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ADDENDUM

(à la colonne 2625)

    1. STOJKOWICH Jean##


STOJKOWICH Jean, est le nom de famille d’un dominicain, pins connu sons le nom de Jean de Raouse, qui joua un rôle assez considérable au concile de Bâle. — D’origine dalmate, Jean est parisien d’adoption, ayant pris ses grades et finalement celui de maître en théologie à l’université de Paris dans les premières années du xve siècle. On le voit pour la première fois paraître à l’automne de 1422, où il est procureur général des dominicains, à Rome auprès de Martin V. Représentant plus ou moins officiel de l’université de Paris, il obtient du pape, à force d’instances, [a bulle de convocation du concile général, qui, d’après le décret Frequens de Constance, devait se tenir moins de cinq ans après la clôture de ce dernier concile. Convoquée d’abord à Pavie par la bulle du 23 février 1423, l’assemblée, dont Jean de Raguse ouvrit, en qualité de prédicateur du pape, la première session (23 avril 1 123) ne tarda pas à être transférée à Sienne, à cause d’une épidémie qui menaçait Pavie. C’est par le récit de Jean que nous connaissons surtout les destinées de ce concile, dont il a retracé l’histoire dans son Initium et prosecutio Basileensis concilii, publié dans les Monumenta conciliorum generalium sœculi XV, t. i. En fait pour des raisons multiples, au nombre desquelles Jean signale, avec une particulière àpreté, la défiance de Martin V, le concile de Sienne, ouvert le 22 juin 1423, n’aboutit à rien et fut dissous par les légats pontificaux le 19 février 1424. Il était entendu d’ailleurs que le prochain concile général, prévu comme devant se tenir sept ans après celui-ci, se réunirait à Bâle. La dissolution de l’assemblée appela quelques protestations et Jean fut de ceux qui s’agitèrent à cette occasion.

Dans l’intervalle qui sépare les deux conciles de Sienne et de Bâle, on perd un peu de vue Jean de Raguse. Il a dû séjourner à Rome, comme procureur général de son ordre. Dès 1430, il multiplie les instances pour que soit tenue l’assemblée de Bâle, tant et si bien qu’il est désigné par la Curie comme adjoint du cardinal Julien Cesarini, chargé de présider le concile. Retenu en Allemagne par les préparatifs de la croisade contre les hussites, celui-ci désigne Jean de Raguse et Jean de Palomar (voir ici, t. viii, col. 796), pour ouvrir l’assemblée quillet 1431). De ce concile qui devait durer si longtemps Jean de Raguse n’a raconté que les débuts, jusqu’au 19 novembre 1431, dans l’ouvrage cité plus haut. Mais il y joua toujours un 'ôle considérable. Outre la réforme de l'Église dans son chef et dans ses membres, le concile s'était donné comme but de poursuivre la réduction du schisme de Bohème et la réunion des Grecs à l'Église romaine. A ces deux dernières œuvres Jean de Raguse s’employa activement. Dans son ouvrage De reductione liohrmurum, publié dans Monumenta, etc., t. i p. 153 sq., il donne sur les tractations relatives à cette affaire des détails précieux. Il ne lit pas partie de l’ambassade envoyée par le concile en Bohème, mais il en suivait de près les démarches. Quand, après les négociations d’Eger (été de 1432), les Tchèques arrivèrent à Bâle pour y soutenir leurs points de vue, Jean fut l’un des docteurs désignés par le concile pour leur répondre.

Les discussions commencèrent en janvier 1433. Jean était chargé de répondre aux Tchèques sur la nécessité de la communion sub utraque specie. Voir l’argumentation de Jean de Rokyçana, représentant des Tchèques, dans Mansi, Concil., t. xxx, col. 269-316, et la réponse de Jean de Raguse, ibid., t. xxix, col. 699868 : Oratio Joannis de Ragusio, qua respondit per octo dies ad articulum liohemorum de communione sub utraque. Commencée le 31 janvier 1433, cette discussion sur le premier article ne se termina que le Il février. Aux arguments de Jean de Raguse, Rokyçana répliqua du 2 au 10 mars ; c’est par la relation de cette deuxième passe d’armes que se termine l’ouvrage de Jean de Raguse cité plus haut, mais nous savons que, le 2 avril et les jours suivants, celui-ci répondit encore à son adversaire. Les députés de Bohème quittèrent Bâle peu après Pâques, pour aller s’entendre avec leurs commettants et revenir devant le concile en juillet. On ne sache pas que Jean de Raguse soit intervenu dans les nouveaux débats qui eurent lieu pour lors et qui aboutirent à la concession du calice aux Tchèques ; il ne prit point de part non plus à la mission qui, présidée par Jean de Palomar, alla régler sur place les diverses questions soulevées.

Par contre Jean eut une part importante dans les négociations nouées par le concile avec les Grecs. Au cours de 1433 deux ambassades successives de l’assemblée étaient parties pour Constantinople ; en réponse une députation grecque arriva à Bâle en août 1434. Par suite des divisions qui se manifestaient déjà entre le concile et le pape Eugène IV, chacun s’efforçant de tirer les Grecs à soi, c’est seulement en juin 1435 que partirent pour Constantinople les envoyés de Bâle : Jean de Raguse, Henri Menger et Simon Fréron. La relation de cette ambassade par Jean de Raguse est publiée dans Mansi, t. xxxi a, col. 248-272 ; voir aussi, ibid., t. xxix, col. 651-656, 656-659, 661-665, plusieurs lettres de Jean de Raguse et de Simon Fréron, expédiées de Constantinople (9 et 10 février, 17 novembre 1436). En fait, tandis que Henri Menger repartait pour Bâle le 1 er décembre 1435, ses deux compagnons demeuraient dans la capitale. On sait que ce fut surtout la question de savoir où se tiendrait le concile unioniste qui envenima les rapports entre le pape et l’assemblée de Bâle. De Constantinople, Jean essayait de suivre les événements, mais il ne recevait rien d’octobre 1436 à fin juin 1437. A ce moment il recueillait le bruit que le pape et 'es Bâlois s'étaient mis d’accord sur Florence comme lieu de réunion du concile unioniste. C'était inexact, ou plutôt une minorité seulement de Bâlois s'était ralliée aux vues d’Eugène IV. Quand les représentants de celle-ci débarquèrent à Constantinople (septembre 1437), Jean de Raguse ne lit point d’abord difficulté de leur prêter son concours, l’n mois plus tard arrivait la députation de la majorité de Bâle, de plus en plus hostile à Eu gène IV. Jean de Raguse comprit qu’il avait été joué ; des discussions violentes curent lieu ; Jean se plaignit même de voies de fail. Malgré toute l’activité du dominicain, la cause de Bâle était perdue à Constantinople :