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SUISSE
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des conversions, etc. Ces dernières sont relativement nombreuses, bien qu’il soit difficile d’apporter des
chiffres précis en la matière. Certains cantons protestants, du moins leurs capitales, telles les villes de Genève, de Hàle et de Zurich, redeviennent catholiques ; tandis que certains cantons catholiques, surtout les cantons industriels, voient le nombre des protestants augmenter assez rapidement.
Pour l'Église catholique, cet état de choses présente des avantages et des inconvénients. Certains catholiques « dispersés. noyés pour ainsi dire dans la masse protestante, risquent de perdre leur foi ou de tomber dans l’indifférence religieuse. Ce danger diminue d’ailleurs au fur et à mesure que l'œuvre admirable des Missions intérieures multiplie les églises, les chapelles et les stations de culte dans la < Diaspora, c’est-à-dire les régions protestantes. D’autre part, les protestants, vivant côte à côte avec les catholiques, apprennent à connaître la religion de ceux-ci et même à l’estimer ; les préjugés tombent, des retours heureux se produisent. D’ailleurs, " bien qu’appartenant à des religions diverses, les Suisses pratiquent les uns à l'égard des autres une large tolérance. L'ère des luttes religieuses est heureusement révolue. Le catholicisme jouit en Suisse d’une grande faveur ; il est, a l’heure actuelle, en pleine prospérité, plus jeune et plus charitablement conquérant que jamais.
Il y a malheureusement une ombre au tableau. Ce sont les articles dits « confessionnels » de la Constitution fédérale dont la révision, faite en 1874, s’est ressentie fâcheusement de l’esprit du Kulturkatnpf, qui sévissait alors en Allemagne et par contre-coup en Suisse. Ainsi l’interdiction portée en 1848 contre les jésuites fut aggravée ; « l’ordre des jésuites et les sociétés qui lui sont affiliées ne peuvent être reçues dans aucune partie de la Suisse, et toute activité à l'église et à l'école est interdite à leurs membres ; cette interdiction peut s'étendre aussi, par voie d’arrêté fédéral, à d’autres ordres religieux dont l’action est dangereuse pour l'État ou trouble la paix entre les confessions ». Un autre article interdit de fonder de nouveaux couvents ou ordres religieux et de rétablir ceux qui ont été supprimés. Il ne peut être érigé d'évêché sur le territoire suisse sans l’approbation du pouvoir central.
Les catholiques suisses n’ont cessé de réclamer l’abrogation de ces articles constitutionnels qui sont en contradiction flagrante avec les traditions démocratiques de la Suisse, laquelle a toujours été une terre d’asile et de liberté. Reconnaissons toutefois que, depuis de longues années, les autorités fédérales ont l’esprit et le bon goût de ne pas insister sur l’application de ces dispositions qui, répétons-le, font tache dans la Constitution fédérale.
Pour compléter cet aperçu général sur la Suisse « une et diverse », ajoutons que, d’après le recensement de 1920, la population suisse se. réparlissait ainsi au point de vue linguistique : 2 7. r ><) (100 hahi tants de langue allemande, 821000 de langue française, 238 000 de langue italienne, 43 000 de langue romanche et ladine. Dans ce domaine aussi, on constate la plus grande diversité. 'Ici canton est complètement allemand (h 1 langue, c’est le cas de la plupart des cantons de la Suisse alémanique ; tel autre canton est entièrement français, — c’est le. cas des cantons de Genève, Neuchâtel et Vaud (la capitale de ce dernier canton est Lausanne). Il y a en lin des « aillons qui scuit mixtes au point de vue linguistique comme au point de vue religieux. Il en est. comme le canton de Fribourg, qui sont a la limite des langues, séparant ou plutôt réunissant deux inondes de langue et de culture différentes. Ainsi, Fribourg n’est pas seulement, par ses ponts célèbres qui enjambent la Saline et par son université catholique et internationale, un
trait d’union entre la Suisse allemande et la Suisse romande ; elle est aussi le point OÙ se rencontrent, se mêlent et s’enrichissent par un mutuel échange d’idées et de sentiments, le génie latin et la culture germanique. C’est ce qui donne un cachet original à cette ville que Louis Yeuillot appelait, il y a un siècle, « une petite Rome silencieuse et cachée ».
