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    1. SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST##


SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. ERREURS CONDAMNÉES 1664

regni Dei manifeste errasse : festement trompé en Indineque id mirum, inquiunt, quant le temps « le l’avène idei i débet ; name1 ipset itae legibus tenebatur. Denz.Bannw., n. 2102.

ment du royaume de Dieu. Kl cela, disent-ils, ne doit pas paraître étonnant : n'était-il pas soumis lui-même aux lois de la vie 1

.Mais, hésitant devant certains textes d’apparence plus difficile, ceux-là mêmes que nous avons rapportés plus haut, quelques auteurs catholiques émirent l’hypothèse que ces perspectives eschatologiques étaient peut-être ducs à certaines influences rédactionnelles. L’hypot hèse fut émise t imidement par des catholiques : les évangélistes, tout en reproduisant fidèlement les paroles de.lésiis auraient laissé transpirer quelque chose de leurs appréhensions sur la fin prochaine du inonde. Cf. P. Batiffol, L’enseignement de Jésus, p. 28-1285. Voir dans le Dict. apol. de la foi catholique, l’article Fin du monde, qui présente cette hypothèse avec toutes les nuances opportunes [jour l'époque où il fut publié (1909) ; voir surtout la conclusion, col. 19191920. Les non catholiques furent plus catégoriques. L’eschatologie évangélique n’aurait pas appartenu à l’enseignement de Jésus. Wellhausen, Das Evangelium Marci, c. xiii. Les apôtres, imprégnés des idées de leur temps, n’ont pu s’en affranchir : ce sont eux qui ont donné l’interprétation eschatologique aux paroles de Jésus. Cf. Stevens, The Theology of the N. T.. p. 160 ; Bovon, Théologie du Nouveau Testament. La Commission biblique a donné la pensée du magistère à propos des textes relatifs à la parousie dans les épîtres de saint Paul : et elle déclare expressément que sa réponse vaut pour les écrits inspirés des autres apôtres :

1. — Utrum ad solvendas difficultates, quac in epistulis sancti Pauiialiorumqueapostolorum occurrunt, uni de Parousia », ut aiunt, seu de secundo adventu Uomini iiostri Jesu Christi sermo est, exegetacatholico permissum sit asserere, apostolos, licet sut) inspiratione Spiritus sancti nullum doceant errorem proprios nihilominus luunanos sensus exprimere, quibus error vel deceptio subesse possit ? Iiesp. : Négative. 18 juin 1915. Denz.Bannw., n. 2179.

Pour résoudre les difficultés qui se présentent dans les épttres de saint Paul et des autres apôtres, quand il est question, comme on dit, de la parousie >, c’est-adire du second avènement de Notre-Seigneur JésusChrist, est-il permis à l’exégète catholique d’affirmer que les apôtres, bien que sous l’inspiration du SaintEspril ils n’enseignent aucune erreur, ont néanmoins exprimé leurs propres sentiments humains qui ont pu recouvrir une erreur ou wni.illusion ? — Réponse : Non.

Cette première question était suivie de deux autres, lesquelles n’apportent rien d’essentiel au problème de la science du Christ. Elles se rapportent à la pensée de saint Paul, en concordance parfaite avec l’enseignement de Jésus, et à l’interprétation de l’expression grecque ^ueïç oî Çcovteç ol mpû-zmà^izwoi. (I Thess., iv, 17). On en trouvera le texte latin à l’art. Parousie, col. 2053, 2054.

G. Le décret du Saint-Office du 5 juin 1918. — Après la condamnation générale des propositions modernistes, il restait encore, à propos de la science du Christ, un point obscur à résoudre. <>n a relevé plus haut la remarque de Pohle, expliquant, sans l’excuser, l’hésitation de certains théologiens louchant l’existence d’une science bienheureuse dans le Christ, col. 1661, Cette remarque vaut, à plus forte raison, pour expliquer icriaines interprétations plus récentes qui, tout en sauvegardant l’existence de la science bienheureuse dans l'âme du Lin isi. s’efforcent d’en limiter l’exercice ou l’influence en ce qui concerne la connaissance de l’heure et du jour du jugemenl.

