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SYRO-MALABARE ÉGLISE). ARRIVÉE DES PORTUGAIS


un premier contact, introduisant aux Indes pour y former une colonie chrétienne durable un groupe de tidéles provenant de Jérusalem, Bagdad et Ninive, avec des diacres et des prêtres, ainsi que le métropolite qui avait eu la vision. Les mérites du marchand hierosol initain ne s’arrêtent pas là : il aurait encore obtenu du souverain local le territoire où fut bâtie la ville île Kuramaktur et l’octroi de privilèges, dont le texte gravé sur des plaques d’airain aurait malheureusement péri, lorsque les Portugais eurent décidé de transporter ces plaques au Portugal. Telle est la tradition dans son état actuel : Gouvea la présente un peu différemment, racontant que le marchand aurait eu simultanément deux demeures, au nord et au sud de la rivière qui divise la ville de Cranganore, avec sa véritable épouse au sud, et une concubine au nord. Les enfants de ces deux femmes auraient été la souche des deux groupes, sudiste et nordiste, avec les conséquences que l’on devine, sur le plan des castes. J.-S. Assémani, qui a connu ladite histoire, la rapporte à l’arrivée dans l’Inde, vers 825, de l'évêque Thomas Cana, et pense que ses épouses étaient les deux villes de Cranganore et d'Ângamalé, sur lesquelles s’exerçait sa juridiction. Biblioth. orient., t. m b. p. ccccxli sq. S. Giamil, placé en face du texte de Leyde et des explications d’Assémani, a conclu logiquement à deux missions, celle du marchand Thomas de Jérusalem, qu’il complète en attribuant le nom de Joseph au métropolite anonyme d'Édesse, et celle de Thomas Cana, évêque en 800. Op. cit., p. 578-582. A. Mingana dit aussi que s’il y a quelque réalité dans la mission du marchand de 345. ce qui est douteux, il faut certainement le distinguer de l'évêque Thomas Cana. The earty spread of Christianily in India, p. 476, n. 1.

Dans les documents mésopotamiens, qui illustrent si bien ce que fut l'Église de Perse dans le premier quart du ve siècle, art. Nestorienne (Église), col. 171-173. il n’y a aucune allusion aux chrétientés de l’Inde. Voici donc, en résumé, ce qu’on doit pouvoir affirmer sur l’origine du christianisme aux Indes, et plus spécialement sur la côte du Malabar : une évangélisation ancienne, dont rien n’oblige à exclure le nom de l’apôtre saint Thomas, certainement antérieure à la fin du IIe siècle, probablement en relations étroites avec Édesse, comme l’insinuent la rédaction dans cette ville ou aux environs des Actes de JudasThomas et la présence aux Indes d’un évangile araméen ou syriaque. Les chrétientés de l’Inde ne furent rattachées définitivement au siège de Séleueie-Ctésiphon que vers 450, lorsque l'Église mésopotamienne eut été elle-même fortement constituée.

Sur les Actes de Judas-Thomas, voir Apocryphes du Nouveau Testament, dans Supplém. au Dictionn. de tu Bible, t. i, col. 501-504, En plus des ouvrages généraux, qui seront mentionnés a la fin de l’article : L.-M. Zaleski, The apostle Si. Thomas in India, Mangalore, 1912 ; Les origines du christianisme aux Indes, Mangalore, 1915 ; The Suints oj

India, Mangalore, 1915 lies trois ouvrages composés dans

un simis strictement traditionnel) ; A.-E, Medlycott, India and the apostle Thomas, an inquiry, with a crilical analysis

<>l the Acta Thomas, Londres, 1905 ;.1. I>ahlmann, Die

Thomas-Legenden and die Sltesten historischen Beziehungen des Christentums zu/n fernen Osten im Lichte <li-r indischen Altertumskunde (107. Ergânzunghefl zu den Stimmen ans Maria-Laach), Fribourg-en-B., 1912 ; A. Vâth, Der heiltge Thomas der Apostel Indiens, Eine Untersuchung ûber <i<-n historischen Gehaltder Thomas-Légende, dans. t bhandlungen mis Missionskunde und Missionsgeschichte, f ; isc. I, Aix-laChapelle, 1925 ;.i.-N. Farquhar, The apostle Thomas in Sortit India, dans Bulletin « / the John Ryûmds Librarg, t. x, 1926, ». 80-111 ; The apostle Thomas in South India, ibid., t. xi, r.127, p. 20-50.

