Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

1631 SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. DONNÉES DE L'ÉCRITURE

1632

fait a son état présent. L’abandon dont il s’agit n’est que l’abandon aux mains des ennemis, par un mystérieux dessein qui aboutit au triomphe dans le p aume, comme dans l'évangile il aboutit à la résurrection :

Cette plainte, écrit Loisy, n'était pas celle d’un révolté ou d’un désespéré : c'était celle du juste souffrant et assuré quand même de l’amour et de la protection que lui garde jusque dans la mort le Dieu de toute sainteté ». Les évang. sijnopl., t. ii, p. (>Nf>.

3. C’est enfin et surtout le passage célèbre dans lequel Jésus affirme qu’il ignore l’heure et le j, , ur du ingénient : « Sur ce jour ou sur cette heure, mil ne.sait rien, ni les ailles dans le ciel, ni le Fils, mais le l'ère seulement. Marc., xiii, 32. fin texte parallèle dans Matth., xxiv, .' ! < ;, texte dans lequel cependant les mots importants oûSè ! > u'-ôc sont d’authenticité douteuse. Le texte de Marc, lui, est très ferme, « le seul DIS. important qui omette cette clause est le tns. X de la Vulgate « . J. Lebreton, Histoire du dogme de la Trinité. 6 « éd., t. i, p. 559.

1° Textes qui semblent comporter une erreur sur l’heure du retour du Christ. — Il y a une erreur positive quand on affirme ce qu’on ignore. Or, il pourrait sembler que Je Christ ait été dans l’erreur lorsque, ayant affirmé que le Fils ignorait le jour et l’heure du jugement, il estime cependant et enseigne positivement la proximité de ce jour, avant que Unisse la génération présente. A trois reprises en effet nous trouvons cet enseignement.

1. Quand Jésus annonce d’une façon générale la proximité de eet avènement :

Matth., xvi, 27-2N : l.e Fils (le l’homme doit venir dans la gloire de son Père avec ses anges ; et alors il donnera à chacun selon ses (ravies. « En vérité, je vous (lis qu’il en est parmi ceux qui sont ici qui ne goûteront pas la niait avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant dans son royaume. »

Mare., viii, 38-ix, 1 : « Celui qui aura honte de moi et de ni ~ paroles, dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son père, avec les saints anges.

' El il leur disait : En vérité je vous dis qu’il y en a ici parmi les personnes présentes qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venu en sa puissance.

Luc, ix, 26-27 : « Quiconque aura rougi de moi ou de mes parole-, le Fils de l’homme rougira de lui lorsqu’il viendra dans su gloire et (dans celle) du l'ère et des saints anges. « Or, je vous le dis en vérité, il en est parmi ceux qui sont ici présents qui ne goûteront pas la mort avant qu’ils aient vu le règne de Dieu.

En réalité la difficulté n’est qu’apparente, car les deux versets que nous avons nettement séparés dans le texte se rapportent à deux idées, connexes dans la pensée du Sauveur, mais différentes de perspective.

Dans Marc, l’expression « venu en puissance, èv S’jvdqjtei », pourrait faire identifier les deux perspectives, celle du jugement dernier et celle du règne de Dieu s'établissanl avant que disparaissent les derniers survivants de la génération présente, d’autant que dans le ?. 38 du c. viii, il est déjà question de cette génération adultère et pécheresse >. Mais il est clair que le second verset est un logion distinct, puisqu’il débute par une introduction nouvelle : « Et il leur disait… « Celte reprise de Marc « laisse deviner qlie ce qui la précède ne se rattachait pas originairement a ce qui la suit. < Loisy, Les évangiles synoptiques, t il. p. 27. Aussi les éditions récentes de Marc ontelles reporté ce verset de Marc (primitivement vin, .'{'. » ) au début du c. ix.

