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    1. SYRO-MALABARE (ÉGLISE)##


SYRO-MALABARE (ÉGLISE). GOUVERNEMENT DES JÉSUITES

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récit de cette visite occupe dans l’édition originale de la lornada les fol. 73-114 ro. Le programme journalier de l’archevêque est fort chargé : dans chaque paroisse visitée il y a évidemment un office liturgique auquel assiste le prélat, avec confirmation de tous les chrétiens qui n’ont pas été confirmés jusqu’alors, souvent plusieurs baptêmes, toujours une instruction au moins, avec lecture des principaux décrets du synode et une exhortation à les observer ; présentation de tous les livres en syriaque, liturgiques et autres, avec mise au feu, séance tenante, des livres condamnés, correction des autres ; désignation des économes paroissiaux, approbation des confesseurs. Ceci est le programme minimum, car, si quelque païen, attiré par la pompe extérieure de la cérémonie, se présente à la porte de l’église, l’occasion est bonne pour commencer aussitôt une instruction catéchétique, d’où résultera, à quelques semaines de là, la grâce aidant, une nouvelle conversion. Si des malades sont indiqués à l’archevêque, il n’hésite pas à les visiter et à lire sur eux quelques passages du saint évangile. Et la visite dura ainsi du début de juillet au 16 novembre, date du retour à Goa. Clément VIII avait envoyé à l’archevêque un bref d’encouragement dès le 1 er avril 1599 ; lorsque ce bref parvint à Menezes sur la fin de son voyage, il lui apparut comme le témoignage de satisfaction de la Providence pour son travail et comme un gage de réussite pour la réforme si difficilement mise en route. Les dispositions disciplinaires du synode de Diamper seront examinées ci-dessous, col. 3151 sq. ; elles ont été l’objet d’amères critiques. Beaucoup, aujourd’hui, demeurent choqués par cette tendance à tout réduire à la mesure des usages de l’Église romaine, qui informa l’œuvre de Menezes et de ses collaborateurs. Elle était certainement contraire aux méthodes que le Saint-Siège recommandait ailleurs, en particulier dans le Proche-Orient asiatique et en Italie même. Jamais Home n’a prescrit de latiniser le rit byzantin, ni le maronite, ni même le chaldéen de Mésopotamie ; et les actes du synode de Diamper — qui est d’ailleurs un simple synode diocésain non soumis par le droit à l’examen de la Curie — n’ont jamais été officiellement approuvés. Cf. G. Beltrami, corrigeant l’affirmation de Pastor, d’après Raulin, Miillbauer et Jann, La Chiesa caldea…, p. 124 sq., n. 83. Parmi les latinisants — il y en a toujours eu, et il y en a encore — les apôtres catholiques du Malabar dans la deuxième moitié du xvie siècle sont probablement les plus excusables. Ils trouvaient, en effet, une chrétienté hérétique, formellement ou matériellement, peu importe, avec des livres théologiques où abondaient les formules erronées, des textes liturgiques douteux, un grand laisser-aller dans toute l’organisation ecclésiastique, une morale relâchée. Comment n’auraient-ils pas eu l’idée d’y appliquer, dans la plus large mesure possible, la réforme tridentine" ? Menezes a pensé qu’il devait agir pour le diocèse d’Angamalé comme saint Charles Borromée avait agi pour l’arehidiocèse de Milan et, s’il y a moins bien réussi, c’est surtout parce que les différences de langue et de rit augmentaient singulièrement la difficulté ; il ne lui a manqué ni le zèle, ni le dévouement.

Les actes du synode d’Udiamperur ou Diamper mit clé publiés pour la première fois à Coïmbre en 1606 sous le titre Synodo diocesano du Igrejae bispado de Angamale dus antigos christaSs de Sam Thome das Semis i/o Mcdcutar das partes du Indie oriental, celebrado pello Reverendissimo senhor ilntn Frey Aleixo de Menezes… un terceyro domingo depois île Pentecoste nus 20. dias do mes de iunho da ern île 1599. n igreja de todos os Santos, nu lugar et Reyno do Diamper… I.i- olume, de 62 fol., est généralement relié avec la lornada du arcebispo de Goa… imprimée la même année..1.-1. Kaolin, ancien général « les ermites de Saint-August iii, traduisit ces actes du portugais en latin, en les taisant précéder d’un

