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SYRO-MALABAK1. i KCI.ISK). JUSQU’AU SYNODK ! >K DIAMPKR
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points sensibles au Malabar. Là, comme ailleurs, les prêtres pratiquaient au cours du baptême des onctions et, probablement, certaines d’entre elles appartenaient au rito essentiel de la confirmation. Mais, comme dans les Églises orientales les prêtres administrent la confirmation dans la même cérémonie que le baptême, on conçoit facilement que dos prêtres et des fidèles peu instruits n’aient pas su faire la distinction entre les deux sacrements. A notre époque même, après que le Saint-Siège a formellement interdil de confirmer les dissidents qui ont reçu régulièrement le baptême des ministres ordinaires de leurs Églises, on trouve encore des prêtres latins qui hésitent. Les missionnaires portugais sont donc excusables et ils avaient en outre une raison positive de considérer les
syriens du Malabar comme n’ayant pas reçu la confirmation, c’est que les onctions, au baptême, étaient faites par les cassanares (nom local des prêtres. Katanar) non pas avec du saint chrême à base d’huile d’olive consacré par l'évêque, matière obligatoire de la confirmation, mais avec de l’huile de coco ou de palme, qui n’avait été soumise à aucune consécration, si i iipi-.'.-.ta. eu I influents des jésuites itait grande, les fidèles se présentèrent en grand nombre pour la confirmation, ailleurs l’invitation de l'évêque fut mal reçue et la question de la confirmation, dont l’institution par Notre-Seigneur était niée par les réfractaires, devint la matière d'âpres discussions.
Le lendemain de son arrivée, tandis que Menezes assistait à l’office chaldéen, son attention fut attirée sur le fait qu’on y priait pour le patriarche de Babylone. en lui attribuant le titre de pasteur universel de l'Église chrétienne ». C'était l’usurpation évidente d’un titre qui convenait au seul pape de Rome, '.n outre, ce patriarche n'était-il pas nestorien ? Non. sans doute, Simon IX Denhâ était catholique, confirmé à Rome le 16 juin 1581, cf. art. Nestorienne (Église), col. 230, 263, mais le savait-on aux Indes, ou y affectait-on de tenir pour nestorien tout ce qui venait de Mésopotamie ? L’archevêque de Goa craignit de scandaliser les partisans de Rome en assistant à des offices où le clergé mentionnerait un hérétique : après avoir assisté à l’office chaldéen une deuxième fois, il fulmina l’excommunication / « /asententiæ contre quiconque nommerait encore le patriarche de Babylone, enjoignant à tous de nommer le pape. Cette déclaration provoqua un tumulte. Un nouveau thème de discussion surgit, qu’il fallut ensuite traiter à chaque étape : y a-t-il dans l'Église plusieurs lois pouvant s’opposer, en particulier une loi de saint Lierre et une loi de saint Thomas, ou bien une seule loi du Christ, adoptée par tous les apôtres ?
Après Vaïpicota : Paru, Mangate, Chegeree, Canhur. L’archidiacre, qui aurait dû accompagner l’archevêque, s'était retiré eu la résidence d’Anganialé. après avoir recommandé a ses prêtres de recevoir Menezes avec honneur, mais comme un évêque étranger, de passage dans leurs chrétientés. l’ourlant le siège était vacant depuis deux ans, et la nomination qu’on attendait de Rome n’arrivait pas. Menezes estima qu’il était temps de procéder à une ordination et convoqua les ordinands a Diamper pour le samedi de la Passion. Il invita aussi l’archidiacre Georges, comme administrateur du diocèse, mais celui-ci, fort du bref de Clément VIII, protesta contre l’acte de juridiction que Menezes se préparait a faire. Le pape n’avait pas donné à l’archevêque de Goa une juridiction quelconque sur les syriens. prétendait l’archidiacre, mais seulement sur les latins. Résolu a défendre ses privilèges. Georges fulmina a son tour une excommunication lotir sententiæ contre ceux qui se feraient ordonner
par l’archevêque, leur annonçant qu’ils ne seraient jamais admis dans le clergé d’Angamalé et menaçant
même de mesures coercitives les membres de leurs familles. L’archevêque passa outre et ordonna trentehuit prêtres, après les avoir examinés, en particulier sur leur connaissance de la langue syriaque, après leur avoir fait émettre la profession de foi de Lie IV, jurer obéissance au pape et renoncer aux erreurs des nestoriens, ainsi qu'à l’obédience du patriarche de Babylone.
