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3143 SYRO-MALABARE (ÉGLISE). GROUPE S YROM ALAN K A R E 3144

1865 : tertiaires carmélites avec 38 couvents et environ 630 religieuses en 1931 ; tertiaires franciscaines fondées par Mar Thomas Kurialacherrꝟ. 20 maisons et 240 religieuses ; visitandines fondées par Mar Alexandre Chulaparambil, avec 6 maisons et 40 religieuses ; sœurs de l’adoration du Saint-Sacrement, Il maisons, 180 religieuses ; sœurs de la Sainte-Famille, 4 maisons, 42 religieuses ; sœurs de SaintJoseph (sudistes) ; petites sœurs des pauvres. Stalislica…, p. 404-406.

Depuis la constitution de la hiérarchie indigène, l'Église syro-malabare a fait des progrès considérables, justifiant ainsi la confiance que lui ont témoignée Léon XIII et Pie XI. Le clergé, séculier ou régulier, reçoit une bonne formation, plusieurs de ses membres ont obtenu des diplômes universitaires. La vie catholique des syro-malabares est soutenue par un nombre respectable d'œuvres, confréries, associations de jeunesse, etc. Il y a quatre ou cinq revues mensuelles, un journal qui paraît deux fois par semaine, le Nazrani Deepika, plusieurs bulletins annuels. La prospérité de l'Église syro-malabare, qui a résorbé la grande majorité des mellusiens, a encouragé les jacobites à regarder vers Rome, et a contribué à la création du groupe syro-malankare, dont il sera question au paragraphe suivant. En 1876, on estimait le total des fidèles syromalabares à 260 000, dont 180 000 sous la juridiction du vicaire apostolique de Vérapoly, le reste dépendant de la hiérarchie goanaise, avec 420 prêtres, 215 églises ou chapelles, 125 séminaristes, 6 couvents de tertiaires. En 1931, on comptait : 532 351 fidèles, 635 prêtres séculiers, 591 églises ou chapelles, 220 religieux, 1 052 religieuses, 617 écoles catholiques, 2 784 maîtres et maîtresses, 78 149 élèves. Chaque année on enregistre des conversions de païens, de 1 000 à 1 500. Le clergé syro-malabare (1003 prêtres au 30 juin 1940) est assez apprécié pour que les missionnaires latins des diocèses voisins ambitionnent d’avoir de ses membres comme auxiliaires.

On trouvera diverses statistiques dans Battandier-Chardavoine. Annuaire pontifical catliolique, Paris, 1898-1940.

VIL Les jacobites aux Indes et la constitution du groupe syro-malankare. — La plupart des chrétiens de Mésopotamie adhérèrent au nestorianisme à l'époque du catholicos Babaï (496-503) ; il ne faudrait pas croire cependant que ce fut la totalité. Il y avait des monophysites et il ne cessa jamais d’y en avoir une quantité assez considérable, comme le démontre le fait qu’ils avaient à leur tête un prélat plus élevé en dignité que les simples métropolites, le maphrian d’Orient. Les relations commerciales entre le bassin des « deux fleuves » et. l’Inde furent toujours assez développées pour qu’on puisse penser sans témérité qu’il y eut aux Indes pendant le Moyen Age des chrétiens appartenant à la confession jacobite, isolés ou réunis en communautés. Nilus Doxopatres affirmait encore, au xiie siècle, que la juridiction du patriarche d’Antioche s'étendait sur toute l’Asie, y compris les Indes, où il envoyait un catholicos. Notilia Ihronorum patriarchalium, P. G., t. cxxxii, col. 1088. Mais la chrétienté du Malabar semble avoir été compacte à l’arrivée des Portugais, sans autres éléments que ceux dépendant de la hiérarchie nestorienne. Même si alors les chrétiens de Saint-Thomas n'étaient pas formellement hérétiques, la présence dans leurs livres liturgiques des noms de Nestorius, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsucste démontre quelles étaient leurs attaches traditionnelles et jusqu'à la fin du xvi° siècle. Il est d’autant plus remarquable, dans de telles conditions, que ceux d’enlr’eux qui se séparèrent de Rome par opposition à l'évêque Garzia soient passés si facilement sous la juridiction du patriarche jacobite d’Antioche, dont la doctrine monophysite

était plus opposée à leur toi que la catholique. Leur aventure démontre éloquemment combien est étrangère au vieux fond des idées chrétiennes la notion d’autocéphalie, à laquelle les Églises orthodoxes ont fait dans les derniers siècles une si large place.