IL Divisions ECCLÉSIASTIQUES. — Au point de vue ecclésiastique, la Suisse catholique est divisée en six diocèses, assez différents par leur ancienneté et leur étendue. Ce sont les diocèses de Hàle et l.ugano, de Coire, de Saint-Gall, de Sion, de Lausanne. Genève et Fribourg. Il existe en outre, de fait, sinon de droit, un septième évèehé, celui de l.ugano, qui comprend, au delà du Saint-Gothard. le canton du Tessin, autrement dit la plus grande partie de la Suisse italienne. Cet évèehé est de fondation récente. Jusqu’en 1885, le Tessin faisait partie des évêchés italiens de Côine et de Milan. Au lendemain du Kultnrkampf qui avait gravement troublé la paix religieuse dans certaines régions de la Suisse, une convention intervint, le 16 mars 1888, entre le gouvernement fédéral et le Saint-Siège pour régler définitivement la question, depuis longtemps ouverte, d’un évèehé tessinois. Ce fut un compromis entre le désir du gouvernement fédéral de réunir le Tessin à un diocèse suisse, et celui du Saint-Siège de créer un diocèse autonome. Le Tessin fut réuni canoniquement au diocèse de Bâle dont l'évêque porte le titre d'évêque de Bâle et Lugano ; mais, malgré cette fusion, le Tessin jouit de l’autonomie diocésaine complète. L'église cathédrale de Saint-Laurent, à Lugano, est placée, au point de vue canonique, sur un pied d'égalité avec l'église cathédrale de Bâle, qui est aujourd’hui la cathédrale de Saint-Ours, à Soleure. Le diocèse de Lugano a a sa tête un administrateur apostolique, avec caractère épiscopal ; il est nommé par le Saint-Siège d’entente avec l'évêque de Hàle et il relève directement du Saint-Siège. Le diocèse de Lugano comprend approximativement 145 000 catholiques.
Le diocèse de Bâle est le plus important quant au nombre des catholiques, qui sont un demi-million. Il comprend les cantons de Hàle (divisé en deux demicantons), Berne, Lucerne, Schaffouse, Soleure, Thurgovie et Zoug. A l'époque de la Réformation, Hàle ayant passé au protestantisme, le prince-évêque dut quitter la ville. Il réside aujourd’hui à Soleure. Le diocèse possède un séminaire très florissant à Lucerne ; les futurs prêtres vont achever leurs études et compléter leur formation cléricale dans la ville épiscopale de Soleure.
Le diocèse de Coire, l’un des plus anciens de la Suisse, comprend les cantons des Grisons, de Schwj tz, Glaris, Zurich, Unterwald (divisé en Obwald et N’idwald) et Tri. Les catholiques y sont au nombre de 330 000 environ. Il faut souligner ici le fait intéressant que le canton de Zurich, pays essentiellement protestant, qui fut le berceau de la Béforme en Suisse, est en train de devenir un des plus grands caillons catholiques avec ses l 12 ooo catholiques, qui résident surtout dans la ville de Zurich, où l’on ne cesse de créer de nouvelles paroisses et de bâtir de nouvelles églises. L'évêque du diocèse réside à Coire ; c’est aussi dans cette ville que se trouve le séminaire diocésain.
Il existe encore dans la Suisse orientale un petit, niais sympathique diocèse, dont la création ne re monte guère à plus de cent ans ; c’est le diocèse de Saint-Gall, qui comprend le canton de Saint Gall et le
petit canton d’AppenLell (divisé lui-même eu deux
demi cantons). Il y a là quelque 150 000 catholiques
dont l'évêque réside à Saint Gall, la elle bien connue dans l’histoire par sa célèbre abbaye, aujourd’hui supprimée.