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S(. (M. ASTIQUE OCCIDENTAL !  :, LA PRÉPARATION

1700

en un seul pays : elle se rencontre en Italie, chez Pierre Damien, Opuseulum de divina omnipotentia, c. V, /'. /… t. cxliv, col. 603 ; cf. J.-A. Endres, Studien zur Geschichte der Frùhscholastik, Die Diakktik im XI. Jahrliumlert, et Anselm der Peripatetiker, dans Historisches Jahrbuch. t. xxvi, 1913, p. 84-93 ; en Alsace et en Bavière, chez Manegold de Lantenbach, qui répète souvent Pierre Damien, Opusculum contra Wolfelmum, c. i, v, P. L., t. clv, col. 152, 155 ; chez Willeram d’Ebersberg, Expositio Williramni abbatis super Cantica canticorum prologus, édit. Seemiiller, Willirams deutsche Paraphrase des Hohenliedes, dans Quellen und Forschungen zur Sprech-und Kullurgeschichte der germanischen Yolker, t. xxviii, Strasbourg, 1878, p. l et 2 ; chez othloh de Saint-Emmeran, Dialogus de tribus queestionibus, prol. et c. xxii, P. L., t. cxlvi, col. 60-62, 89 : chez un correspondant de Seifrid de Tegersee, qui méconnaît les services que peut rendre la philosophie, Epist., vi, dans l’ez, Thésaurus iwrissimus unecdotoruni.l. VI, Augsbourg, 1729, (Codex diplomatico-historico-epistolaris), pars 1°, p. 241242 ; à Saint-Gall, où Ekkehart VI prélude par son poème ironique aux attaques de Damien et de Manegold, Confutatio rhetorice in facie Ecclesie et sanctorum. Item Confutatio dialeetice (édit. Dûmmler, dans la Zeitschrifl jùr deutsehes Alterthum, 1869, Neue Folge, t. ii, p. 1-73, voir surtout p. 64-65, vers 62-75, etc.) ; en Angleterre, chez Wulfstan de Worcester, voir Guillaume de Malmesbury, Gesta pontiftcum Anglorum, t. IV, dans P. 7… t. clxxix, col. 1590 A ; en Hongrie, où Gérard île Czanad, sans aller aussi loin que Pierre Damien regarde avec indifférente, sinon iu d : faveur, les diverses branches du triuium. Voir J. de Ghellinck, op. cit., p. 51-53.

Ce n'était d’ailleurs pas sans raison que s'était produite cette opposition antidialecticienne. Chez les dialecticiens, en effet, on se livrait à une étude passionnée de la logique aristotélicienne, et l’on tentait résolument, d’une façon souvent fâcheuse, une application de l’ordre rationnel à l’ordre révélé. Le courant dialecticien est constitué par les maîtres des grandes écoles épiscopales de Tours, de Chartres et de Paris : Bérenger de Tours, Jean Le Chartrain, médecin d’Henri I er, Roscelin en seront les lumières. Cf. H. Heurtevent, Durand de Troarn et les origines de l’hérésie bérengarienne, Paris, 1912, p. 35 ; P. IWandonnet, Polémique averroïste de Siger de lirabanl et de saint Thomas, dans Revue thomiste, t. iv, 1890, p. 22 sq. ; J.-A. Endres, art. cité, et (L Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie au XIIe siècle, Paris. 1909, p. 83. Il ne s’agissait pas seulement de « minuties, qui n’avaient rien des mérites d’une étude vraiment philosophique du dogme », il s’agissait encore et surtout « d’abus et d’excès appelant une prompte répression ». Quoiqu’il en soit de leur pensée intime, à l’aide d’un atqui et d’un ergo, qu'étayait parfois une phrase d’Aristote mi d’un de ses commentateurs, ils jetaient par dessus boni la résurrection des corps, la naissance

virginale du Sauveur, sa résurrection, etc. Le 1'. de ( Ihellinck à qui nous empruntons ces détails, voir l’ouvrage déjà cité, p. "> I, en a donné des exemples frappants p. 38 I 1 et en rele an1. appendice' I- :. p. 175 sq., des réminiscences de la dialectique de Victorinus (avant sa conversion) dans les roniiits théologiques du xi' et du xir siècles. Le grand tumulte bérengarien est un produit de cet abus de la dialectique dans les

doctrines sacrées. Ibid., p. 55 56.