Le vendredi avant les Rameaux, l’archevêque arrivait à la grosse chrétienté de Caturte, où il avait décidé de faire les offices de la semaine sainte. Mais les prêtres de la ville s’inquiétèrent en apprenant que l’archevêque entendait pontifier et administrer lui-même les sacrements. Ils escomptaient un beau bénéfice de la communion pascale, car l’usage était établi que chaque fidèle en s’approchant de la 'fable sainte offrait au célébrant un fanon (= 1/8 de roupie). Ils firent exposer leurs doléances à la souveraine du pays, la reine Pimenta, et celle-ci fit enjoindre à Menezes de partir dans les trois jours. On avait représenté à la reine que l’archevêque détournerait d’elle ses sujets chrétiens ; il répliqua que, bien au contraire, il prêchait à tous d'être soumis aux puissances légitimes et il revendiqua la liberté d’officier, en s’appuyant sur les privilèges des chrétiens de Saint-Thomas, à qui les souverains du pays reconnaissaient depuis 1500 ans le droit d’avoir des chefs religieux venus de l'étranger.
Menezes, pour impressionner davantage les gens de Caturte et leur faire apprécier la splendeur des cérémonies latines, avait fait venir des chanteurs de Cochin. A partir du mercredi saint, les offices eurent lieu, en latin d’abord, en chaldéen ensuite, dans l'église principale et l’archevêque assista à la double série des fonctions liturgiques, pour montrer à tous qu’il avait juridiction sur les syriens, aussi bien que sur les latins. Après les ténèbres du mercredi soir, l’archevêque réunit les cassanares et leur expliqua la signification des saintes huiles, dont la consécration devait avoir lieu le lendemain et en telle quantité que toutes les églises pourraient en être pourvues. Le jeudi saint, après la consécration des huiles et la célébration de la messe pontificale, le saint sacrement fut placé dans un reposoir somptueusement orné, à la grande édification du peuple fidèle, qui n’avait jamais vu rendre de pareils honneurs à la sainte eucharistie. L’après-midi eut lieu la cérémonie du mandatum et c’est aux cassanares que l’archevêque lava les pieds. Lorsqu’on vit le prélat portugais, en chape et mitre, s’agenouiller devant chacun des prêtres indigènes, laver et baiser leurs pieds, la foule frissonna, émue par tant d’humilité, et plusieurs des prêtres pleurèrent. La cérémonie du vendredi saint, avec l’adoration de la croix, améliora encore les dispositions des chrétiens de SaintThomas, très dévots à la croix ; aussi, lorsque l’office des ténèbres fut interrompu pendant la lecture de la premièie leçon du deuxième nocturne par l’entrée du prêtre, qui avait organisé la révolte, suivi de gens armés, le peuple et le clergé, loin de vouloir s’associer à une manifestation hostile, l’entourèrent et l’amenèrent devant l’archevêque, l’encourageant par tous les moyens à implorer son pardon, lit, si le malheureux révolté refusa de se soumettre, son geste n’en fut pas moins bienfaisant, car, après la cérémonie, les nobles et les prêtres se présentèrent en bloc à Menezes pour lui protester de leur entière soumission.
Ainsi Caturte fui la première communauté complètement ralliée. D’autres suivirent dans le cours des semaines suivantes, dont les deux plus importantes furent Molandurte et Diamper. Il était évident que le parti proromain allait l’emporter..Menezes en profita pour faire approcher de nouveau l’archidiacre par un prêtre qui lui donnait toute confiance et la réponse
fut favorable. L’archevêque s’empressa de lui faire