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STÉDINGIENS — STEENOVEN (CORNEILLE)

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accusations mêmes du synode de Brème et chargeait les évêques de Minden, Lubeek et Katzebourg de prêcher la croisade contre ces hérétiques dans les diocèses voisins. Toutefois les Indulgences promises aux croisés, si libérales qu’elles fussent, n'étaient point encore celles de la croisade d’outre-mer. Texte de la bulle dans HinaUii. Annales eccles., an. 1232, n. 8, et mieux dans Mon. Germ. hist., Epist. pontij. rom., t. i, p. 393.

Nous n’avons pas a raconter ici le détail de l’exécution. La campagne contre cette poignée de paysans fut moins facile qu’on ne l’avait pensé. Le début de l’hiver de 1232-1233 fut marqué par un premier revers des croisés. Lue bulle datée du 10 janvier 1233 dut appeler de nouveaux volontaires, Hartzheim, Conc. German., t. iii, p. 552 ; les frères prêcheurs, qui avaient perdu l’un des leurs, lequel s'était aventuré dans le plat pays, se firent les prédicateurs zélés de la croisade. L’expédition de juin 1233 parvint à réduire la résistance des habitants de la rive droite de la Weser, au prix de sauvages répressions ; mais les attaques contre la rive gauche furent repoussées. Une nouvelle bulle de Grégoire IX, du 17 juin 1233, appela de nouveaux renforts, en promettant cette fois aux croisés l’indulgence même de l’expédition d’outre-mer. Elle venait à point ; car une troisième campagne du comte d’Oldenbourg s'était terminée par une sanglante défaite des croisés. L’hiver de 1233-1234 se passa, de part et d’autre, en préparatifs. Pendant que les Stédingiens s’employaient à refaire leurs forces, l’armée des croisés se grossissait de tous les renforts venus de Rhénanie et même des Pays-Bas.

Cependant la Curie romaine avait commencé à mettre en doute l’exactitude des renseignements qu’on lui avait fournis sur « l’hérésie » des Stédingiens, sur les atrocités aussi qu’on leur prêtait à l’endroit des catholiques. Une bulle adressée à Guillaume de Modène, légat pontifical dans l’Allemagne du Nord, à la date du 18 mars 1234, prescrivait à celui-ci de s’entremettre entre les deux partis en lutte. Texte dans Bremer Urkundenbuch, 1. 1, n. 179, p. 215. Elle arriva trop tard pour éviter la rencontre décisive entre les Stédingiens et les croisés, qui étaient quatre ou cinq fois plus nombreux que leurs adversaires. Cette rencontre eut lieu à Altenesch, le 27 mai 1234. L’issue n’en pouvait être douteuse : les Stédingiens furent taillés en pièces ou périrent dans les marais voisins. Une partie des survivants put se réfugier en Frise ; ceux qui demeurèrent dans le pays durent accepter les conditions que le pape avait fixées pour que fût levé l’interdit qui pesait sur eux, et se soumirent à l’archevêque. La souveraineté sur le pays fut partagée entre celui-ci et le comte d’Oldenbourg ; une grande partie du sol fut attribuée en fiefs à la noblesse des pays voisins.

Restait à assurer la réconciliation du pays : il y fut pourvu par une bulle donnée à Pérouse six mois après la bataille (28 novembre 1231) : églises et cimetières devaient être reconsacrés. Texte dans Hartzheim, Concilia Germanise, t. iii, p. 554. Lue autre bulle du 21 août 1235 relevait les Stédingiens des sentences encourues, en considération de la satisfaction qu’ils avaient fournie pour le passé et de la promesse de soumission à l'Église qu’ils faisaient pour l’avenir. Nulle trace dans ce document des hérésies ou des atrocités dont ils se seraient rendus coupables. Hartzheim, ibid.

Au fait, les incidents qui avaient amené la cruelle répression que Ton a dite étaient d’ordre beaucoup plus politique que religieux. Il est permis de regretter que la Curie romaine s’en soit aperçue un peu tard. Ce n’est pas une raison d’ailleurs pour faire des Stédingiens des représentants et des martyrs de la libre pensée, victimes de l’esprit de domination ecclésiastique. L’inauguration au 27 mai 1834 d’un modeste

monument sur le champ de bataille d’Altenesch a donné l’occasion de développer des idées de ce genre. Elle a eu un résultat plus heureux : celui de mettre définitivement au point l’histoire des Stédingiens.

