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    1. SYRO-MALABARE (ÉGLISE)##


SYRO-MALABARE (ÉGLISE). RAPPORTS AVEC LA MÉSOPOTAMIE 3138

tante à laquelle Alexis de Menezes aval) jadis donné son statut. Ou le it bien, lorsque le nouvel archevêque de Goa, Mgr Ayres d’Ornellas de Vasconcellos, après

avoir obtenu de Rome des pouvoirs spéciaux, s’offrit à visiter lui-même le Malabar pour le pacifier. L’archevêque de Bombay, Mgr Léon Meurin, S..J.. dut le supplier de n’en rien faire, car, si certains prêtres qui avaient adhéré à Mellus offraient de se soumettre à condition de passer sous sa juridiction, il était à craindre que le premier résultat de son action ne fût la création d’un tiers parti, en sorte que l’on aurait pu trouver dans un même endroit des fidèles dépendant des carmes et d’autres du clergé goanais, en même temps que des mellusiens.

Rome, au surplus, ne restait pas inactive. Après que, le 27 janvier 1875, Pie IX eut envoyé le bref Perlegentes aux chrétiens du Malabar pour les féliciter de leur résitance. De Martinis, op. cit., p. 256, on envisagea divers moyens pour contrecarrer l’action de l'évêque intrus. Et, comme il ne manquait pas de plaintes contre les missionnaires carmes, dont certaines paraissaient fondées, la Propagande en vint à conclure qu’il lui fallait obtenir de nouvelles informations au moyen de personnes se trouvant en dehors de la mêlée. Une visite apostolique fut décidée et l’archevêque de Bombay choisi comme visiteur. Instructions contenues dans le bref Oportet du 24 mars 1876, De Martinis, op. cit., p. 292-294. Dès le 8 mai, le prélat notifiait sa mission à toutes les Églises « syriennes », après avoir rendu visite à l’archevêque de Goa et au vicaire apostolique de Vérapoly ; le 9, il publiait une déclaration contre Mar Mellus ; le 10, il convoquait à Mannanam, pour le 23 du même mois, une assemblée de tous les prêtres et de quelques laïcs pour chaque paroisse, à l’effet d’entendre leurs doléances et leurs désirs. Tous les prêtres étaient invités, ceux qui étaient demeurés fidèles, ceux qui étaient tombés dans le schisme et ceux-là même qui avaient été ordonnés abusivement par l’intrus. Mgr Meurin estimait qu’il fallait accueillir, au moins partiellement, les désirs des syro-malabares et préconisait l’idée que le vicariat apostolique de Vérapoly fût divisé en deux circonscriptions, une pour les latins et une pour les « syriens ». A ces derniers aurait dû être préposé un prélat d’origine européenne, mais autorisé à célébrer en syriaque. Que si les carmes ne pouvaient fournir le personnel voulu, la province de la Compagnie de Jésus, qui avait au Liban le collège de Ghazir, devrait procurer le nouveau vicaire apostolique et une dizaine de Pères, qui apprendraient non seulement le malayalam, mais aussi le syriaque. Les meilleurs des cassanares pouvaient être consacrés comme évêques pontifiant, sans juridiction. On ne saurait négliger, remarquait le visiteur, que les « syriens » catholiques, quoique formant la très grande majorité des chrétiens de Saint-Thomas, ne voient jamais une fonction pontificale de leur rit, tandis que les jacobites ont plusieurs évêques ; cette circonstance les met dans un état d’infériorité évident. Mgr Mellano, qui avait fait du ministère exclusivement auprès des latins et n’avait guère de sympathie pour les syriens », s’opposa aux conclusions du visiteur. Mar Mellus le savait et s’en moquait ouvertement, car les dissensions entre les carmes et le visiteur empêchaient l’efficacité de la visite. La Propagande pour sortir de cette situation envoya alors comme enquêteur Mgr Ignace Persico, au début de 1877. Le nombre des adhérents de Mellus s'élevait alors à 24 000, avec tous les cassanares dépendant de Goa, quatre ou cinq de ceux appartenant à Vérapoly, contre 170 000 catholiques demeurés fidèles. Mgr Persico portait aux Indes un exemplaire de l’encyclique Quse in patriarchatu, du 16 novembre 1876, De Martinis, op. cit., p. 306-310, dans laquelle Pie IX avait

