Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

1641 SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. [EXPLICATIONS DES PÈRES 1642

inaccessible aux anges eux-mêmes. Epist., viii, n. 6-7, col. 250 A '.."> : A.

Dans la lettre ccxxxvi à Amphiloque, d’authenticité indiscutée, Basile établit deux principes de solution. D’une part, l’ignorance affirmée par le Fils montre que le l'ère seul est le principe de cette connaissance, et le Fils ne connaît le jour du jugement que parée que le Père le connaît. P G-, t. XXXII, eol. 870 B. Le Fils ne saurait d’ailleurs être rangé avec ses serviteurs parmi ceux qui ignorent. Col. 880 A. D’autre part, sans s'écarter de la saine doctrine, on peut expliquer l’ignorance par 1' économie (l’incarnation). Col. S77 C. Basile fait iei remarquer la différence de Matthieu, qui ne nomme pas le Fils, et de Mare qui en fait mention (voir ci-dessus, eol. 1631) ; mais cette omission importe peu.

Dans le 1 livre contre Eunomius, c. iii, le pseudoBasile esquisse une solution plu, précise. Le Fils connaît le Père et donc ne peut rien ignorer : en lui sont t> us les trésors de la sagesse et de la science. L’ignorance du dernier jour est donc une simple réticence, pour ne pas dévoiler ce qui aurait pu diminuer la piété et le zèle des hommes. P. G-, t. XXIX, col. 696 P.C.. Sur l’attribution probahle de ce livre à Didyme, voir G. Bardy, Didgme l’Aveugle, Paris. 1910, p. 23-27.

Saint Grégoire de Nazianze. — Ce Père s’appuie sur le même principe que le pseudo-Basile pour dire que le Fils n’ignore pas le jour du jugement, dont il a même décrit les signes avant-coureurs. Mais cette science, il l’a comme Dieu et non comme homme. Orat., xxx (theol. iv), n. 15-16, P. G., t. xxxvi. col. 121 AC. A.issi Grégoire ernploie-t-il ici le mot Fils (oiôç) d’une façon absolue et non « le Fils de Dieu » (ô uiôç toû ©soù). Cet emploi absolu de uloç est d’ailleurs emprunté à saint Athanase, Orat., ni, n. 43 et se retrouve chez saint Ambroise, De p.de, 1. Y, c. xviii, n. 221 et chez saint Cyrille d’Alexandrie (voir plus loin, col. 1643), Thésaurus, ass. xxii. Ce texte de saint Grégoire deviendra classique dans la théologie grecque ; on insistera particulièrement sur la réserve : av tic tô çxlvôuevov yiopiar, toû vooLiévou (si l’on sait séparer l’apparence de ce qu’il faut comprendre). Kuloge d’Alexandrie et Jean Damascène l’interpréteront en ce sens que l’ignorance ne convient à l’humanité du Christ que si, par abstraction, on l’isole de la divinité, et cette inteiprétation paraît très légitime. Cf. Clore, The conseiousness o our Lord in his morlal life, dans Disserlatil ns on subfects connected with the Incarnation, 3e edit., Londres, 1897, p. 126 et note 2 ; Schulte, op. cit., p. 53. A ceux que ne satiferait pas cette solution, saint Grégoire en propose une autre : le Christ a voulu signifier que le Père était la source unique de cette connaissance. Ibid., n. 16, col. 124 G. J. Lebrcton, p. 56 1.

Saint Grégoire de Nyssc. — Afin de prouver la réalité de l’humanité totale du Christ contre Apollinaire, il afliime positivement l’ignorance dans l'âme du Christ : le Christ a souffert la faim, la soif, l’ignorance, et par conséquent il y a en lui autre chose que la divinité. Adv. Apollinarem, xxiv. p. G., t. xlv, col. 11731176 : cf. xxviii, col. 1185 ; Centra Eunomium, 1. VF col. 736 BD.

L 's autres Pères grecs de cette épique rejettent généralement l’explication de l’ignorance véritable pour s’en tenir a une ignorance apparente dans l'àm du Christ : Poux Didume V Aveugle, le Chrbt a refusé de révéler ce qu’il nou, était utile d’ignorer, mais lui. Connaissant le Père, connaissait « le jour et l’heure. l)c Trinilate, t. III, c. xxxih ; cf. In ps. LXVlii, n. 6, /'. G., t. xxxrx, col. 916-921, 1453 A. Voir ci-dessus : pseudo-Basile. Amphiloque rapproche, lui aussi, la (i( nce du Fils de celle du Pc I. Fils ne saurait

pas. si I l'ère ne savait. Fragm., VI, /'. G.. I. i. col. 104.

