qui pénètre Théodore sont chrétiens, mais quels singuliers chrétiens ! Très jalouses de leur juridiction, les autorités ecclésiastiques locales ne brillent ni par la science, ni par la vertu. — De ce même Théodore, A. Mai signale, à la suite d’Allatius, un écrit d’ordre ascétique : ’HOixà, en dix sections, dont il donne les incipit et qu’il a trouvé dans un ms. du Vatican, qui n’est pas autrement désigné. Par ailleurs le ms. d’Oxford, Bodl. Barocc. 131 (xive s.), fol. 185-186, donne un discours prononcé par Théodore d’Alanie à l’intronisation du patriarche Germain II de Constantinople (1222-1210), qui, au temps de l’Empire latin, était réfugié à Nicée.

Notice de Mai dans Nova biblioth. Patrum, t. vi b, p. 379397, reproduite dans P. G., t. cxx, col. 385 sq. ; A. Ehrhard, dans Krumbacher, Gesch. der byzant. Literatur, 2e éd., 1897, p. 157.

É. Amann.
    1. THÉODORE D’AND IDA##


4. THÉODORE D’AND IDA, auteur d’une explication des cérémonies de la messe. — A. Mai a publié dans la Bibliotheca nova Patrum, t. vi, p. 545, une brève dissertation intitulée : IIpoGecùpta xetpaXaicôSiQç 7tepi tcôv èv Tf) Gela XeiTOopyia Y<-vo(xéva)v aujxêôXcov xal (i.uaT7)ptcov, Commentaire abrégé des symboles et des mystères de la divine liturgie, reproduite dans P. G., t. cxl, col. 417-468. Elle se donne comme l’œuvre d’un Théodore évêque d’Andida, adressée par lui à son collègue Basile, évêque de Phytéa. L’un et l’autre personnage nous sont inconnus par ailleurs et même leurs sièges épiscopaux ne seraient pas faciles à identifier. D’après Lequien, ils seraient à chercher dans la Phrygie salutaire ; A. Ehrhard met Andida en Cappadoce. Les dates de ces deux évêques ne se laissent pas non plus déterminer avec exactitude. On a parlé, sans autres preuves, du xie ou du xiie siècle. Toutes ces imprécisions n’empêchent pas la dissertation en cause d’être fort intéressante. On en a déjà dit quelques mots à l’art. Messe, t. x, col. 1332. Par ailleurs, F. Kattenbusch, à l’art. Mystagogische Théologie de la Prot. Realencyclopûdie, t. xiii, p. 612-622, a montré l’importance de cette dissertation qui se situe dans une série de productions analogues s’échelonnant de la Hiérarchie ecclésiastique du pseudo-Denys (fin du ve siècle), jusqu’au De divino templo de Syméon de Thessalonique (milieu du xve siècle). Ces compositions ont ceci de commun qu’elles développent, avec plus ou moins de bonheur, le symbolisme des rites et des prières de la messe. Partant de cette idée traditionnelle que la messe est une reproduction et comme une représentation du sacrifice de la croix, les auteurs de ces écrits cherchent à retrouver dans les cérémonies de la liturgie une image des diverses circonstances de la passion du Sauveur, ou même de ce qui l’a précédé et de ce qui l’a suivi. On sait que l’Occident latin a connu aussi de semblables tentatives, à commencer par celle d’Amalaire de Metz. Or, l’intérêt du travail de notre Théodore consisterait en ceci qu’il est le premier à avoir trouvé dans les rites liturgiques une représentation figurée non plus seulement de la passion du Sauveur, mais de toute sa carrière terrestre, de toute l’èmSt^iia., de toute l’olxovop’a de Jésus. C’est l’idée sur quoi il insiste, parce qu’il sent bien qu’elle n’est pas acceptée de tous, dans son introduction. N. 1. Il se rend bien compte, d’ailleurs, que le parallélisme entre l’histoire du Christ et les cérémonies de la messe n’est pas toujours facile à établir, surtout en ce qui concerne les rites de l’avant-messe. Mais, fort de l’exactitude de son idée, il ne se laisse rebuter par rien. On lira avec intérêt comment il voit dans les cérémonies de la prothèse, la représentation du mystère de l’annonce à Marie. N. 10 ; on sera plus surpris encore de découvrir que le pain de la prothèse, s’il représente le corps du Christ, ne laisse pas de représenter aussi la sainte