abrégé de la lornada et d’une histoire sommaire du christianisme aux Indes, Ilistoria Ecclesiæ Malabaricæ cum Diamperitana synodo…, Home, 17 15, 18 fol. et 529 p. Les actes proprement dits, qui occupent les p. 59-282, ont été réimprimés par.1.-1). Mansi dans sou supplément à l’édition des conciles de Coleti, Sanclorum conciliorum supplementum, t. vi, Lacques, 1752, col. 1-208. C’est cette impression qui

i été reproduite anastatiquement dans le nouveau.Mansi,

Sacrnrurn conciliorum nova et amplissima collectio, t. xxxv, Paris, 1902, col. 1161-1368. Les actes du synode, en portugais cl en latin, avec les notes de Raulin, se trouvent reproduits dans Bullarium patronatus Portugallia’regum, Appen-dix, t. i, Lisbonne, 1872, p. 1 17-368.

Mathurin Veyssière de La Croze a consacré à la visite de l’arehidiocèse d’Angamalé par Alexis de Menezes et au synode de Diamper les p. 77-328 de son Histoire du christianisme des Indes, La Haye, 1724. Le ton en est tout autre qu’irénique. Le bibliothécaire du roi de Prusse en veut à l’archevêque portugais d’avoir fait disparaître de l’Église du Malabar tout ce qui pouvait la rapprocher de l’Église réformée. W. Germann, Die Kirclie der Thomaschristen, Giitersloh, 1877, p. 380-394, 414-128, a donné une chronique assez détaillée de la double visite de Menezes aux chrétientés du Malabar, avant et surtout après le synode.

IV. Les chrétiens de Saint-Thomas sous la juridiction des jésuites et des carmes. — Il y avait à peine six ans qu’Ignace de Loyola et ses compagnons avaient posé à Montmartre les premiers fondements de la Compagnie de Jésus et l’approbation des premières constitutions n’avait pas encore été publiée, lorsqu’au début de 1540 Simon Rodriguez et François-Xavier furent destinés par Paul III à la mission des Indes. Le premier, il est vrai, s’arrêta à Lisbonne et les deux nouveaux compagnons donnés à François furent par la maladie retenus une année entière au Mozambique, mais l’homme qui débarqua seul à Goa, le 6 mai 1542, avait de telles qualités d’intelligence, d’énergie et de savoir-faire administratif, sans vouloir omettre sa sainteté, que la mission des jésuites aux Indes avait atteint avant la fin du xvi c siècle un haut point de prospérité. Les jésuites, cependant, n’y étaient pas les seuls religieux, car dès les premiers voyages d’exploration avaient afflué prêtres séculiers et missionnaires réguliers, trinitaires, ermites de Saint-Augustin, dominicains, franciscains. Et les jésuites n’avaient pas été les premiers non plus à s’occuper des « syriens » ; le collège de Cranganore, fondé en 1546 par l’archevêque de Goa, le dominicain Jean d’Albuquerque, d’entente avec Mar Abraham, avait été confié aux franciscains, les mêmes qui avaient accueilli à Cochin, sur la fin de sa vie, le vieil évêque Mar Joseph.

Mais, lorsque Mar Abraham vint à disparaître, alors que le Saint-Siège résolut de le remplacer par un prélat occidental, le choix ne pouvait guère porter que sur un jésuite. Dès 1552, en effet, les franciscains avaient renoncé au collège de Cranganore, où en six ans ils avaient réussi à former quatorze prêtres indigènes. Ils ignoraient la langue syriaque et ne s’étaient pas spécialisés dans renseignement, tandis que les premiers disciples d’Ignace, ayant généralement fréquenté les universités, après avoir repris presque dès leur arrivée la direction du collège goanais de Saint-Paul, s’étaient imposés en quelque sorte pour la formation du clergé malabare. Ayant ouvert un collège à Cochin en 1552 et réorganisé en 1587, à Yaïpicota, le séminaire des

syriens », les jésuiles, sans avoir un monopole de droit ou de fait, étaient cependant les religieux qui étaient le plus en contact avec les chrétientés syromalabares. En 1595 leur séminaire de Yaïpicota avait déjà reçu quarante-cinq élèves, dont douze étaient prêtres, trois diacres, dix-huit minorés. P. Du Jarric, Thésaurus rerum indicarum, trad. Martinez, Cologne, 1615, p. 365-370.

Cette situation explique comment Alexis de Menezes avait choisi le P. François Roz, professeur de syriaque