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SU LPICE-SÉVÈRE

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épousé la Bile d’une riche famille consulaire, lorsque >on bonheur fut brisé par la mort inopinée de sa jeune femme. Il renonça dès lors au monde, à la richesse et se donna tout entier à l’ascétisme, suivant en cela les

conseils et les exemples de saint Martin qu’il alla voir à plusieurs reprises à Tours et de saint Paulin de N’oie, son compatriote et son ami. avec qui il avait conservé de fidèles relations. Il se relira vers 399 dans la solitude de PrimuliaC, dont la localisation exacte est encore disputée entre Vendres. près de Béziers. et Saint-Sever de Rustan, et là il s’adonna à la piété et aux travaux littéraires. Gennade affirme qu’il reçut la prêtrise, ce qui est possible. Il raconte aussi qu’à la fin de sa vie il s’imposa un silence absolu pour se punir d’avoir quelque temps adhéré aux erreurs priscilliennes : ce dernier récit semble légendaire, et il a déjà été mis en doute par Sigebert de Gembloux. Sulpice-Sévère dut mourir entre 420 et 425.

Ses ouvrages consistent en une Chronique, en quelques livres relatifs à la vie de saint Martin, en quelques lettres.

1° La Chronique, en deux livres, est un résumé chronologique de l’histoire de l’Église chrétienne depuis ses origines les plus lointaines jusqu’à l’année 400, qui est celle du premier consulat de Stilicon. Ce résumé comporte naturellement l’histoire de l’Ancien Testament : les 1 ivres saints sont ici pris pour guides, et l’auteur en rappelle le contenu. L’histoire du Christ et des apôtres est passée sous silence, parce qu’impossible à résumer à cause de sa grandeur. Sulpice-Sévère utilise naturellement la Chronique d’Eusèbe, dont il s’était procuré plusieurs exemplaires, afin de les contrôler l’un par l’autre et d’en corriger les erreurs de copie. Il s’intéresse fort peu aux questions de doctrine et, lorsqu’il a à parler des hérésies, il n’en indique guère que la chronologie ; sur l’arianisme lui-même, il se borne à une seule phrase qu’il emprunte à saint Hilaire. Chronique, II, xxxv, 3. Il est à peine besoin d’ajouter que la valeur et l’intérêt de la Chronique s’accroissent lorsqu’on arrive à la période contemporaine de l’auteur. Sur le priscillianisme principalement. Sulpice-Sévère est bien renseigné et il donne des indications fort précieuses. D’une manière générale, Sulpice-Sévère témoigne d’un sens historique très fin, très averti, et son style imite celui des meilleurs historiens de Rome, Salluste et Tacite. Aussi les écrivains de la Renaissance apprécièrent-ils grandement la Chronique, que le Moyen Age avait plutôt dédaignée.

Les écrits sur saint Martin.

Nous avons dit

que Sulpice-Sévère éprouvait pour saint Martin beaucoup d’admiration et qu’il le visita plusieurs fois. Il put ainsi recueillir sur lui de nombreuses informations et. avant la mort du grand évêque, il avait déjà résolu d’en écrire la biographie. I.a Vie de saint Martin fut ainsi terminée du vivant même du saint et, dès 397, elle put être communiquée a saint Paulin de Noie. Vers 400, elle fut publiée, ou republiée avec quelques additions ou retouches. A cette édition, l’auteur joignit trois lettres assez longues adressées a Lusèbe, àAurélius. à Bassula. écrites par lui dans l’intervalle ; l’une sur un miracle, la deuxième sur une apparition, la troisième sur la mort et les funérailles du saint, bat lin. vers 4n 1. Sulpice compléta son œuvre par deux Dialogues sur saint Martin comparé aux ascètes de l’Orient et déclaré supérieur aux plus grands d’entre eux. De bonne heure le premier dialogue a été divisé en deux, et le second compté pour un troisième. Quoique l’entretien soit censé n’occuper que deux journées, il n’est pas absolument impossible que l’auteur lui-même ait voulu cette division tripartite qui établit mieux dans l’ensemble l’harmonie des proportions.

