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1635 SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. i : PI.ICATIONS DES PÈRES L636

Saint Augustin. Pour Augustin, l’homme que portait la Sagesse divine elle-même > diffère des autres justes en ce que CeUX-ci ne voient le Seigneur que dans un miroir et en énigme (cf. I Cor., xiii, 12), tant que leur âme, par la dissolution du coips.n’est pas libérée de tout péché et de l’ignorance : niais le Christ qui n’a pas commis le péché, est le seul à qui dans la chair rien ne pouvait être caché. De diversis quæst. i.xxxiii, q. i.xv. /'. L., t. xl, col. 60. Noir aussi De pecc.meritis et remissione., t. I, c. xxxi, n. 60, t. xi.iv, col. 144.

Saint Jérôme. Aucun homme, excepté celui qui

pour notre salut a daigné prendre notre chair, n’a eu la pleine science et la pleine certitude de la vérité. » Epist., i. n. 1."). /'. /… t. xxii, col. 159. Si Jérôme fait une exception, parmi les hommes, en faveur de l’Homme-Dieu, il semble bien que la science dont il parle ici soit une science humaine et non divine. En sens contraire Galtier, De incarnatione, p. 259, note -I.

Saint Fulgence. — Ses formules méritent attention et demandent quelque explication. Dans sa lettre xiv à Ferrand, q. iii, n. 26, il affirme que l'âme du Christ connaissait tout le Fils et par conséquent également tout le l'ère. I)e quelle science s’agit-il ? De la science divine communiquée à l'âme humaine en raison de l’union hypostatique '? (".'est l’interprétation de P. Galtier, op. cit.. ]). 270, note 1, après Stentrup, Christologia, t. n. th. 72 et Ruiz, Descientia Dei, disp. VI, sect.2, h. 14. Il si mhle ci pendant qu’on puisse l’interpréter de la science de vision béatilique, encore confusément envisagée. On trouvera une très ample discussion de la pensée de Fulgence dans Thomassin, De incarnatione, I. VII, c. i-ii.

Euloge d’Alexandrie. — De Joa., xvi, 15, cet auteur conclut que l’humanité du Christ a la science même qui appartient à Dieu le Père. Cité par Photius. Ccd., cc.xxx, P. C, t. ciii, col. 1081 A.

Maxime le Confesseur aboutit à la même conclusion, en comparant l’humanité du Christ unie au Verbe au fer plongé dans le feu et prenant les propriétés du feu. Quæstiones et dubia, q. lxvi, P. G., t. xc, col. 837 D840 A. Même remarque de P. (laitier sur ces deux textes que sur le texte de Fulgence. II n’en reste pas moins vrai que, dans ces formules, encore vagues, on trouve une indication en faveur de la doctrine que déjà le génie de saint Augustin avait su préciser.

Suint Jean Damascène est peut-être celui des Pères grecs qui a le plus clairement entrevu la solution théologique. Il enseigne que l’humanité du Christ, bien que par sa nature esclave et sujette à l’ignorance, ne peut cependant, en raison de l’union hypostatique, être esclave et ignorante des événements futurs. En raison de cette union avec le Verbe, elle a été enrichie de la connaissance des futurs comme elle fut enrichie d’autres divines merveilles, (koo-7 ; fi.eÎMv. De fuie orth., 1. III. c. xxi, P. C, .. t. xciv, col. 1084 B-1085 A. L’unité personnelle est donc la raison pour laquelle, nonobstant l’esclavage et l’ignorance naturelle à l’humanité, nous devons affirmer - que ce Christ un, à la fois Dieu et homme, est le maille et le Seigneur de toute créature et sait tout. lbid., col. 1085 C.

Sans doute, com nie le fa il justement observer P. (laitier, op. cit., p. 270, la distinction entre science incréée et science humaine est encore ici dans une certaine obscurité ; l'œuvre de précision théologique, si heureusement amorcée par Augustin, sera reprise par les théologiens postérieurs.

