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SCIENCE DES ANGES. SCIENCE NATURELLE


coude, basée sur l’expérience, est accessible surtout à l’intelligence déliée et subtile des esprits.

r) Le fait de l’ignorance des anges par rapport aux événements libres futurs ou même passés (ce dernier point contre Vasquez, disp. CVIII, c. iv, n. 10), aux secrets des cœurs et aux mystères de la vie surnaturelle. Voir Ici, t. i. col. 120P-1202.

2. Hypothèses. Les hypothèses concernent l’explication <le la connaissance angtbquî quant » son moyen et quant a son mode, In parallèle a été établi iei même. t. î. eol. 1232-1230. entre saint Thomas, Duns Seot et Suarez. Ce triptyque est. à coup sûr, insuflisant pour faire connaître, dans le détail, les hypothèses mises en avant pour expliquer la science des ailles.

La question qui se pose est de savoir si cette science requiert dans l’intelligence angélique, des espèces intelligibles. La réponse commune est affirmative, conforme d’ailleurs à l’enseignement de saint Thomas, I a, q. lv, a. 1, et contraire à l’opinion des nominalistes, des ontoo_ivt t s et de Vasquez, lequel ne trouve aucune bonne raison de recourir a cette explication. Disp. CC, c. ni. 1°). Palmieri recourt simplement à une motion initiale de Dieu. Iitstit. phil., Pneumatologia, th. xx, n. 2 ; cf. Tractatus de creatione, Prato, 1910, th. xxiii, n. 2, p. 21 I. Toutefois la nécessité d’espèces intelligibles ne s’impose pas pour toute espèce de connaissance angélique.

a) En ce qui concerne la connaissance que l’ange a de lui-même, il est assez communément admis que les .mues se connaissent par leur propre substance, souverainement intelligible, qui joue ainsi le rôle d’espèce intelligible. Sum. theol., I a, q. lvi, a. 1. Néanmoins, ils forment d’eux-mêmes une idée, un verbe mental, le terme de leur intellection. Cf. S. Thomas, Contra gent., t. IV, c. xi, et, pour la défense de cette opinion contre Cajétan, In / » m part., q. xxvii, a. 1, C-onet, Clypeus theol. thomistiese, De angelis, disp. IX, a. 1, n. 39.

b) La connaissance naturelle que l’ange a de Dieu ne requiert pas non plus d’espèce infuse. C’est en se connaissant lui-même que l’ange a de Dieu une connaissance, non certes immédiate et propre, mais imparfaite et médiate, bien supérieure cependant à celle que nous pouvons avoir L’essence de l’ange est comme un miroir dans lequel Dieu lui-même est saisi dans son image et ressemblance. C’est une sorte de connaissance intuitive, quoique n’atteignant pas directement, comme dans la vision intuitive de la gloire, l’essence divine elle-même. S. Thomas, I a, q. lvi, a. 3. Ainsi, au point de vue naturel, l’ange ne peut ignorer l’existence de Dieu, ses attributs, ni errer en ce qui concerne, dans l’ordre naturel, ses relations avec Dieu : en se connaissant lui-même, effet de Dieu, il connaît Dieu ; en s’aimant lui-même, bien participé du Bien divin, il aime Dieu, Bien suprême, par-dessus tout. Cela, répétons-le, dans l’ordre naturel. Cf. I », q. lx, a. 5.

c) Kn ce qui concerne la connaissance naturelle que l’ange a des autres anges, l’hypothèse d’espèces intelligibles est discutée entre théologiens. Les commentateurs de saint Thomas relèvent quatre explications principales : une première suppose que l’ange connaît les autres anges par sa propre substance : explication insuffisante ; l’image de l’un d’eux ne peut être l’image parfaite des autres. - Une deuxième explication admet que la substance d’un ange peut être présente immédiatement à l’intelligence d’un autre ange et devenir ainsi objet de sa connaissance. Saint Thomas semble repousser pareille hypothèse, l’intelligence créée ne pouvant être touchée directement que par la

substance même de Dieu. Cf. T'. q. VIII, a. H. ad 1 " m ; q. i.xiv, a. 1 et surtout q. lvi, a. 2. arg. 2. I 'ne troisième explication Imagine une connaissance résultant d’espèces acquises. Mais cette explication apparaît

impossible, car entre les substances spirituelles il ne saurait exister d’intermédiaire et donc il faudrait en revenir à la deuxième explication. Cf. Gonet, op. cit.. n. 10. - La quatrième explication recourt à la présence, dans l’intelligence angélique, d’espèces infusées par Dieu dès la création de l’ange. C’est l’opinion adoptée par saint 'Thomas, q. LVI, a. 2.

