Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée
207
208
THÉANDRIQUE (OPÉRATION)
« paraissait accentuer trop fortement la séparation

entre l’élément humain et l’élément divin dans le Christ et favoriser par là même le nestorianisme ». Ibid., col. 2197. Cf. Denz.-Bannw., n. 148.

On sait que les définitions de Chalcédoine ne mirent pas fin aux controverses. Le IIe concile de Constantinople (553), loin d’apporter une solution à la question des opérations dans le Christ, accentue simplement l’affirmation catholique de l’unité de personne, non plus seulement èv Sûo « piioreci mais êx Sûo çûaeuv. Can. 7, 8. Cf. Denz.-Bannw., n. 219, 220. Il fallut l’hérésie monothélite pour occasionner la mise au point définitive de la doctrine.

3° L’emploi équivoque de l’expression 8eav8p(.XY) svspyeta dans les premières controverses monothéliles.

— On a fait justement observer que « le monothélisme est quelque chose de moins simple, de plus compliqué que ne le suppose sa définition étymologique. Inventée par des politiques qui, tout en voulant se maintenir dans l’orthodoxie, cherchaient des formules conciliatrices pour rallier les monophysites de l’empire byzantin à la définition du concile de Chalcédoine, cette hérésie a pris diverses formes durant les soixante ans de son existence » (619-679).

Tout d’abord ce fut le monénergisme, dont la première forme, orthodoxe peut-être dans la pensée de son auteur, doit être rapportée à Sévère d’Antioche, disciple fervent de Cyrille d’Alexandrie au point de ne pas vouloir abandonner la terminologie cyrillienne, même en ce qu’elle pouvait avoir de défectueux. Voir ici, t. xiv, col. 1999. « Empruntant au pseudo-Basile sa distinction entre èvepyïjCTaç, svspysia et èv£pyï)0év, il enseigne que les choses opérées par Jésus-Christ, les èvepyrjGévTa, sont évidemment de deux sortes, les unes divines, les autres humaines ; mais, comme l’èvepyrço-aç en Jésus-Christ est unique, et comme I’èvspyei.a n’est que le mouvement opératoire de l’agent, sa xIvyjctiç èvspye-n.xr), il s’ensuit que, dans le Sauveur, cette svspyei.a est une comme lui : ’EtciSïj yàp elç ô èvepycov, (i.ta aÙTOu è<mv Y) èvépyeia xal ï) xtvï)cri.ç y) év£pysTi.xr). Cf. Mansi, Concil., t. x, col. 1116, 1117, 1124 ; t. xi, col. 444 ; P. G., t. lxxxvio, col. 924 CD, 925 C ; cf. t. lxxxvi b, col. 1772 D. » Lebon, Le monophysisme sévérien, Louvain, 1909, p. 443 sq. Cette èvépyeta est divine, puisque divine est la <pûat.ç dont elle est le mouvement opératoire : toutefois, comme cette cpûatç est, par l’incarnation, aûvôsTOç, c’est-à-dire composée avec la chair, son action l’est également et s’exerce en Jésus-Christ dans des conditions nouvelles. C’est une xaivv) GeavSpiXY) èvépyeia, comme l’a dit le pseudo-Aréopagite dont Sévère connaît les écrits. Le mot xaivYj marque la nouveauté de l’état où le Verbe s’est engagé, et ŒavSpixrj équivaut à oûvŒtoç, indiquant que cet état est celui de la cpuaiç G£aapxo[jiivY) du Verbe. Cf. Diekamp, Doclrina Palrum, p. 309, 310 ; Lebon, op. cit., p. 451 sq.’fixeront, Histoire des dogmes, t. iii, p. 125. Voir ici Monophysisme sévérien, t. x, col. 2226.

Ce monénergisme, [lia. èvépyeia, trouvait un point d’appui solide dans la formule cyrillienne que nous avons rapportée plus haut. Le patriarche Cyrus d’Alexandrie y adjoignit expressément l’épithète « théandrique », qui, sous le couvert d’une oiigine apostolique, pouvait l’accréditer près des catholiques. Il présenta, le 3 juin 633, aux monophysites d’Alexandrie la formule d’union suivante : « L’unique et même Christ et Fils opère les actions divines et les actions humaines par une seule énergie théandrique, u.ià 6eav8pi.x7) Ivepyeta. » Mansi, Concil., t. xi, col. 565. La pensée de Cyrus était-elle foncièrement répréhensible ? Il semble bien qu’on doive répondre par l’affirmative. Dans la Lettre à Sergius, Cyrus, en effet, marque expressément que, dans le Verbe, les opérations