Ces récits sur saint Martin sont avant tout de caractère apologétique. L’auteur veut, de toute évidence,

montrer que son héros est en tout l’égal des plus grands saints, si même il ne les dépasse pas. Aussi insiste-t-il sur tout ce qui est de nature à le relever. Il se plaît à raconter en détail les miracles dont aucun n’est trop beau ou trop grand pour le saint évêque. Par contre, il témoigne d’une remarquable indifférence à l’égard de la chronologie et de la topographie. Peu lui importe de nous apprendre où se |>assent et comment s’ordonnent les différents événements. On comprend, dans ces conditions, pourquoi les Dialogues vl la Viede saint Martin furent, dès le temps de leur publication. un éclatant succès de librairie. Nous savons que la Vie, connue à Rome grâce à Paulin de Noie, y fut maintes fois recopiée, à la grande joie des libraires qu’elle enrichissait ; nous savons aussi que, jusqu’en Egypte, cet ouvrage obtint la plus rapide diffusion.

On s’est parfois montré sévère pour Sulpice et ses ouvrages sur saint Martin. E.-C. Babut a même prétendu que l’historien avait presque crée de toutes pièces son personnage. Médiocre soldat, moine fanatique el ridicule, évêque sans autorité, le véritable Martin aurait même été compromis dans l’hérésie, aurait failli être condamné comme complice des priscillianistes et serait mort schismatique, sans avoir exercé aucune influence sur la Gaule de son temps. Ce jugement exagéré ne saurait être retenu. Nous savons, par la Chronique, que Sulpice-Sévère est un auteur instruit, sérieux, capable de juger les hommes et les choses. Il n’a certainement pas inventé son personnage. Mais, en racontant sa vie, il a suivi les lois d’un genre qui relevait de la littérature populaire et sa dévotion personnelle l’a bien servi. On peut reconnaître sa prédilection pour les récits de miracles extraordinaires et la simplicité avec laquelle il les rapporte. Il est assuré que, dès son vivant, saint Martin a passé pour un saint extraordinaire et qu’il a été entouré d’une auréole de vénération : voilà ce dont témoigne surtout son biographe. Il n’y a pas lieu de récuser ce témoignage.

Les lettres.

Gennade signale l’existence de nombreuses

lettres de Sulpice-Sévère : plusieurs lettres à sa sœur, de contenu édifiant ; deux lettres à Paulin de Noie et d’autres à d’autres. Nous avons déjà signalé les trois lettres relatives à saint Martin. Les autres ont disparu. Sans doute, les éditions modernes de, Sulpice contiennent-elles encore sept autres lettres, mais celles-ci sont des faux sur lesquels il n’y a pas à insister.

La première édition d’ensemble des ouvrages do Sulpice-Sévère a été publiée à Anvers par Victor Giselinus en 1574 ; la Chronique avait d’ailleurs été éditée à Bâle dès 1556 par Flaccius Illyricus et les ouvrages sur saint Martin bien auparavant. L’édition de la P. L., t. xx, col. 95-248, reproduit le texte de Prato. L’édition la plus récente est celle de C. Halm dans le Corpus de Vienne, L866. Pour la Chronique, on verra de plus A. Lavertujon, La chroniinte df Sulpice-Sévère. Texte critique, traduction et commentaire, Paris, 1896-1899. Pour les écrits sur saint Mari iii, la traduction de P. Monceaux, Saint Martin, récils de Sulpice-Sévère mis en Irançais avec une introduction, Paris, 1926 ; H. Goelzer, Grammatiav in Sulpilium Severum observationes, Paris, 18X3 ; F. Mouret, Sulpice-Sévère à PrimuliaC, Paris, 1907 ; C. Ricard, Sulpice-Sévère et sa villa de PrimuliaC a Saint-Sevcr de Rustan, Tarbes, 1914 ; E.-C. Babut, Saint Martin de Tours, dans Reu. d’hist. et tic lillér. relig., 1. xi. 1911 ; H. Delehaye, Saint Martin et Sulpice-Sévère, « l.uis Analecta bollandiana, 1920, p. 5-136 ; C. Jullian, Remarques critiques sur les sources île la vie de saint Martin, sur la rie el l’œuvre de saint Martin, dans Revue des études anciennes, t. xxiv, 1922, t. xxv, 1923 ; H. Leclei ; q, art. Primuliac, dans linia. d’Archéol. chrél., t. xiv, col. 17N2.

t, . Bardy.

    1. SULPINI Pierre##


SULPINI Pierre, frère mineur de la province

d’Aquitaine (an du XIVe, début du xv’siècle). Ma

en théologie, il ngil le Sludium générale de son ordre à Avignon à partir du 17 mars 1386 ; il fui provincial de