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TESTAMENT DE N.-S. J.-C.


du Testament retrouvait dans tout son texte les preuves d’un archaïsme très authentique. Le Testament était certainement antérieur à la paix de l’Église : oubliant la description donnée t. I, c. xix, de la « maison de prière » , qui ne peut s’appliquer qu’aux magnifiques constructions élevées à partir de Constantin, Mgr Rahmani relevait dans son texte des indices d’une situation générale troublée, de persécutions possibles, de martyres même. Tous ces indices d’ailleurs sont bien fugitifs et s’expliquent au mieux par la persistance dans un document récent des archaïsmes de son archétype.

Dès le début, ces conclusions ont été vivement contestées, voir P. Batiffol, dans Revue biblique, 1900, p. 253-20 ; H. Achelis, dans Theologische Literaturzeitung, 1899, p. 705 ; dom G. Morin, dans Revue bénédictine, 1900, p. 25 ; A. Loisy, dans Bulletin critique, 1900, et bien d’autres. Bon aperçu de toute cette littérature dans A. Lhrhard, Die altchristl. Litteratur und ihre Erforschung von 1>84-1900, Fribourg-en-B., 1900, p. 532 sq. Que le Testament fût un document relativement jeune et dès lors dérivé, tout le monde en tomba vite d’accord. Le débat restait néanmoins entre les partisans de l’antériorité de la Constitution ecclésiastique égyptienne et ceux qui mettaient au point de départ le I. VIII des Constitutions apostoliques. I.a brillante démonstration de dom Connolly a définitivement tranché le débat. La Constitution égyptienne n’est rien d’autre que le livre de saint Hippolyte dont le titre se lit sur la statue même du docteur : ’ATTOCTToXnd] TtapàSoffiç. Démonstration de R.-H. Connolly dans The su called Egyptian Church Ordcr and derived documents, 1910 ; complétée dans une série d’articles du Journal of theolog. studies, 1917, p. 55 sq. ; 1918, p. 132 sq. ; 1921, p. 356 sq. ; 1923, p. 457 sq. ; 192 I, p. 131 sq. ; cette démonstration à laquelle se sont à peu près tous les critiques a été plus récemment contestée par lî. l.orentz, De Egyplische Kerkordening en Hippolytus van Rome, 1929, contradiction qui a été mal accueillie : cf. Jungmann dans Zeilschr. fur kathol. Theol., L930, p. 281 sq., et Rûtten dans Theolog, Revue, 1931, p. 61. Nous ne referons pas la démonstral ion de l’.-l I. Connolly, dont le schéma a été donné à l’art. Hippolyte (Suint), i. vi, col. 2502. Rien d’ailleurs ne la confirme mieux que la fécondité des conséquences qui en ont été tirées. C’est toute une résurrection du passe liturgique qu’a permise la restitution a Hippolyte d’un texte si riche en formules et en indications rituelles remontant au début du m’siècle. De cette Tradition apostolique dérivent sans inl ermédiaire les Canons d’Hippolyte, cf. t. iii, col. 1530 au bas, qui ne font guère que débiter en une série de petits paragraphes les développements de V’AnoaroXuc )] -ypâSun’.ç, . Voir un tableau comparatif dans Funk, Didascalia et Constitutione sapostolorum, t. ii, l’xxv sq. Cette compilation a du moins le me ut’, qui n’a pas la ConstitutioneccUsiastiqueêgyptienne, d’avoir sauvé le nom ih l’auteur.

1 i i ; ni i’le la Tradition apostolique que dérive, mai indépendamment de Canons d’Hippolyte, le I. VIII des <’institutions apostoliques. Si on en analyse les trois iriions successives, charismes, ordination. ns n m retranchant de cette dernière la série connue -ou le nom des 81 canons apostoliques), on consirche suivi*e i 1res sensiblement celle de i.i Tradition apostolique, a commencer par la petite Introduction sur les charismes qui, flans l’œuvn primitive, l’ii ni ce nouveau traité d’Hippolyte a un ouvragi antérieur intitulé : Sur les charisme » , llepl ntrant dans le détail, on constatera que la dlspo illon du développement relatif.i l’ordination d< l’évêqut I la même, les prières de lu messe pn n. mi plaie immédiatement, encore que plie dévelop

pées, après les rites et formules de la consécration épiscopale. La fidélité du compilateur à suivre son modèle explique seule le désordre apparent que l’on a depuis longtemps signalé dans cette partie du 1. VIII. Il y a lieu d’instituer une comparaison minutieuse entre les formules liturgiques du texte primitif et celles des Constitutions apostoliques ; il ne serait pas malaisé de montrer les raisons des quelques modifications qui se laissent remarquer.

