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ce moyen ne saurait ôi r « .- que l’essence divine. C’est la connaissance -matutinale idoni parle saint Augustin. s’il s’agit de la science infuse, ce moyen ne peut être que la révélation divine. S. Thomas, ibid., et q. xii. a. 9. III, La scii ni i des démons. On en a dit un mot . ! Di mon, t. iv. col. 396, 103. Voici quelques précisions ramplémentaires déduites des principes posés ; ï propos de la science des anges en général.

1° La science naturelle propre aux anges n’a été ni enni diminuée aux démons par leur péché. - Une soustraction, même partielle, de la science due à la nature angélique déchue est inconcevable en raison de la simplicité même de cette nature. Il faut donc en conclure que les démons "ardent de Dieu et des autres esprits angéliques la connaissance naturelle qu’ils axaient avant leur péché ; connaissance bien supérieure a celle que nous pourrions avoir. Cf. S. Thomas, I », q. i.xiv, a. l. et les commentateurs.

Cette connaissance d’ailleurs n’apporte aux démons aucun élément de bonheur : elle répond simplement à l’exercice normal de leurs facultés. Cf. S. Thomas, ibid., ad l um.

La science surnaturelle due à la grâce.

D’après

saint Thomas, loc. cit.. cette science peut être ou simplement spéculative comme si Dieu révèle à quelqu’un certains de ses secrets, ou bien affective et produisant l’amour.

la connaissance gratuite purement spéculative n’a pas été totalement enlevée aux démons, mais elle a été diminuée en eux. Toutefois une distinction est encore ici nécessaire. Il est indubitable que les anges encore dans leur état de voie ont eu la foi à certaines vérités d’ordre surnaturel, voir ci-dessus, col. 1624. Cette foi était une foi perfectionnée par la charité (fuies formata). Chez l’homme, après le péché, la foi peut demeurer informe, privée du couronnement de la charité, à moins que le péché ne s’oppose directement à la foi. Cf. S. Thomas II 1 - !  ! *, q. v, a. 1 ; q. iv, a. -1, ad 4 uln ; q. x, a. 3. Or, il n’y a aucun doute que, parmi les péchés dont le démon s’est rendu coupable, ne soit incluse la faute d’infidélité. La connaissance des mystères divins par l’exercice de la foi n’existe donc pas, même dans l’ordre purement spéculatif, chez les anges déchus. Toutefois une certaine connaissance spéculative surnaturelle existe chez eux, quoique d’une manière réduite : les secrets divins ne leur sont plus révélés qu’autant que cela est nécessaire, et leur révélation se fait soit par le ministère des anges, soit par certains effets temporels de la puissance divine, comme parle saint Augustin, De civitate Dei, t. IX, c. xxi, P. I… t. xi.i. col. 273. Cette connaissance spéculative n’a rien de comparable à celle des bons anges dont l’intelligence tire de la contemplation même du Verbe une science beaucoup plus parfaite de mystères bien plus nombreux. On ne saurait l’appeler une foi véritable : c’est un assentiment de l’intelligence contrainte d’accepter une vérité qui s’impose à elle : « La foi qui est dans les démons n’est pas un don de la grâce ; ils sont bien plutôt contraints de i roire en raison de la perspicacité naturelle de leur intelligence, i S. Thomas, 1 1° - 1 1 35, q. v, a. 2, ad 2um. louant à la connaissance gratuite affective et produisant l’amour, elle est absolument impossible chez l’ange déchu.