On a dit, ci-dessus, col. 3123, comment Alexandre de Campo reçut la consécration épiscopale en 1663, avec mission d’empêcher la chrétienté syro-malabare de se ranger sous la houlette de son cousin l’archidiacre Thomas. Le succès qu’il obtint dans l’administration de l’archidiocèse d’Angamalé fut tel qu’on pouvait espérer le retour en masse des éléments dissidents à la mort du pseudo-évêque ; et sans doute ce retour aurait eu lieu, si le parti n’avait pas trouvé à s’insérer auparavant, comme il arriva, dans une Église constituée. Thomas de Campo, depuis sa « consécration » par douze cassanares, avait à peu près constamment agi en évêque, mais il semble qu’il lui était toujours resté quelque doute sur l’authenticité de son caractère épiscopal. Lorsque son cousin eut été consacré, et sans discussion possible sur la validité de sa consécration, il ressentit plus vivement la fausseté de sa position ; d’où la demande adressée au patriarche jacobite pour qu’il envoyât au Malabar un de ses évêques. Les Portugais ne montaient plus la garde à Ormuz ; en 1665 le métropolite Grégoire arrivait aux Indes et Thomas eut enfin ce caractère épiscopal auquel il aspirait depuis si longtemps.

Il est vraisemblable que le consécrateur de Thomas de Campo ne lui demanda pas de souscrire une définition de foi bien approfondie : il dut cependant anathématiser Nestorius, professer le monophysisme sous la forme sévérienne, renoncer à la double procession du Saint-Esprit et au dogme du purgatoire. Tels sont du moins les points de dogme retenus par les traditions locales comme imposés dès lors aux chrétiens de SaintThomas. Le métropolite se déclarait l’ennemi du pape de Rome : il était facile de s’entendre sur ce point ; il préconisait le retour à plusieurs usages anciens, forme ancienne des ornements, durée traditionnelle du carême, etc. La population accepta de bonne grâce des changements qui manifestaient extérieurement la rupture avec ceux qui obéissaient aux carmes. Mar Grégoire mourut en 1672, à Parur Patuna ou Parur-Nord, et Thomas de Campo l’année suivante. W. Germann, i)(e Kirche de.r Thotnaschristen, Gutersloh, 1877, p. 525-527. Un frère de Thomas de Campo mourut en 1674, huit jours après son élection par les cassanares ; un de ses neveux devint Mar Thomas III, mais mourut rapidement, car il était remplacé, dès le 15 octobre 1676, par un neveu, simple laïc, qui fut ordonné sous le nom de Mar Thomas IV. Un simple prêtre, qui se fit passer pour patriarche en exhibant un faux document pontitical, troubla les chrétientés à cette époque, mais fut noyé en 1682 ou 1683. Op. cit., p. 527 sq. C’est seulement en janvier 1685 qu’arrivèrent deux authentiques évêques jacobites provenant du monastère de Mar Mattaï, près Mossoul, Mar Basile et Mar Jean, dont un aurait été le maphrian luimême, Jean d’après Germann, op. cit., p. 528, Basile d’après un texte jacobite de 1821, publié par F. Nau, Deux notices relatives au Malabar, dans Rev. de l’Or. chrét, t. xvii. 1912, p. 77 sq., trad., p. 81. Ces prélats achevèrent d'éliminer, d’après ce dernier texte, les latinismes que les jacobites du Malabar avaient gardés jusque là : « Ils nous débarrassèrent des coutumes des francs et nous ramenèrent aux coutumes de nos premiers pères. Depuis cette époque jusqu’aujourd’hui, nous n’y avons rien retranché, ni ajouté. » L'évêque Mar Siméon, qui consacra en 1701 le vicaire apostolique Ange-t-'rançois de Sainte-Thérèse, cf. col. 3125, bien que catholique, semble être arrivé au Malabar en réponse à un appel lancé par les jacobites.