On a dit plus haut, t. iii, col. 1534, que, malgré certaines hésitations, qui ont subsisté assez longtemps, l’ensemble des critiques s’est rallié à la thèse qui voit dans les Constitutions apostoliques, prises comme un bloc, une compilation faite par un seul et même auteur. Sans doute l’unité d’un tel recueil ne saurait être celle d’un ouvrage original exécuté d’un seul jet ; elle ne laisse pas d’être réelle. C’est ce dont témoigne la tradition manuscrite, qui associe le plus ordinairement les huit livres, de même les renvois qui se font d’une partie à l’autre, l’unité enfin de pensée et d’expression. La date où cette compilation a été faite ne peut se déterminer avec une parfaite exactitude ; mais l’on ne se trompera guère en la fixant vers la fin du ive siècle, à la même date où était mise en circulation l’édition interpolée des lettres de saint Ignace, qui a peut-être le même auteur. Ce point est considéré comme acquis par l’ensemble des critiques.

Il n’est pas sans intérêt d’insister sur la manière dont le compila leur a conçu et exécuté son travail. A son époque circulaient déjà, peut être groupées en collections, des œuvres rappelant, soit aux laïques, soit aux membies de la hiérarchie, leurs devoirs généraux et particuliers. Telle la Doctrine, des douze apôtres (Didachè) ; tel les ouvrages d’Hippolyte sur les charismes et sur les ordinations ; telle la Didascalie des apôtres. C’est en partant de ces pièces que le compilateur a rédigé son recueil : La Didascalie lui fournit la matière de ses livres IV I ; il y change peu de choses aux prescriptions strictement morales, mais introduit dans les règles du droit les modifications nécessitées par le temps. La fiction de l’origine apostolique est conservée ; en même temps, d’ailleurs. Clément de Borne, dont les pseudo-Clémentines ont popularisé le souvenir, est Introduit comme intermédiaire entre les apôtres et l’ensemble de l’Église : Siarayal tcov àytcov à7100T6Xwv Sià KXTjjievToç. La Didachè lui donne semblablement la très grande partie du t. VII, qu’il complète par les prescriptions et les prières qui remplissent la dernière section. Enfin la Tradition apostolique d’I lippolyte, presque intégralement transcrite, fournil le I. VIII. C’est à la fin de ce livre que seront ajoutes plus tard, à moins qu’ils ne l’aient été par le compilateur même, les 8 1 (85) canons apostoliques, empruntés pour une lionne paît au concile d’Anlioche de 311, dont le dernier (85) contient le canon des deux Testaments. Avec une rare hardies’e on, i trouvé le moyen d’y introduire, eu fin de liste, les deux épîtrec de Clément et i les constitutions, al Sia-ayat, qui nous ont été transmises en huit livres, a vous évêques, par moi Chinent, mais qui, a cause des enseignements secrets qu’ils contiennent, xà èv aùrotç (J.oa Ttv.â. ne peuvent être portées à la connaissance de tou Ainsi fut définitivement constitué le premier Octateuque clémentin. Son succès a clé considérable, il a finalement traversé les siècles sans pin recevoir de modifications sensibles, il il ; i passé longtemps pour une œuvre des temps apostoliques, À la vérité, le canon 2 du concile Quinl-Sexte (692) déclare bien que le ordonnances rédigées par Clément, i’V.v KXr, u.£v-roç SiaTàuu ;, ont été Interpolées pai dei mains hétérodoxes et dol vent donc être rejetées. Mai c’est reconnaître en même temps l’i nérable de cet écrit, Quoi qu’il

en SOlt, c’est seulement après la publication en Ocd