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SYRO-MALABARE [ÉGLISE). LITURGIE

de la V* session, et pas seulement au point de vue des expressions nestoriennes. Les corrections portèrent sur une vingtaine de passages : suppression des noms de Nestorius, Diodore et Théodore, évidemment : substitution de Mater Dci à Mater Christi ; introduction de la commémoraison du pape ; changement de plusieurs expressions, par exemple à la fin de la consécration du calice, où les paroles et ceci est un gage dans les siècles des siècles i furent remplacées par « et ceci est un gage jusqu'à la consommation du siècle », parce que l’eucharistie n’aura plus de raison d'être après la fin du monde. On se préoccupa également de rendre la liturgie syro-malabare aussi semblable que possible à la messe romaine, par exemple en prescrivant des génuflexions à un seul genou, que le rit ne connaissait pas. L’aspersion de l’eau bénite avant la messe fut introduite à la sess. viii, décr. 17 : formule latine traduite pour la bénédiction de l’eau. Les trois messes de la fête de Noël furent prescrites, décr. 21, comme aussi les cérémonies des cendres, décr. 14, de la Chandeleur et des Rogations, décr. 23. Le calendrier tout entier fut assimilé au calendrier latin. La fête principale de saint Thomas cependant fut laissée au 3 juillet, et la fête de la sueur de sang sur la pierre de Mylapore au 18 décembre. Décr. 9. Voir N. Xilles, Dos syro-chaldâische Kirchenjahr der Thomaschristen, dans Zeilschr. fur kalhol. Theol., t. xx, 1896, p. 726-739 ; Kalendarium monnaie utriusque Ecclesiæ orientalis et occidentalis, t. ii, 2e éd., Inspruck, 1897, p. 647-670.

En même temps que paraissait le récit de la visite réformatrice d’Alexis de Mcnezes, une traduction latine de la messe corrigée était imprimée, sans pagination (9 fol.), en appendice au texte du synode, Coïmbre, 1606, sous le titre Missa de que usamos antigos christianos de Sâo Thome… purgada dos erros, et blasphemias nestorianas… trasladade de siriaco, ou suriano de verbo ad verbum em lingua latina. Cette traduction servit à Pierre Le Brun pour une comparaison entre la liturgie des chrétiens de Saint-Thomas et celle des nestoriens de Mésopotamie, qui lui était connue par E. Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, t. ii, Paris, 1716. Les textes sont moins différents qu’il ne semblerait au premier examen de leur confrontation sur deux colonnes, parce que Renaudot s’est dispensé de reproduire intégralement plusieurs morceaux et n’a presque rien inséré de la partie du diacre. P. Le Brun, Explication de la messe…, t. iii, Paris, 1726, p. 468-538 ; reproduit avec notes supplémentaires flans Subsidium ad Bullurium patronatus Porlugalliiv. Alappe, 1903, p. 17-50.

