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THÉODORE 1er __ THÉODORE D’ALANIE

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Cela ne veut pas dire que Théodore I er ait souscrit à la politique religieuse de Constantinople. Celle-ci s’agitait autour de l’acceptation de VEdhèse monothélite d’Héraclius. Cf. art. Monothélisme, t. x, col. 2320. A défaut de Rome, qui, dès le temps du pape Séverin, avait pris position contre le document impérial, l’empereur Constant II escomptait la fidélité du titulaire de Constantinople. Depuis l’automne de 641, le siège patriarcal était occupé par Paul, qui, d’ordre du basileus, avait remplacé Pyrrhus, compromis dans les événements politiques à la suite desquels Constant II était arrivé au trône. Paul, d’ailleurs, tout en restant fidèle à YEclhèse, entendait bien ne pas rompre avec le premier siège ; le pape Théodore, assez mal renseigné sur les circonstances dans lesquelles Paul avait remplacé Pyrrhus, essaya d’obtenir du patriarche en exercice une rétractation de la doctrine monothélite et de l’adhésion à l’Ecthèse. Au cours de 643 il envoyait à Constantinople une légation, qui comprenait, entre autres, le diacre Martin, son futur successeur. Les lettres qu’elle emportait se sont conservées : Jafîé, Regesta, a. 2049, 2050, 2052. Toutes insistaient sur la nécessité de procéder régulièrement contre Pyrrhus, qui n’avait pas étccanoniquement déposé, et sur l’obligation pour le nouvel élu d’abandonner l’Ecthèse, que Rome avait condamnée. Mais c’était se méprendre sur les dispositions réelles de Paul qui se montra finalement un partisan aussi convaincu de la formule monothélite que ses deux prédécesseurs Sergius et Pyrrhus. Les négociations se prolongèrent quelque temps, sans que nous puissions en dire le détail. Finalement, à une date qu’il est impossible de préciser et après réception d’une lettre du patriarche constituant une fin de non recevoir (cf. Gruinel. Régestes, n. 300), le pape Théodore prononça contre Paul une sentence de déposition, d’ailleurs inexécutable : propter quod jusla ab apostolica Sede ipse deposilionis ullionc percussus est, dit le Liber pontificalis, qui emprunte cette phrase, comme plusieurs autres de sa notice, à un discours prononcé par le pape Martin I or au concile du Latran de 019. Cf. Mansi, Concil., t. x, col. 878.

Un moment Théodore avait cru être plus heureux avec l’ex-patriarche Pyrrhus. Déposé, comme nous l’avons dit, en 641, celui-ci avait fini par se rendre en Afrique où on le trouve, en 645, soutenant avec le célèbre Maxime le Confesseur une discussion, demeurée fameuse, sur les deux « énergies » et les deux volontés dans le Christ. Voir t. x, col. I 19. À la suite de cette controverse, Pyrrhus s’était déclaré convaincu de la vérité du dyotliélisme et, toujours accompagné de Maxime, s’était rendu à Rome pour se réconcilier avec le pape I héodore, sans doute vers la fin de cette même lui-ci se prêta de bonne grâce aux demandes de Pyrrhus, qui, après avoir condamné le monothélisme soutenu par lui et son prédécesseur et après avoir professé la foi orthodoxe, fut reçu avec, les honneurs qui convenaient à son rang : fecit (Theodorus) cathedram ei poni juxla allarem (sic), honorons eum m sacerdotem regiæ civitatis, dit le Liber pontificalis, qui ajoute ce détail aux précisions données par le pape Martin dans le discours déjà cité. u fait, Pyrrhus désirait surtout avoir l’appui du pape Théodore pour remonter sur le trône patriarcal. Quand il vil cette chance lui ipper, d joua ur l’autre tableau ; venu à R avenue, Il chanta d< nouveau la palinodie. Alors un synode romain rassemblé pai le pape à Saint Plein le cou damna et tnctionna sa déposition. Théophane, Chronographia, an. 6121, signale un geste tout à fait extraordinaire fait par le pape à cette occasion ; sur le tombeau de >aint Pierre il aurait fait apporter le calice urait versé dans l’encrier quelques gouttes du >ang, pour signer l’acte de condamnation. Les doc ument s romains, fait remarquer !.. Duchesne,

mer. m. iiu’ni.. CATHOl.

ne parlent pas de ce cérémonial imposant. » Il se pourrait fort bien que ce détail soit légendaire : Théophane n’est pas toujours un garant absolument sûr.