Dans l’Ancoratus, P. G., t. xliii, saint Épiphane

pose en principe la perfection de la science du Christ : puisque le Fils connaît parfaitem 'lit le Père, la science du Père est celle du Fils ; connu mu donc le MK pour rait-il ignorer les moindres vérités '.' N. 16, col. ll-lô. Alors, comment interpréter l’ignorance du dernier jour '? N. 19, eol. 52 D. L'Écriture nous enseigne l’exis tence d’une double connaissance spéculative, n. 20, col. 53 ; or, le Fils connaît le dernier jour de cette connaissante spéculative, mais pratiquement il ne le connaît pas encore et doit attendre le jour du jugsment. Col. 56-57. Même doctrine dans le Panarion : Hser., i.xix, n. 43-47, t. xi.n, col. 269-276. Sur le progrès dans la science du Christ, voir ci-dessus, col. 1636. On retrouve la distinction proposée par saint Grégoire de ' Nysse dans le Dialogue attribué faussement à Césaire, frère de Grégoire de Nazianze. 1. n. 20, /'. G., t. x.xxviii, col. 876-880.

Saint Jean Chrysostome, lui non plus, n’admet aucune ignorance du dernier jour dans l'àm ? du Christ ; celui « en qui sont tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col., Il, 3) ne p.-ut ignorer ce jour ; mais il a voulu détourner les disciples de toute interrogation. In Matth., hum. i.xxvii, n. 2, P. G., t. lviii, col. 703 ; cf. In Joannem, hom. xlvii, n. 2, t. lix, col. 265-266.

b) Pères latins. — Les Pères latins de cette époque dépendent beaucoup des grecs dan ; l’interprétation de Marc., xiii, 32 ; la plupart nient toute ignorance réelle. Saint Hilaire estime que « savoir » éepuivaut à « faire savoir », si le Fils ne sait pas, c’est qu’il entend se taire. Ainsi pas d’ignorance dans le Fils, ce serait faire injure au Père. Comme le Père, le Fils a la prescience de tout. Rien n'échappe à celui qui a, renfermés en lui, tous les trésors de la sagesse et de la science. Dieu ne connaît pas ce qu’il ne veut pas connaître. Ainsi le Christ, n’ignorant rien de ce qui concerne la « dispensation » (incarnation), parle comme s’il ne savait pas ; il conserve sa science cachée parce qu’il ne la veut pas communiquer. De Trinilate, t. IX, n. 71-73, P. L., t. x, col. 335-340. Deux passages (mais d’authenticité douteuse) semblent attribuer à l’humanité du Christ l’ignorance, comme un défaut inhérent à la nature humaine. Ibid., t. IX, n. 75 : t. X, n 8, col. 341 B-343 A. 348 BC.

Saint Ambroise, on l’a vii, col. 1637, semblait admettre, dans le De fide, une science pai faite en Jésus Christ, rejetant l’opinion cjui conçoit la possibilité d’un progrès, à plu, forte raison d’une ignorance. Au I. V, n. 193 sq., il fait observer, comme saint Basile, l’absence du mot « Fils » dans le texte de saint Matthieu, col. 716. L’opinion écartée dans le De fuie est aeloptée dans le De ine.arnationc. Dans le commentaire sur saint Luc, postérieur à ces deux ouvrag 's, Ambroise écarte toute ignorance, mais voit la source de la science parfaite du Christ non dans l’humanité, mais dans la divinité. In Lucam, t. VIII, n. 34-36, P. L., t. xv, col. 1775.

Saint Jérôme. — Le Christ connaît le dernier jour, lui qui « fait tous les temps > et connaît le Père. Mais parce que « tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés en lui », ce secret en particulier y est caché. parce que sa révélation serait nuisible aux apôtres. In Matth., I. IV, e. xxiv, v. 36, /'. L., t. xxvi, (édit. de 1866) col. 188-189 ; cf. In Marc., c. xiii, v. 32, dans Anecdola Maredsol. t. m 6, p. 365 sq. (cf. Rouël M Journel, Enchiridion patristicum, n. 1410). Une cm firmation de la science pu faite (kl Christ est la COn

naissance qu’il a des péchés commis par les a< leurs de la femme adultère. Diaf. adv. pslag, I. II.

n. 17, P. I… t. xxiii, col..">79. L’ignoranc du d rniei jour a été ail setée p '"' donner lieu o un acl d ta