Vierge : elç TÛrcov -rîjç àeî 7rap6évoo xal Œot6xou. N. 9. La table de la prothèse elle-même est à la fois le symbole de la crèche de Bethléem, de la maison de Nazareth où s’écoula la vie cachée du Sauveur, du tombeau où son corps fut déposé après sa mort. Aussi bien, fait remarquer assez naïvement Théodore, on ne peut pas multiplier indéfiniment les autels dans le sanctuaire 1 Les différentes lectures représentent la vie publique de Jésus, mais aussi, par anticipation, la prédication des apôtres dans l’univers. La « grande entrée » est la répétition du cortège triomphal qui mène Jésus, au jour des Bameaux, de Béthanie à Jérusalem. N. 14 sq., surtout 18. Le reste des cérémonies saintes est ensuite raccordé, tant bien que mal, aux événements qui se succèdent dans la semaine sainte jusqu’à la mort, la sépulture et la résurrection du Sauveur. Tout n’est pas également heureux dans les rapprochements faits par Théodore et son imagination s’est parfois donné trop libre carrière. Il ne laisse pas de rester un témoin précieux tant de l’état des cérémonies de la messe byzantine vers le xie siècle, que des idées théologiques admises par tous à ce moment. Si contestable que soit le dessein de faire cadrer les divers rites de la liturgie avec des événements historiques, la doctrine demeure qui voit dans la messe le renouvellement de la Cène et du drame du Calvaire.

Se reporter à l’article cité de F. Kattenbusch, et à la préface d’A. Mai reproduite dans P. G., t. cxl, col. 413 sq. ; cf. A. Ehrhard, dans Krumbacher, Gesch. der byzantin. Literatur, 2e éd., p. 157.

É. Amann.
    1. THÉODORE BAR-KONI (ou Kewani)##


5. THÉODORE BAR-KONI (ou Kewani),

théologien nestorien du viiie siècle. — Sa personne est mal connue. Assémani l’identifiait avec un Théodore, évêque de LaSom en 893 ; depuis, on en a fait un évêque de Kaskar au début du viie siècle (Bubens Duval). J.-B. Chabot a fait remarquer que dans les mss du Livre des Scolies, le seul ouvrage de Théodore qui nous soit conservé, l’auteur n’est pas présenté comme un évêque, mais est simplement appelé « docteur du pays de KaSkar » ; il paraît donc être un moine « écrivant pour ses frères ». D’autre part une note dit que le 1. IX a été achevé en 791. Cette date est à retenir. Le catalogue d’Ébedjésus, dans J.-S. Assémani, Bibliotheca orient., t. iii, a, Borne, 1725, p. 198, lui attribue « un Livre de Scolies, une histoire ecclésiastique, des instructions ascétiques et des discours funéraires ». Seul le premier ouvrage s’est conservé ; il a été édité par Addaï Scher, dans le Corpus scriptorum christianorum orientalium, Script, syri, sect. ii, t. lxv-lxvi. C’est une compilation où sont mélangées toutes sortes de données philosophiques, théologiques, apologétiques. Il est divisé en onze livres ; 1. I-V, scolies sur l’Ancien Testament ; t. VI, introduction au Nouveau Testament, formée surtout par des définitions théologiques ; 1. VII et IX, scolies sur le Nouveau Testament ; t. VIII, deux traités, l’un contre les chalcédoniens et les monophysites, l’autre contre les ariens ; t. X, dialogue entre un chrétien et un païen (celui-ci est en réalité un musulman) ; t. XI, traité contre les hérésies, partiellement dérivé de saint Épiphane, mais qui ajoute des données fort intéressantes et généralement de bon aloi sur les manichéens, les mandéens et autres sectaires peu connus. C’est à cause de ces notices que Théodore a eu en ces derniers temps un regain de notoriété. Voir ici art. Mandéens, t. ix, col. 1812 ; art. Manichéisme, ibid., col. 1842, 1855, 1874, etc.

On a signalé l’édition donnée par Addaï Scher ; il n’y a pas jusqu’à présent de traduction complète ; mais les textes relatifs au manichéisme sont traduits dans H. Pognon, Inscriptions maiulaïtes des coupes de Klionabir, Paris, 1899, et dans F. Cumont, La cosmogonie manichéenne d’après Théodore bar Koni, Bruxelles, 1908 ; cf. aussi Baumslark,