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SYLLABUS. PROPOSITIONS 1-8


noît XIV, Pie VI, Pie VII, Léon XII, Grégoire XVI et Pie IX, citées dans l’encyclique et le Syllabus du 8 décembre 1864, Paris, 1865 ; nous citerons d’habitude ce dernier ouvrage.

Les propositions ne se présentent pas sans ordre ; elles sont groupées en dix chapitres inégaux de longueur et d’importance ; elles sont toujours suivies de l’indication de leurs sources.

§ 1. Pantheismus, naturalismus et rationalismus absolutus.

1. Nullum supremum, sapientissimum, providentissimumque numen divinum exsistit ab hac rerum universitate distinctum, et Deus idem est ac rerum natura, et idcirco immutationibus obnoxius ; Deusque reapse fit in homine et mundo, atque omnia Deus sunt et ipsissimani Dei habent substantiam : ac una eademque res est Deus cum mundo, et proinde spiritus cum materia, nécessitas cum libertate, verum cum falso, bonum cum malo, et justum cum injusto.

2. Neganda est omnis Dei actio in homines et mundum.

§ 1. Panthéisme, naturalisme et rationalisme absolu.

1. Il n’existe aucune divinité suprême, pleine de sagesse et de providence, qui soit distincte de l’universalité des choses ; et Dieu est la même chose que la nature, assujetti par conséquent aux changements. Dieu par là même se fait dans l’homme et dans le monde, et tous les êtres sont Dieu et ont la propre substance de Dieu. Dieu est une seule et même chose avec le monde et, par suite, il n’y a pas de différence entre l’esprit et la matière, la nécessité et la liberté, le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste.

2. Il faut nier toute action de Dieu sur les hommes et sur le monde.

Ces deux premières propositions sont extraites textuellement de l’allocution Maxima quidem, prononcée par Pie IX au consistoire du 9 juin 1862, devant les cardinaux, archevêques et évêques réunis à Rome pour la canonisation des martyrs du Japon. Cf. Recueil…, p. 456-458. Les erreurs signalées ont été ensuite solennellement condamnées au concile du Vatican. Const. De fide catholica, c. i, Denz.-Bannw., n° 1782-1784, et canons, ibid., n° 1801-1805. Il y a un Dieu distinct du monde, éternel et immuable, qui a créé le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment et qui gouverne les hommes par sa providence.

3. Humana ratio, nullo prorsus Dei respectu habito, unicus est veri et falsi, boni et mali arbiter ; sibi ipsi est lex, et naturalibus suis viribus ad hominum et populorum bonum curandum sufficit.

4. Omnes religionis veritates ex nativa humanae rationis vi dérivant ; hinc ratio est princeps norma qua homo cognitionem omnium cujuscumque generis veritatum assequi possit ac debeat.

3. La raison humaine, sans avoir aucun compte à tenir de Dieu, est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal ; elle est à ellemême sa loi et elle suffit, par ses forces naturelles, pour procurer le bien des hommes et des peuples.

4. Toutes les vérités de la religion dérivent de la force native de la raison humaine ; par conséquent, la raison est la règle souveraine d’après laquelle l’homme peut et doit acquérir la connaissance des vérités de n’importe quelle espèce.

C’est encore de la même allocution du pape qu’est tiré le texte du Syllabus ; mais déjà Pie IX avait condamné des erreurs analogues dans l’encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846 et l’encyclique Singulari quidem du 9 juin 1862. Cf. Recueil…, p. 172 et 362. l.a seconde partie de la proposition 4, hinc ratio de… n’est qu’une conséquence du principe posé dans la première.

5. Divina revelatio est im- 5. La révélation divine est perfecta, et idcirco subjecta imparfaite et, par consécontinuo et indelinito proquent, elle est sujette à un

gressui, qui humanæ rationis progrès continuel et indéfini progression ! respondeat. correspondant au développe ment de 1 a raison humaine.

La proposition 5 répète une condamnation déjà portée plusieurs fois contre les affirmations de Gùnther. Cf. décret de l’Index, du 8 janvier 1857 ; bref aux archevêques de Brestau et de Cologne, Denz.-Bannw., n° 1655-1658 ; allocution Maxima quidem citée supra, (proposition 1). Puisque, disait Giinther, la raison humaine est capable de comprendre toutes les vérités révélées, l’intelligence de ces vérités ira sans cesse en se perfectionnant. Grâce aux progrès des sciences et de la philosophie, on parviendra à donner aux dogmes un sens nouveau, autre que celui qui leur est attribué jusqu'à présent. Le concile du Vatican a réprouvé formellement cette doctrine, en affirmant que les définitions de l'Église sont infaillibles et expriment une vérité immuable. Sess. iii, c. iv, De fide et raiione, Denz.-Bannw., n° 1800, 1818. Cf. sur Giinther, A. Vacant, Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 131 sq. ; et ici l’art. Dogme, t. iv, col. 1637.

6. Christ i fides humanæ 6. La foi du Christ est en refragatur rationi, divinaque opposition avec la raison revelatio non solum nihil humaine ; non seulement la prodest, verum etiam nocet révélation divine ne sert de hominis perfectioni. rien, mais elle nuit à la per fection de l’homme.

La proposition 6 est composée de deux membres de phrase ; le premier est tiré de l’encyclique Qui pluribus ; le second, de l’allocution Maxima quidem. Cf. supra, propositions 4 et 1, et pour le texte, Recueil…, p. 172 et 457. A force d’exalter la souveraineté de la raison humaine, on en arrive à rejeter toute révélation. Le pape, dans les documents d’où cette proposition est extraite, répond qu’il ne peut y avoir ni opposition ni contradiction entre la raison et la foi, « parce que l’une et l’autre émanent et arrivent jusqu'à nous de ce Dieu très excellent et très grand, qui est la source de la vérité immuable et éternelle… C’est à une droite raison que la vérité de la foi emprunte sa démonstration, son soutien et sa défense les plus sûrs ; la foi de son côté délivre la raison des erreurs qui l’assiègent ; elle l’illumine… par la découverte des choses divines, la confirme et la perfectionne ». Sur l’histoire de cette erreur du rationalisme au xixe siècle, cf. art. Foi dans le Dictionn. apolog. de la foi cathol., t. ii, col. 63 sq ; et ici l’art. Rationalisme, t. xiii, col. 1765 sq.

7. Prophétise et miracula in sacris litteris exposita et narrata sunt poetarum commenta, et christianæ fidei mysteria philosophicarum investigationum summa ; et utriusque Testamenti libris mythica continentur inventa, ipseque Jésus Christus est mythica fictio.

7. Les prophéties et les miracles exposés et racontés dans les Livres sacrés sont des fables de poètes ; les mystères de la foi chrétienne sont le résultat d’investigations philosophiques ; dansles livres des deux Testaments sont contenues des invent ions mythiques, et Jésus-Christ lui-même est un mythe.

Cette proposition est extraite de l’allocution Alaxima quidem ; cf. supra, proposition 1 ; les erreurs qu’elle signale ont été condamnées par le concile du Vatican, const. De fuie catholica, en particulier dans le canon 4, Denz.-Bannw., n. 1813.

§ 2. Rationalismus moderatus.

8. Quum ratio humana ipsi religioni œquiparetur, idcirco théologies disciplina ; perinde ac philosophie » tractandæ sunt.

§ 2. Rationalisme modéré.

8. Comme la raison humaine est égalée à la religion elle-même, les disciplines théologiques doivent être traitées de la même manière que les disciplines philosophiques.