On se contenta pendant longtemps au.Malabar de missels manuscrits : mais il en résultait plusieurs inconvénients que le vicaire apostolique Nicolas Szostak fit signaler à la Propagande par le P. Ignace de SaintHippolyle, parti pour Rome dans le cours de 1754. Après un votum de Joseph-Simon Assémani terminé le 2 juillet 1757, il fut décidé le 17 juillet par la plénière de la Congregalio super correctione librorum ecclesiasticorum Ecclesiæ orientalis qu’il serait procédé à l’impression désirée et cette, décision fut notifiée au vicaire apostolique dans l’instruction du 3 septembre, en le priant d’envoyer un texte conforme à celui lixé à Diamperet une traduction latine. Hierarchia carm…, dans Anal. ord. carmel. discal., t. xiii, 1938, p. 37. La question fut reprise a la plénière du " juin 1766 ; la plupart des cardinaux auraient voulu que Rome donnât aux chrétiens de Saint-Thomas le même missel qu’aux chaldéenS de.Mésopotamie, mais on observa que les calendriers différaient, ainsi que les systèmes des péricopes scripturaires. On se résolut donc a envoyer au Malabar un exemplaire du gros volume qui était sur le point de sortir des presses, Missale chal daicum ex decreto S. C. de propaganda fide editum, Rome, 1767, 614 p. in- 1°. Mais il était impossible que ce missel donnât satisfaction aux syro-malabares, car il contenait, dans la partie inférieure des pages, une traduction arabe en caractères syriaques, dont ils n’avaient que faire. On insista donc pour l’impression pure et simple du manuscrit qu’avait porté à Rome le P. Charles de Saint-Conrard. Après quelques hésltations dues à ce que ce manuscrit n'était pas identique à celui présenté par le P. Ignace de Saint-Hippolyte, Subsid. ad Huit, patron. l’ortugalliæ, p. 56 sq., on aboutit à une conclusion définitive dans la congrégation plénière du Il mai 1774. L'édition de la liturgie des apôtres parut la même année en un volume in-4° de 60 p., et les leçons empruntées au missel romain, avec quelques cérémonies spéciales à certaines fêtes, traduites du latin, l’année suivante en un volume de 862 p. du même format. L<ne réimpression fut faite par les soins de la Propagande en 1844, sous le titre Ordo chaldaicus rituum et lectionum juxta morcm Ecclesiæ Malabaricæ ; la liturgie des apôtres, ou ordo missæ, comprenant 60 p. comme dans l'édition primitive, est habituellement insérée après la p. 440 de la partie propre, avant l’index et les corrections, p. 441-462. D’autres éditions ont été faites aux Indes, dont une à Mannanam en 1928 et quatre à Puthempally de 1904 à 1931 ; cf. Placide de SaintJoseph, Ritus et libri liturgici stjro-malabarici, Thevara, 1933, p. 58. La liturgie des apôtres est insérée avec une pagination spéciale entre le propre du temps et le propre des saints, p. 1-62 entre les p. 242 et 243 de la pagination générale dans l'édition de Puthempallꝟ. 1929.

La liturgie de la messe se célèbre au Malabar avec plus ou moins de solennité ; même à la messe basse on doit procéder aux encensements. On distingue aujourd’hui : messe basse ou lecta, messe chantée, messe solennelle, messe très solennelle. Cette dernière est désignée sous le nom de Râzâ, plus exactement Râzê, qui est le mot syriaque pour désigner les (saints) « Mystères » ; c’est la forme traditionnelle, qui s’est conservée telle que le peuple avait l’habitude de la voir les jours de grandes fêtes, avec diacre et sousdiacre, un ou deux prêtres assistants en chape, sans doute à l’origine deux diacres et deux concélébrants. La chape des prêtres assistants pourrait sembler un latinisme ; il est plus vraisemblable qu’elle est une survivance, la chape étant celui des ornements latins, qui ressemble le plus à la chasuble orientale ou çeX6vi.ov. Les rubriques pour la célébration des « Mystères » (Râzâ), avec quelques prières spéciales se trouvent dans le missel de Puthempallꝟ. 1929, après la liturgie des apôtres, p. 53-58. Le rite complet en a été imprimé à Mannanam en 1925 en un livret de 106 p. in-16 ; trad. anglaise par André Kalapura, An english version of Rasa or ihe syriac pontifical highmass, Vérapolꝟ. 1924, 148 p. in-16°, où les p. 131-148 sont occupées par des prières de dévotion.

Mar Louis Pareparambil a publié à Puthempally, en 1912, un volume intitulé Sacrum apostolorum. Ordo missæ syro-chaldœo-malabaricæ cum translatione latina, où la traduction, qui n’ignore pas celle de 1606, est plus textuelle et plus complète. Les rubriques ont été complétées dans la traduction, en vue de les rendre plus claires, et on a pris soin île noter ce qui ditïère à la messe basse et à la messe chantée. L’insuffisance fies rubriques traditionnelles, canonisées par l’insertion au missel de 177 1, ayant été exposée en 1859 à la Propagande, le 1'. Cyriaque-Élie Chavara, dûment autorisé, publia a Coonamavu en 1868 un volume intitulé Tukasâ, réimprimé a Mannanam en 1926, dont les prescriptions ont été rendues obligatoires l’année suivante dans les quatre éparehies syro-malabares.

Depuis 1896, les évêques chantent la messe eu