de la divinité et celles de l’humanité sont dénommées d’une manière orthodoxe, sÙoe6c5< ;, une seule activité, u.la èvépyeia Taùxa ttjç Qe6-nr)Toç xal tt^ç àv6pa)7t6TT)Toç, et ce, parce qu’initialement elles reçoivent de la personne du Verbe leur intonation ou leur principe, -r ?)v èvSocnv xal tyjv alxtav. Mansi, op. cit., t. xi, col. 568 E, 569 BC. Aussi cet unique principe d’initiative doit-il être appelé hégémonique, yjye|j(.ov(.xr). Ibid., col. 561 C.

On retrouve la même façon subtile d’éluder le problème de la double opération dans le Christ chez d’autres auteurs à tendances nettement monophysites. Pour Théodore de Pharan, le principe unique d’initiative est appelé principe hypostalique. P. G., t. xci, col. 136 D. À la viiie session du VIe concile œcuménique, le patriarche d’Antioche, Macaire, interrogé sur la question des deux activités ou vouloirs physiques du Christ, répondit qu’il n’admettait qu’un seul vouloir hypostalique et une (ou peut-être même P) activité théandrique, êv 0éX7)[i.a ÛTtoaTaTixôv xal OsavSpix^v tt)v èvépyeiav, signifiant par là non une activité mixte résultant de la fusion des natures, mais I’act’vité de Phomme-Dieu opérant avec ses deux natures. Par cette formule, Macaire pensait pouvoir accorder ses préférences théologiques et la formule dogmatique préconisée par Léon dans son tome à Flavien : agit utraque forma cum allerius communione. Mansi, t. xi, col. 345 E ; cf. col. 349 BC ; col. 356 E.

Une mise au point aussi exacte que possible de l’erreur monénergiste a été faite par Pyrrhus, dans sa dispute avec saint Maxime. En affirmant une seule activité, on ne nie pas pour autant l’activité humaine, mais cette activité, mise en relation avec l’activité divine, n’est plus en Jésus-Chris* qu’une simple passivité, toute l’initiative des opérations appartenant au Verbe. Disputatio cum Pyrrho, P. G., t. xci.col. 349 BC. Voir Monothélisme, col. 2308-2310.

Hérésie subtile, puisqu’elle contient une part de vérité, reconnue d’ailleurs par saint Maxime dans sa réponse à Pyrrhus, à savoir, dans le Christ, Homme-Dieu, l’unique principe quod de toute activité, réalisant en conséquence la parfaite subordination de l’humain au divin dans le Christ (voir ici Jésus-Christ, col. 1309), mais hérésie néanmoins et principalement par prétention, puisque, chez les auteurs que nous avons cités, elle consiste à ne pas vouloir tenir compte de l’activité humaine considérée en elle-même, ce qui constitue équivalemment une négation de toute possibilité de mérite réel dans l’âme du Christ. Dans ces conditions, on comprend que les deux interventions malheureuses du pape Honorius aient favorisé les desseins des monothélites et des monénergistes et que ni VEcthèse ni le Type n’étaient le moyen de rétablir la vérité et la paix. Voir ici Monothélisme, col. 23072308, et Martin I er, col. 186. Une définition était nécessaire : elle viendra du pape Martin I er, d’abord ; du IIIe concile de Constantinople ensuite.

La doctrine orthodoxe rappelée par les Pères.


1. Contre Sévère, Léonce de Byzancc rappelle la nécessité d’admettre dans le Christ deux et non une seule énergie. Puisque chaque nature conserve ses propriétés, il est dans l’ordre qu’elle conserve aussi ses énergies, ses opérations, qui sont ses propriétés, puissances réelles ou puissances en action. Contra nestorianos et euiychianos, t. III, P. G., t. lxxxvi a, col. 1320 AB ; cf. Solutio argumentorum a Severo objectorum, t. lxxxvi b, col. 1932 C. S’il faut repousser une oWpeaiç x « ’èvépyetav qui impliquerait séparation ou division des natures, il faut aussi rejeter l’ëvcoatç xax’èvépystav, qui supposerait la fusion des natures. Cf. col. 1932 C, 1933 B. Toutefois, voulant concilier les formules cyrilliennes et la doctrine de Chalcédoine, Léonce accepte de parler d’êvoffiç xax’oùolav ou d’ëvwatç oùaia>S7)ç au sens d’êvcoaiç xa6’j7rôcrraCTiv.