résumé l’histoire des affaires qui, en Mésopotamie ou au.Malabar, avaient fourni au patriarche chaldéen des occasions de s’opposer à l’action du Saint-Siège. La traduction en malayalam de cet important document et sa diffusion dans les chrétientés syro-malabares eurent un effet réconfortant ; on était heureux de savoir que l’intrigant patriarche était frappé de. suspense et on aurait applaudi volontiers à une sentence d’excommunication. Mais les mellusiens ne se laissèrent pas entamer. La nouvelle de la soumission de Joseph VI (1 er mars 1877) fut connue aux Indes pendant l'été ; toutefois, nonobstant l’ordre du vieux patriarche, ni Mar Mellus, ni Mar Philippe Jacques Abraham n’entendaient partir. Dans le cours de l’année suivante, ce dernier quitta le Malabar et se retira à Bombay : depuis plusieurs mois le schisme ne faisait plus aucun progrès. Mais c’est seulement au début de 1882, que Mar Mellus décida de quitter les Indes, probablement lorsqu’il apprit que son compagnon, Mar Abraham, devenait évêque de Djéziret Ibn Omar (février 1882) ; il ne devait d’ailleurs pas avoir encore résolu sérieusement de se soumettre, car, avant de partir, pour se procurer des ressources, il ordonna prêtres, moyennant finances, un nombre appréciable de candidats âgés de dix-huit à vingt ans. En outre, avant de s’embarquer, le 5 mars, il constitua comme ses vicaires, avec le pouvoir de bénir les saintes huiles et de conférer les ordres mineurs, le moine alkochien Antoine, un des deux quêteurs de 1872, et le malheureux Antoine Thondanatta, jadis consacré par le catholicos nestorien, qui venait de retomber dans le schisme après avoir vécu plusieurs années comme simple prêtre dans le sein de l'Église catholique.

Mellus était attendu en Mésopotamie lorsqu’il débarqua le 13 avril à Bassorah ; les Mossouliotes qui n’avaient pas approuvé la soumission du patriarche Audo et faisaient opposition à son successeur Élie Abou’l-Yonan comptaient faire de l'évêque insoumis le chef de leur parti. Il semble toutefois qu’il comprit assez vite l’inanité d’un tel projet et se laissa pénétrer peu à peu par l’idée d’une soumission définitive au Saint-Siège : en décembre 1883, lorsqu’un groupe de jeunes clercs arriva du Malabar à Mossoul pour y recevoir de ses mains le diaconat et la prêtrise, il refusa de les ordonner. Cependant, en 1887, il était encore en relations épistolaires avec ses partisans et les engageait à demeurer fidèles « à l'évêque Thondinatte (sic) et au chorévêque Augustin », promettant qu’il reviendrait en personne ou enverrait aux Indes un évêque consacré par lui. Il ne fit sa soumission qu’en 1889 ; pourvu en 1893 du siège de Mardin, il y mourut le 16 février 1908.

Les mellusiens, qui avaient toujours leur centre en l'église Notre-Dame des Douleurs à Trichur, étaient réduits à un peu plus de 8 000, lorsqu’ils se soumirent en 1907 au patriarche nestorien, qui leur donna pour évêque un Mésopotamien, Mar Abimélech. Celui-ci ayant voulu les nestorianiser et modifier leur rit, une scission se produisit parmi eux : la plupart des « indépendants » se sont convertis depuis lors au catholicisme, les nestoriens ou surayees ne seraient plus aujourd’hui qu’environ 2 000, avec un évêque et sept prêtres. J.-C. Panjikaran, Christiuntty in Malabar…, dans Orient, christ., t. vi, fasc. 2 (n. 23), Rome, 1926, p. 113 sq.

Ajoutons qu’en 1895 encore il y eut des pétitions plus ou moins spontanées envoyées au catholicos chaldéen, 'AbdiSo' Y Khayyath, pour obtenir le rattachement de la chrétienté syro-malabare au patriarcal de Babylone. L’affaire fut portée à Rome, ou on eut la s^esse de décider que les chrétiens de Saint-Thomas resteraient directement rattachées au Suint Siège. Les progrès accomplis depuis lors par l'Église syro mala-