2° Le progrès dans lu science du Christ. Les Pères interprètenî assez différemment Luc, ii, 52, quant au

progrès affirmé dans la science (sagesse) du Christ.

i nanimt ment ils confessent que le progrès ne saurait exister que dans la science que le Christ possédait en tant qu’homme. Origine est le premier que nous rencontrions, Son

interprétation de Luc, ii, 52 est dépendante « le sa conception de l’ignorance du Christ. Il l’explique d’une imperfection humaine librement acceptée par le Christ. Car personne ne progresse s’il est parfait : celui qui progresse a besoin d’acquérir quelque perfection. Dx Jeremiam, hom. i, 7, I'. G., t. xiii, col. 264. Ce progrès dans la sagesse a été la contre-partie de cet anéantissement volontaire : si l’enfant Jésus a pu croître en sagesse, c’est qu’auparavant il s’en était dépouillé et qu’il fallait la reprendre. Di Lucam, hom. xix, ibid., col. 1849 C. Il y a donc un progrès réel de l'âme du Christ. Cf. hom. xx, col. 1853 H ; lu Matth., tommentur. séries, xiii, col. 1686-1688.

Saint Athanase se demande comment pouvait progresser en sagesse et en grâce celui qui confère la grâce aux autres. Le Verbe, répond-il, ne progresse pas ; en Jésus, c’est l’homme qui progresse et les évangélistes ont ajouté opportunément pour marquer cette nuance que Jésus, non le Verbe, progressait en sagesse, en grâce et en âge. Contra arianos, orat. iii, n. 51, P. G., t. xxvi, col. 430. Cf. pseudo-Athanase, Sermo major de fide, n. 17, 18, col. 1272 BC.

Saint Basile, d’une manière générale, attribue le progrès à l’humanité. Di ps. xLiv. 5, P. (>.. t. xxiv, col. 397 BC. Mais il applique aussi le texte au progrès du corps mystique du Christ, l'Église.

Saint Grégoire de Suziunze, dans le panégyrique de saint Basile, déclare incidemment que le progrès du Christ ne consistait que dans l’exercice et la manifestation progressive de sa science. P. G., t. XXXVI, col. 548 BC. Le progrès a donc été tout extérieur : comment concevoir un accroissement en celui qui, dès le principe, était parfait ? Cf. Epist., c i. t. xxxvii, col. 180 B-181 A.

Saint Épiphane rappelle brièvement que le progrès ne saurait affecter que l’intelligence humaine du Christ. Dur., i.xxvii, 2(5, P. G., t. xi.n, « 80 B. L'.l/icoratus, n. 78, t. xliii, col. 165 A, semble réduire ce progrès à une manifestation progressive.

Proclus admet, lui aussi, un progrès réel de la science humaine du Christ. Epist., ii, Ad Armenos, n. 1 I. P. G., t. lxv, col. 869.

Théodore de Mopsueste. (qui s’en étonnerait ?) admet un véritable progrès intérieur. De incarnatione Filii Dei, t. VII, fragm., /'. G., t. lxvi, col. 980 A.

Chez les Antiochiens, le progrès réel du Christ en science démontre la réalité de son âme raisonnable. Ainsi Théodoret, Eranisles, c. ii, /'. G., t. lxxxiii, col. 149-152, surtout 152 C. Voir également In ps. xv. 7 : « il s’instruisait comme homme et, comme Dieu, était la source de la sagesse », t. i.nxx, col. 9(>1 C ; In epist. ad Ilebr., ii, 18, t. i.xxxii. col. 697 A ; Epist., cli, t. lxxxiii. col. 1125 A. Cette croissance de l'âme humaine dans la sagesse manifestait la sagesse de la nature divine. Iheret. jubul. comp., t. V, c. XIII, ibid., col. 497 BC. Cf. Pentalog., t. lxxxiv, col. 69-72. Cf. N. Goubokovsky, Blajennui Theodorit, t. i, Moscou, 1890, p. 7(1.

Saint Cyrille d’Alexandrie est peut être l’auteur grec qui a le plus étudié la question de la science du Christ. Voir plus loin. Sur le point précis du progrès affirmé par Luc. ii, 52. il affirme que la nature divine du Verbe ne peut pas être sujette au progrès, mais la nature humaine peut l'être et l’a été en effet dans le Christ ». Thésaurus, assert. XXVIII, /'. G., t. lxxv, col. 12 I H. Le Christ a voulu ce progrès humain ]) mr nous être semblable et nous sauver, col. 125 I) ; 428 C. Le progrès n’est qu'à la surface de la vie du Christ : dès l’origine, le Christ sait tout, étant le Verbe de Dieu, mais il manifeste progressivement sa science et sagrâce. Ibid., col. 128AB. Cf. <ir. W’storium, 1. m. c IV, /'. C, .. I. LXXVI, col. 153. Saint Cyrille n’entend pas par la quej dès l’origine, la science humain.' du