d) Quant à la connaissance qu’ont les anges des créatures inférieures, la nécessité d’espèces intelligibles est enseignée presque unanimement. On peut seulement se demander si ces espèces intelligibles sont reçues des choses elles-mêmes. Les premiers écrivains ecclésiastiques qui attribuaient des corps aux anges, voir ici, t. i, col. 1195-1190, pouvaient leur accorder une connaissance sensible, voir plus loin, ou tout au moins dépendant en quelque façon des choses extérieures.

C’est à saint Augustin qu’il faut faire remonter l’origine d’une explication plus scientifique. D’après Augustin il y a. dans l’ange, une triple connaissance : l’une est dans le Verbe lui-même vu intuitivement ; c’est la connaissance « matutinale » ou bienheureuse ; l’autre est par des espèces infuses, en vertu de cet influx initial qui, dans l’esprit angélique, a rendu, dès le début, toutes choses intelligibles ; enfin la troisième est expérimentale, dans l’hypothèse cependant où l’ange disposerait de quelque connaissance sensible. Cf. De Cenesi ad litteram, t. II, n. 10-17 ; t. IV, 50 ; I. V, 8. P. L., t. xxxiv, col. 252, 317, 324.

C’est la deuxième explication qui fut reprise par les scolastiques. La plupart de ceux-ci admettent que les anges ont reçu de Dieu dès le début des espèces infuses. Leur argumentation est simple : les anges ne peuvent connaître naturellement toutes choses par l’essence divine, étant donné que la vision de cette essence dépasse les forces naturelles de toute intelligence créée ; ils ne sauraient pas davantage connaître toutes choses parleur propre essence, car, pour elle-même, indépendamment des idées que Dieu peut y ajouter, et quelque intelligible qu’elle soit, cette essence ne saurait représenter, même idéalement, les êtres créés. C’est le propre de l’essence divine ; cf. Billuart, De angelis. diss. III, a. 1, dico 2°. Il est donc logique d’admettre que la connaissance que les anges ont des choses leur provient d' « espèces intelligibles ».

Mais d’où reçoivent-ils ces espèces intelligibles ? Non certes des choses créées elles-mêmes. Bien que les scolastiques apportent en faveur de cette négation le texte d'Ézéchiel, xxviii, 12, 15, le sens n’en est pas assez clair pour fournir ici un argument. La conclusion des scolastiques doit donc s’appuyer uniquement suides spéculations philosophiques relatives à la nature même des substances spirituelles, lesquelles ne sali raient dépendre en aucune façon des êtres inférieurs. D’ailleurs les anges n’ayant aucun corps uni à leur esprit ne sauraient recevoir d’impressions des êtres sensibles. Il faut donc recourir à l’hypothèse d’espèces intelligibles infusées par Dieu. Cf. Hugon, Tractatus dogmatici, t. I, p. 002-003. Les espèces intelligibles ne sont pas « rébus, mais ad res. Id., ibid., p. 00 1. Palmieri, voir ci-dessus, n’admet pas cette solution, non plus que IL Schell, qui voit dans la solution scolastiquc un idéalisme incompatible avec le caractère réaliste de la véritable science des choses. Katholische Dogma tik. t. ii, p. 175. Cf. Janssens, op. ni., p. 616 617.

A pari ces très rares exceptions modernes, l’ensem ble des théologiens acceptent le principe dis espèces intelligibles Infusées par Dieu. Sur Duns sent, voir Ici t. I. col. 1233. 'Toutefois Scot et après lui Tolet, VU le

caractère de ces espèces, se demandent si l’essence an gélique, en raison de sa nature intelligible, ne pourrait pas jouer le rôle d’espèce, les espèces infusées par Dieu n'étant (pudes si^m-s déterminant l’intelligence a la