IL L'Église syro-malabare de 150 l’arrivée

des Portugais. — Le sujet a été traité dans l’article

Nestorienne (Église), col. 195-199. Le point de départ, pour cette période, est le texte de Cosmas lndicopleuslès : les textes syriaques sont fort peu nombreux et, limités à de brèves mentions, ne contiennent aucun détail sur l’histoire des chrétientés indiennes. Aux allusions d’Iso’yabb 1Il et de Timothée b' r. col. 197 sq., on peut ajouter toutefois la mention du métropolite des Indes, au dixième rang, avant celui de Chine, dans 'Abdiso'. J. S. Assémani, llibl. orient., t. m a, p. 340 sq. ; cf. A. Mai, Script, vet. nova collectio, t. x a, Home, 1838, texte p. 304, trad.. p. 142. Les seuls événement s connus par la tradition locale sont ceux exposés dans l’article cité, col. 198 sq., l’arrivée de Thomas Cana et de son groupe, dans le cours du VIIIe siècle ou au commencement du IXe, et celle des évêques Sapor (ou Sabriso') et Péroz. Les deux chartes sur plaques de cuivre, qui sont peut-être à mettre en relation avec ces arrivées, et les trois croix à inscriptions pehlvies, ibid., col. 198, constituent le très maigre témoignage archéologique de la survivance des chrétientés indiennes pendant le Moyen Age. Il convient d’en rapprocher le ms. Vatic. sijr. 22, écrit à Sengate-Cranganore en 1301 (colophon du 4 juin 1612 des Séleucides), qui donne, avec le nom du catholicos Mar Yahballâhâ III, celui du métropolite des Indes, nommé Jacques. Le copiste se donne comme son disciple, et, bien qu’il se déclare inhabile, son écriture est limpide et démontre une tradition correcte ; cf. E. Tisserant, Specimina codicum orientalium, Rome et Bonn, 1914, pl. 34 a ; sur le ms., cf. J.-S. et É.-É. Assémani, Bibliothecæ apostol. Vatic. codicum mss catalogus, t. ii, Rome, 1758, p. 187 sq. ; G. Levi Délia Vida, Ricerche sulla formazionc del più anlico jondo di manoscritli orientali délia biblioleca Vaticana, dans Studie testi, n. 92, Cité du Vatican, 1939, p. 176, 187-189.

On a prétendu, et avec une particulière autorité le P. Schurhammer, The Malabar Church and Rome during the early Portuguese period and bejore, Trichinopolꝟ. 1934, p. 25-42, que les chrétiens des Indes, au cours du Moyen Age, n’ont pas cessé d'être catholiques. Si l’on entend par là que, très peu instruits des doctrines théologiques, ils n’ont pas été formellement hérétiques, ayant toujours cru, par exemple, à la primauté du siège de Rome, nous n’y contredirons pas, faute de textes. Mais on ne peut nier que, à partir du catholicos Babaï, les Syriens orientaux, et donc aussi les évêques mésopotamiens qui gouvernèrent les chrétientés de l’Inde et leurs prêtres, n’aient accepté les formules nestoriennes. Leurs livres liturgiques, qui évitaient l’expression « Mère de Dieu » et commémoraient Théodore de Mopsueste, Diodore et Nestorius, témoignent contre eux. Comme, d’autre part, ils étaient isolés des autres groupes chrétiens, vivant au milieu d’une énorme majorité de païens et de musulmans, on comprend qu'à l’arrivée des Portugais ils se soient considérés comme appartenant à la même Église qu’eux. Il fallut plusieurs années pour qu’avec une connaissance réciproque plus approfondie les divergences doctrinales se manifestassent.

Pour compléter les rares données des textes orientaux connus, il a paru utile de réunir ici les témoignages occidentaux sur les chrétientés des Indes. Le premier témoin est le moine gaulois Théodore, qui informa Grégoire de Tours, ci-dessus, col. 3090. Il a vu à Mylapore une grande église richement ornée, desservie par des moines, ce qui suppose une chrétienté florissante : Monasterium habetur et templum mine magnitudinis diligenterque ornatum alque compositum. Viennent ensuite, dans divers textes anglais, Medlycott. India and the apostle Thomas, p. M ».SI. de simples allusions à L’ambassade que le roi d’Angle terre. Alfred le Grand, envoya porter ses présents a la tombe de saint Thomas en 883, et l’on arrive aux