Dans la double affirmation du Sauveur il y a donc une double idée, une double perspective. I." premier verset (Matth., xvi, 27 ; Marc, viii, 38 ; Luc, tx, 26) se rapporte de toute évidence à la fin du mnide. quand le Fils de l’homme, avec lequel s’id ait ifle Jésus,

viendra juger les vivants et les morts. Mais le f. suivant supp ise un tout autre horizon. « I." Fils de l’homme venant dans son royaume (Matth.), où il y a

du bien et du mal (cf. Matth.. XIII, - 1 30), ce n’est pas nécessairement le Fils de l’homme venant p » ur juger à la fin des temps. On dirait que la perspective du jugement étant ép.iiscc. Matthieu revient au p ont de départ. Quelques-uns hésitaient à tout quitter, à se renoncer p mr p irter leur croix (voir f. 'J I l à la suite de Jésus. Rien de plus encourageant que de savoir qu’il entrerait en p tssession de son royaum avant que la génération présente n’ait disparu. C’est donc bien de l’avènement du royaume qu’il est question, comme dans Marc et dans Lue. mais sous la forme plus ancienne de la venue du Fils de l’homme déjà présentée au ꝟ. 27. > Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, p. 333. « Voir > le règne de Dieu peut très bien, en effet, être synonyme de avoir part », participer.

L’incise èv 8uvâ|i.et, propre à Marc, marque que la domination de Dieu sera installée sur la terre comme ayant en elle-même la puissance qui doit la faire pré valoir : « Il se peut, en effet, que cette expression, qui ne se trouve ni dans Matthieu ni dans Luc, soit de frappe p.iulinienne, mais dans Paul elle exprim ? préci sèment l’action puissante de Dieu dans la prédication de l'Évangile (cf. Rom., i, 4 ; xv, 19 ; I Cor., iv, 20). Si Marc s’est inspiré de Paul, c’est donc à la prédication de l'Évangile qu’il fait allusion et aux miracles qui ont accompagné la fondation de l'Église (cf. Act., iv, 33 ; vin, 13). Il ne faut pas oublier que èv Suvâfxei n’est pis synonyme d'éclat de gloire, mais indique plutôt une énergie comme celle de l'âme dans le coip, ; aussi la puissance est elle rattachée à l’Ksprit-Saint dans Rom., i, l ; xv, 10. La seule difficulté de cette interprétation, c’est que, si la prédication de l'Évangile s’est produite avec une énergie extraordinaire, les effets en ont été gradués, tandis que la parole de Jésus semble indiquer une impulsion décisive, qui se produira assez tard, puisque quelques-unes seulement des personnes présentes en seront témoins. Mais toute prophétie est nécessairement un tableau d’ensemble, tandis que la vie et l’histoire procèdent par des m ni vements plus ou moins accentués. Si cep : ndan1 Jésus faisait allusion à une crise particulière et avantageuse qu’il n’a pas déterminée, on peut regarder la ruine de Jérusalem comme réalisant la prophétie, parce qu’alors la domination de Dieu, cessant d'être restreinte à un seul peuple, s’est eu réalité étendue sur les gentils, i Lagrange, Évangile selon saint Marc, p. 21T>.

Saint Luc ayant supprimé èXr ( XuOuïav èv oivâ ; ze'. enlève à l’affirmation du Christ la perspective eschatologique : son texte signilie simplement « pirticip-r au règne de Dieu », inauguré par la résurrection et la prédication des apôtres. L" principe de la solution est donc qu’il faut distinguer deux stades du règne de Dieu : l’avènement de ce règne par la prédication des apôtres, et l’avènement du règne après le retour du Christ. Cf. (laitier, op. cit., n. 337, 33.x.

On a dit plus haut que les deux perspectives, celle île l’avènement du royaumet celle de la parousie, étaient connexes. L’avènem ait du royaume sur terre, inauguré par la résurrection du Christ, est le prélude de l’avènement du royaume de Dieu dans le ciel, au juge ment. De plus, la ruine de Jérusalem qui doit se produire avant que la génération de Jésus n’ait pisse (Matth., xxiv, 34) est la figure du bouleversement final. Dans la prophétie, les deux perspectives se re joignent. Cf. Lagrange, Évangile selon saint Matthieu. p. clxvi-ci.xvii, et ici Prophétie, l. xiii, col. 71K ; L. de Grandmaison, Jésus-Christ, t. ii, note l". p. 157 sq.

2. Dans la réponse à Caïphe, Jésus s’exprime ainsi :