3° La connaissance du mystère de l’incarnation. S’il est vrai que les anges ont été instruits du mystère de l’incarnation dès leur création, voir ci-dessus, col. 1624, comment les démons peuvent-ils hésiter dans l'évangile sur l’identité divine de Jésus-Christ ? Cf. Mat th., iv. 3 ; Luc, iv, 3. Comment surtout saint Paul pourrait-il écrire que i s’ils eussent connu (le Christ), ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire » ? I Cor., ii, 8. Ces objections sont pour saint Thomas, loc. cit., ad

4'"". l’occasion de préciser sa pensée. Sans (Imite, le mystère du « royaume de Dieu accompli par le Christ a été connu de tous les anges, (l’une certaine manière dès le début, mais plus spécialement à partir du moment où ils ont été béatifiés par la vision du Verbe. Or, les démons n’ont jamais eu ce privilège. Par ailleurs tous les anges n’ont pas connu complètement ce mystère, ni même à un degré égal. A plus forte raison donc les démons n’ont-ils pas connu pleinement le mystère de l’incarnation, tandis que le Christ vivait en ce monde : « Ils ne l’ont connu, écrit saint Augustin, qu'à titre d’objet de crainte ; par certains effets d’oi’dre temporel et certains signes plus ou moins clairs de sa présence. » Loc. cit. C’est en raison de cette connaissance imparfaite dubitative, que les démons ont pu travailler à faire crucifier le Seigneur de gloire.

Conclusion.

On doit donc admettre que les démons peuvent avoir de la vérité une triple connaissance. Tout d’abord, en raison de la subtilité de leur

nature. Privés de la lumière de la grâce, il leur reste toutes les ressources de leur intelligence très supérieure à la nôtre. Leur nature intellectuelle l’exige. Cf. S.Thomas, In 11°^ Sent., dist. VII, q. ii, a. 1. Ensuite, par une sorte de révélation reçue par le ministère des saints anges : révélation qui n’est qu’une simple application de la théorie générale du langage angélique. lui liii, par l’expérience, si toutefois l’on veut bien entendre par ce mot l’exercice normal de la connaissance angélique se développant au fur et à mesure du déroulement des événements. Voir ci-dessus, col. 1623.

La science des démons n’est pas la connaissance « matutinale » des anges dans le Verbe, ni la connaissance « vespérale » qu’ils ont par les lumières naturelles de leur intelligence. Saint Thomas l’appelle la connaissance « nocturne », les démons étant vraiment les ténèbres par rapport à la lumière divine. Ibid., ad 3um.

IV. Par analogie, scienck des âmes séparées. — Des conceptions formulées au sujet de la science des esprits purs, les théologiens ont déduit, par voie d’analogie, plusieurs conclusions concernant la science des âmes séparées, lesquelles, pour n'être pas des esprits purs, paraissent cependant devoir leur être assimilées. 1° Existence d’une vie psychologique des âmes dans l’au-delà. — Nous présupposons le dogme de l’immortalité personnelle de l'âme, défini au Ve concile du Latran. La présente question de la science des âmes séparées ne saurait trouver de solution positive qu'à la condition d’admettre en ces âmes une réelle vie psychologique s’exerçant sans le concours du corps. Cette vie psychologique de l’au-delà ne s’accorde pas avec les rêveries qui admettent la préexistence des âmes, leurs transmigrations en des corps différents ou, pis encore, la métempsycose des êtres vivants : l’oubli bu au fleuve Léthé consacrait, chez Virgile, Enéide, vi, 748-752, l’inexistence de la continuation de notre vie psychologique dans l’au-delà. En faisant abstraction de ces rêveries, pour affirmer l’existence d’une telle vie on s’appuie sur plusieurs arguments très convaincants.

1. Arguments théologiques.

Le jugement particulier et le jugement général nous montrent l'âme capable d’entendre et de comprendre la sentence divine ; la béatitude ne peut exister pour elle que sous la condition de l’exercice de ses facultés supérieures, intelligence et volonté ; l’expiation du purgatoire, la souffrance de l’enfer ne s’expliquent que si l’exercice de ces facultés est susceptible d'être contrarié et enchaîne, tue âme plongée dans l’inconscience serait incapable de bonheur ou de malheur : aussi l'Église a-t-elle cou damné la 23° proposition de Rosmini. Voir ici t. xiii, col. 2940.

2. Considérations philosophiques. Il est anlipliilo sophique au premier chef de concevoir un être vivant