C’est encore sous le pontificat de Théodore, et vers les derniers moments, que se place la publication par l’empereur Constant II du Type, rendu vraisemblablement à la demande du patriarche Paul et qui constituait un recul du gouvernement byzantin par rapport à l’Ecthèse. Nous ignorons si Théodore eut connaissance de cet acte et, supposé qu’il l’ait connu, l’attitude qu’il prit à son égard. Ce serait son successeur, Martin I er, qui mettrait sensiblement sur le même pied l’Ecthèse « très impie » et le Type « scélérat ».

Théodore I er mourut le 14 mai 649, laissant, au dire du Liber pontificalis, une réputation de grande bonté. La ville de Rome et la banlieue lui doivent l’érection de quelques sanctuaires qui paraissent avoir été assez modestes.

JalTé, Régesta pontificum romanorum, t. i, p. 228 sq. ; V. Grumel, Régestes du patriarcat de Constantinople, fasc. 1 ; Liber pontificalis, édit. L. Duchesne, t. i, p. 331-335 (la notice, presque contemporaine, doit beaucoup aux actes du concile du Latran de 649 ; cf. ici art. Martin I er, t. x, col. 186 sq.).

Voir les diverses histoires de la papauté et de l’Italie mentionnées dans les bibliographies des papes contemporains ; y ajouter : V. Grumel, Recherches sur l’histoire du monothélisme, dans Échos d’Orient, t. xxvii, L » 28 ; Caspar, Geschichte des Papsttums, t. n ; É. Bréhier, dans Fliche-Martin, Histoire de l’Église, t. v, p. 165 sq.

É. Amann.

2. TH ÉODORE 1 1, pape en novembre 897. — Il remplaça le pape Romain, lequel avait été élu en août après l’insurrection qui avait jeté bas Etienne VI, le triste président du « concile cadavérique ». si cruel à la mémoire de Formose. Romain avait pris à l’endroit de celle-ci les premières mesures de réparation ; ce fut Théodore II qui les mena à bien. Dans les trois semaines qu’il fut pape, il eut le temps de tenir un synode où fut réglée l’affaire des ordinations conférées par Formose. Le concile cadavérique les avait déclarées invalides et le pape Etienne VI avait exigé des ecclésiastiques ainsi ordonnés des lettres constatant qu’ils renonçaient à leurs fonctions. Aucun d’entre eux néanmoins n’avait été réordonné. Le synode de Théodore leur rendit tous leurs droits ; leurs lettres de renonciation furent brûlées. D’autre part le corps de Formose, jeté dans le Tibre quelque temps après le concile cadavérique et qu’une crue du fleuve avait déposé dans la campagne, fut ramené par le pape Théodore, avec toute la solennité possible, à Saint -Pierre où il retrouva sa place parmi les tombeaux de ses prédécesseurs. L’apaisement provisoire que ces diverses mesures produisirent à Rome ne devait malheureusement pas survivre au décès de Théodore dont il est difficile de préciser la date. Au dire de Flodoard, ce pape n’avait siégé que vingt jours.

Mèmei sources et mêmes travaux que ceux indiqués aux

articles Formose, Marin, etc. Les textes essentiels rassemblés dans Jafié, liegesta, t. i, p. 441. (X Ê. Amann, dans Riche-Martin, Histoire de l’Église, t. vii, p. 2.V26.

É. Amann.

3. THÉODORE D’ALANIE (1° moitié du xiii" - siècle). Titulaire de celle ville, située dans la Russie méridionale et qui administrait les colonies byzantines en bordure de la Mer Noire.ee ! eveque a laissé un récit Ires vivant d’un Voyage apostolique

entrepris par lui dans l’arrière pays, chez les Alains.

Ce récit est adresse au patriarche grec de (.onstanti

nople, pour lors en résidence à Nicée, et à son synode permanent. Texte dans P. G., t. cxx, col. 388 US. Les renseignements fournis par cette relation sont du plus vif Intérêt, tant au point de vue géographique qu’a

celui de l’histoire de ï’évangélisation de la Itussic I es

T.

XV.

.H.