Heureusement, et c’est la seconde caractéristique

de cette époque, un certain nombre des cbani|iions de la foi "lit nu faire de la dialectique un usage judicieux qui. dans le dernier quart du xr siècle, marque les progrès de plus en plus prononcés de la spéculation dogmatique orthodoxe H. par suite, la reconnaissance,

un peu hésitante parfois, de ses litres de légitimité ». J. de Ghellinck, op. cit., p. 56. Dans son Histoire de la méthode seolastiqæ M. Grabmann a tracé, dans leur-. grandes lignes, les faits de ce mouvement doctrinal de la fin du xre siècle. Voir t. i, p. 215-246. On doit citer ici les noms de I.anfranc. d’Yves de Chartres, de Bernold de Constance, d’Alger de Liège, de Guitmond d’Aversa pour terminer par Anselme de Cantorbérv. Cf. J. de Ghellinck, op. cit., p. 56-59.

Les caractéristiques de la période (fin du xie siècle) se retrouvent dans les productions de l’activité tbéologico-philosophique de saint Anselme, avec un relief (lui nous autorise à les résumer toutes à propos de son nom. A l’antagonisme dont les dialecticiens sont victimes, il oppose la spéculation pondérée, orthodoxe, non moins qu’approfondie, et tout en s'élevant contre les écarts des dialeetici moderni (De fuie Trinitatis, c. ii, ni, P. L., t. CLviii, col. 265, 271), il consacre à jamais la légitimité du travail de la raison dans les choses de la foi. La place qu’il fait aux rationes necessariæ dont l’origine et le nom se trouvent dans les livres scolaires [utilisés alors, montre comment il répond aux préoccupations intellectuelles du moment et les chroniqueurs des âges suivants ont soin de nous le dire jusqu’en plein xrve siècle. Les mérites de son enseignement qui lui donnent une place unique entre saint Augustin et saint Thomas et que les frontispices des grandes éditions de ses œuvres ont consacrée, marquent une nouvelle étape dans les progrès des études sacrées. Il unit la raison et la foi, le raisonnement et la tradition. C’est ainsi qu’il couronne d’une gloire qui ne connaîtra plus l’oubli et qui rarement sera dépassée, si même atteinte, la longue période des belles écoles bénédictines. » J. de Ghellinck, op. (il., p. 60. Aussi. quelles quc soient les divergences qui s’affirment entre auteurs pour fixer la portée de ce terme, on peut souscrire au titre que confèrent à Anselme les leçons du bréviaire : omnium theologorum, qui sacras htteras scholastica methodo tradiderunt, normam cselitus hausisse ex ejus libris omnibus apparet. Finale de la troisième leçon du second nocturne.

3. Le.v// 1, siècle.— La méthode si fortement marquée par saint Anselme est pour ainsi dire unanimement retenue au xiie siècle. Si la base de la philosophie adoptée pour expliquer le dogme est encore augustinienue, du moins la dialectique est empruntée à l’Organon d’Aristote.

Dès les premières années du xir siècle, le principal foyer des études sacrées est à Laon. avec un autre Anselme, le « maître des maîtres », comme l’appellent Marbode de Rennes, Carmina varia, xxiv, /'. L., t. clxxi, col. 1722. et Guibert de Nogent, Ad commentarium in Genesim et De vita sua, ni, 4, P. /… t. ci vi, col. 19, 912..Mais nous savons peu de choses de sou influence : M. De Wulf estime que cette Influence fut très réelle dans la préparation des écoles d' Ahclard et de Hugues de SaintVictor. Op. cit.. p. 188 189. Deux écoles surtout ont laissé leur empreinte sur la seolastique du xire siècle et ont prépare l'âge d’or du XIIIe, l'école de Saint-Victor et l'école d’Abélard.

Nous n’avons pas à reprendre, même en résumé, ce qui a été dit ici même, des deux écoles. Voir Huoi i s de Saint-Victor, t. vii, col. 257-269, cl. sur son Influence dans l'école victorine et sur les autres théologiens, col. 297 303 ; Ani’i.Miii. t. i, surtout col. 1 1 -12 cl, sur l'école abélardienne et ses relations avec l'école victorine. col. 19 55. Le triomphe de la scolasliquc est certainement dû à l’influence des deux écoles. > Elles n’eurent pas à ériger en principe l’introduction de la philosophie dans la théologie : c'était déjà l’ail par saint Anselme cl. un peu a contre cœur, par I.anfi’anc. Comme Abélard, Hugues adopta le principe et, dans l’appUcation, ils déployèrent le même zèle. Il est faux