Les principaux textes officiels ont été mentionnés au cours de l’article. Les sources narratives sont assez nombreuses, mentionnons au moins les Anncdes Sladenses dans Mon. Germ. hist., Scriptores, t. xvi, an. 1204, 1217, 1230, 1233, p. 354 sq., la Chronique d’Emon, ibid., t. XXIII, p. 516 ; la Clironique saxonne, même recueil, Deutsche Chroniken, t. ii, p. 236 sq., 240, 250.

Lo travail essentiel est celui de II.-A. Schumacher, Die Stedinger, Brème, 1865 ; voir aussi Dehio, Gesch. des Erzbisthums Bremen-Hambourg, t. ii, 1877, p. 119 sq., et les ouvrages relatifs à Grégoire IX et mentionnés dans l’article de ce pape. Bon résumé à l’art. Stedinger de la Protest. Realencyklopàdie, t. xviii, 1906, p. 786-789.

É. Amann.
    1. STEENBERGEN (Pierre Van)##


STEENBERGEN (Pierre Van), frère mineur hollandais de la province de la Germanie inférieure, où il exerça les charges de lecteur de philosophie et de théologie, de gardien, de définiteur et de custode. Né à Zuthphen (Gueldre), il mourut à Diest (Belgique) en 1660 à un âge très avancé. Il publia en néerlandais : Welenschap nootsakelijk tôt de saligheyt, ofte noodelycke middelen om de helle te ontgaan (la science nécessaire pour arriver au salut et les moyens nécessaires pour éviter l’enfer), qui constitue une sorte de catéchisme, qu’il traduisit aussi en français ; Den wærom der Catholijken tegen den wærom der andersghesinden (Le pourquoi des catholiques contre le pourquoi de leurs adversaires), apologie de la foi catholique contre les attaques des réformés ; Apologia adversus minislrum hsereticum

L. Wadding, Scriptores ord. min., 3° éd., Borne, 1906, p. 193 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2e éd., t. ii, Borne, 1921, p. 367 ; S. Dirks, Histoire littér. des frères mineurs de l’Observance, en Belgique et dans les Pays-Bas, Anvers, 1885, p. 211-212 ; H. Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 1014.

A. Teetært.

    1. STEENOVEN Corneille##


STEENOVEN Corneille, né en Flandre, au milieu du xviie siècle, quitta sa patrie de bonne heure : il fit ses études au collège de la Propagande et prit le doctorat en théologie à Rome ; revenu dans son diocèse, il fut désigné cinq fois par le clergé d’Utrecht comme député auprès des novices à Bruxelles et à Cologne. Partisan du jansénisme, il assista aux funérailles de Quesnel, dont il prononça l’oraison funèbre. Il fut élu archevêque d’Utrecht par le chapitre métropolitain, le 27 avril 1723, et il envoya sa profession de foi à Rome le 18 mai suivant ; mais Innocent XIII refusa de reconnaître cette élection. Le chapitre écrivit des lettres circulaires aux cardinaux, archevêques et évêques (9 mars, 1 er juin, 12 août 1724). Après la mort d’Innocent XIII, son successeur Benoît XIII s’opposa également à cette élection. Cependant Steenoven fut sacré par l'évêque de Babylone.Varlet, seul, le 15 octobre 1724 et cette consécration fut l’occasion de vives oppositions. Un bref de Benoît XIII, 21 février 1725, la déclara nulle, illicite et exécrable. Van Espen et Erkel en prirent la défense, tandis qu’un chanoine de Malines, Corneille Hoynck van Papendrecht, justifiait la conduite de Rome. Steenoven mourut, peu après son sacre, le 3 avril 1725 et il fut remplacé par Corneille Barchman Wuytiers, qui fut élu, le 15 mai 1725, et continua le schisme de l'Église d’Utrecht. Voir Utkeciit (Église d').

On possède quelques écrits de Steenoven publiés pour justifier sa conduite : Lettre pastorale du >i avril 1724 ; Lettre au cardinal d’Alsace, 16 février 1725 ; Acte d’appel à l’occasion d’un certain bref portant le nom de Xotrc Saint Père le pape Benoît XIII, en date du 21 février 172', , s. 1. n. d., in-l" ; Second mémoire pour l'Église et le clergé d’Utrecht où Ton fait voir que cette