Certains en onl restreint l’objet secondaire, tout au moins avanl la résurrection du Sauveur : « Si saint .Mail bien (xxiv, 36) affirme clairement que le Pils ne

sait pas l’heure du jugement, le nier sous prétexte que le Christ savait tout c’est aller contre le principe de saint Thomas. III », q. i, a. 3 : il faut se rendre à l’autorité de l'Écriture. Mais conclure de cette nescience particulière avant la résurrection, que le Christ n’avait pas dès lors la vision béatiflque, c’est un autre paralogisme, car ne peut-on voir l’essence de Dieu, sans pénétrer les secrets de sa volonté? » P. Lagrangc, Revue biblique, 1896, p. 15 1.

D’autres ont pensé que, par rapport à certains objets, l’ignorance peut Être, dans sou humanité, la conséquence d’un renoncement volontaire ».

Ces dernières hésitations ont vraisemblablement Incité le Saint-Otlicc à préciser en quelles limites la doctrine théologique de la science du Christ, considérée en fonction de l’ignorance du jour du jugement, doit être réputée sûre ou non.

Proposito a Sacra CongreLa Sacrée Congrégation

gatione de Seminariis et de des Séminaires et Universi studlorum Universitatibus tés a proposé le doute sui dubio : utrum tuto doceri vaut : peut-on enseigner en

possint sequentes proposisécurité de conscience les

tiones : propositions suivantes :

1. — Non constat fuisse in II n’est pas évident que anima Christi inter hommes l’Ame du Christ vivant parmi degentis scientiam, quam hales hommes ait possédé la beat beat ! seu comprehenscience qu’ont les bienheusores. reux compréhenseurs.

2. — Nec certa dici potest On se saurait qualifier de sententia, quæ statuit anicertaine la doctrine qui e.xmam Christi nihil ignoraclut de l’Ame du Christ toute visse, sed ab inilio cognoIgnorance et qui lui attribue, visse in Verbo omnia, pwedés le début de son existerita, præsentia et futura, tence, la connaissance dans seu omnia qu ; e Deus scit le Verbe de toutes choses, scient la visionis. passées, présentes et futures,

c’est-à-dire de tout l’objet connu par Dieu grâce à sa science de vision.

3. — Placitum quorumL’opinion de certains audam recentiorum de scientia teins récents d’une science animée Christi limitata, non limitée dans le Christ n’est est minus recipiendum in pas moins à accueillir dans scholis cathollcis, quam vêteles écoles catholiques que la

riun sententia de universali. doctrine des anciens touchant sa science universelle. A ces trois questions, la réponse donnée fut négative.

Denz.-Bannw., n. 2l8 : i-2l8°i.

Lin bref commentaire du décret est nécessaire.

1. Il est certain théologiquement (le mot constat l’indique), que l'âme du Christ encore vivant sur cette terre a joui de la vision béatiflque, c’est-à-dire de cette science que possèdent les bienheureux en possession du bonheur céleste.

2. On peut déduire de la deuxième et de la troisième proposition que la doctrine d’une science universelle dans le Christ, comme l’ont enseignée les anciens théologiens, doit être dite certaine. Ainsi le Christ, par sa science humaine, connaîtrait dans le Verbe, et dès le début de son existence terrestre, tout ce que Dieu connaît par sa science de vision. Le texte proposé au

Saint-Office consacre la terminologie même employée par saint Thomas dans la Somme, I'. q. xiv, a. 8. Mais si le Saint-Office accepte qu’on puisse déclarer certaine (certa dici paies !) cette doctrine, il estime par le fait même qu’elle est en réalité une doctrine M’aiment certaine.

3. Mais si celle doctrine des anciens doit être dite ccrlaine, il n’est plus possible d’accorder la moindre probabilité a l’opinion de certains auteurs récents ni de l’accueillir dans les écoles catholiques.

Ainsi se trouvent consacrées les appréciai ions por lécs contre celle opinion nouvelle par des théologiens éminents comme le cardinal Billot : » Vains sont les arguments que les nouveaux exégètes cherchent dans l’histoire évangélique contre la doctrine, vraie et