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STAUPITZ (JEAN)

STÉDINGIENS


Staupitz sur l'évolution primitive de Luther et sa rupture avec lui. Au surplus. Staupitz lui-même reconnaît qu’il fut « le précurseur de la sainte doctrine évangâlque », qui olim preecwsor exstiti sanctæ euangelieæ doetrinee. Enders, loc. cit., 1 er avril 1524, t. iv, ]>. 315. Mais dans la même lettre, il indique ce qui le sépare de ses anciens amis : « Vous me paraissez condamner bien des choses purement externes, qui ne servent à rien à la foi et à la justice, sont neutres (neutra) et qui, accomplies dans la foi au Seigneur Jésus-Christ, ne chargent aucunement la conscience. Pourquoi troubler ainsi les cœurs des simples ? Qu’est-ce donc qui a rendu l’habit monacal odieux à vos narines, alors que la plupart le portent dans la sainte foi au Christ ? Il y a, hélas ! presque dans tous les exercices humains, dis abus, et ils sont bien rares ceux qui mesurent tout par la foi. Mais il y en a au moins quelques-uns. On ne doit donc pas réprouver la substance des choses, pour un mal accidentel, qui se rencontre çà et là. » Ibid. La même année, Staupitz mourait, emportant dans la tombe, sans nul doute, bien des regrets, mais en communion avec l'Église de son enfance et de son âge mûr. Il avait surtout manqué de clairvoyance et de vigilance.

Voir surtout Enders, Luther’s Briefwechsel, lettres de Luther à Staupitz, dans les t. i-iv ; Staupitii opéra, publiés par Knaacke, l’ostdam, 18C>7, un seul volume paru. L’inattention do public ne permit pas de publier le tome suivant ; Th. Kolde, Die deutsche Augustinerkongregation und J. von Staupitz, (lotlia, 1879. Cet ouvrage remplace tous ceux qui avaient précédé, en apportant des documents nouveaux ; N. Paulus, J. von Staupit7, seine vorgeblich protestantischen Gesinnungen, dans Hislorisches Jahrbucit der Gôrresgesellsclui/t, t. xii, 1891, p. 309 sq., prouve que sur les points essentiels du luthéranisme : serf-arbitre, mérite des bonnes œuvres, justification, Staupitz a toujours professé la doctrine catholique, et qu’il connaissait mal les doctrines foncières de Luther.

L. Cristiani.

    1. STAURIN Jean-André##


STAURIN Jean-André, écrivain grec originaire de l'île de Chio, auteur de l’ouvrage suivant : Ilepl p.îTo’jaio)CT£wç xaxà KopoSaXoû toG KaXêtvoXaTpoù Xoyot Suô Ico. AvSpsoû STaupivoG toû Xioû *at pxY a ~ Xoû PiSXioOïjxapioo ~rfç, MsyaXïiç Ex>cX7]aîaç, (Detranssubstantiatione in Corydalum Culuini sectatorem sermones duo Io. Andreæ Staurini Chicnsis, Ecclesiie Conslantinopolitanæ bibliothecarii], Rome, 1640, in-4°. Cet ouvrage, dédié au pape Urbain VIII, est un traité contre un calviniste, nommé Corydalos, qui niait la transsubstantiation et répandait ses erreurs dans toute la Grèce.

J. Rivet.

    1. STÉDINGIENS##


STÉDINGIENS, population germanique, contre laquelle le pape Grégoire IX déclencha, pour hérésie, une croisade, au premier tiers du xin° siècle.

Depuis le début du xine siècle, on désignait sous le nom de Stedingi, Steliiuji, Sladingi, une populatioti fort homogène qui habitait la côte de la mer du Nord de part et d’autre de l’embouchure de la Weser. Frisons d’origine, ces occupants étaient venus au cours du xiie siècle de l'évêché d’I ; trecht. Le pays qu’ils avaient colonisé et qu’ils avaient en partie conquis sur la mer relevait, au point de Vue temporel, de l’archevêché de Hambourg-Brème, encore que le comte d’Oldenbourg ail prétendu aussi à la souveraineté. Pratiquement les Stédingiens se considéraient comme indépendants cl se résignaient malaisément à payer les dîmes et autres prestations de droit. L’archevêque Hartwig II, qui

avait essayé un peu avant sa mort (3 novembre 1207)

de les y contraindre, avait bien obtenu quelques résultats. Sa mort fut le signal, à Hambourg, de vives

compétitions qui ne prirent fin qn’en 1216 par la reconnaissance de Gérard I". I)e ces troubles, les Slédinprofltèrent et ils trouvèrent le moyen de se ren dre tout à fait indépendants ; des maisons fortes appartenant à l’archevêché furent détruites, diverses localités menacées. L’avènement de Gérard I er aurait pu ramener le calme, car ce prélat avait lié partie avec les Stédingiens. Mais il mourut le 13 août 1219 et son successeur, Gérard II de Lippe (1219-1258), ne tarda pas à se montrer à l'égard de ceux-ci extrêmement hostile. Très féru de ses droits, il exigea avec âpreté les dîmes et cens et voulut, en même temps, profiter de l’occasion pour faire rentrer sous son autorité temporelle le pays de la BasseWeser. Recourant vite à la manière forte, il fit envahir le pays des Stédingiens par son frère Ilcrmann de Lippe. La veille de Noèl 1229, dans un engagement décisif, les paysans de la Weser infligèrent une sanglante défaite au comte qui resta sur le champ de bataille avec bon nombre de ses chevaliers.

L’archevêque entendit les venger ; il crut habile de transposer sur le plan religieux les griefs qu’il pouvait avoir contre les Stédingiens. Le nouveau pape Grégoire IX (1227-1241) ne plaisantait pas en matière d’hérésie. C’est d’hérésie que furent accusés les habitants de la BasseWeser. Le synode tenu à Brème le 17 mars 1230 prononça la condamnation des Stédingiens comme hérétiques. « Il est de notoriété publique, disait la lettre synodale, que ces gens méprisent complètement les clefs de l'Église et les sacrements ecclésiastiques, qu’ils tiennent pour superflu l’enseignement de l'Église, qu’ils font prisonniers ou massacrent les ecclésiastiques de tout ordre, qu’ils dévastent et incendient couvents et églises, qu’ils commettent le parjure sans aucun scrupule, comme si c'était quelque chose de permis, qu’ils se comportent à l’endroit du corps du Christ d’une manière si effroyable que la bouche ne saurait l’exprimer, qu’ils se mettent en rapports avec les mauvais esprits, en fabriquent des images de cire, s’inspirent des conseils de devineresses et pratiquent toutes sortes d’oeuvres de la puissance des ténèbres, que, malgré des avertissements nombreux, ils se refusent à faire pénitence et rejettent toute exhortation. Considérant que tout ceci est attesté sans doute possible et est conforme à la vérité, les Stédingiens sont tenus pour hérétiques et condamnés comme tels. » Texte dans Sudendorf, Regislrum oder merkwùrdige Drkunden /ûr die deutsche Gesch., t. ii, léna, 1819.n. 71, p. 156 ; cf. Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. v, p. 1538 sq.

Il n’est pas très malaisé de voir ce que signifient ces griefs accumulés. L’essentiel est évidemment la résistance à l’autorité de l’archevêque de HambourgBrème ; les violences aussi à l’endroit des ecclésiastiques ou des couvents susceptibles de favoriser l’action de l’autorité archiépiscopale. Qu’on y ajoute des pratiques superstitieuses qui n’ont rien de surprenant en ce pays et à cette date, pratiques qui peuvent aller jusqu'à des usages sacrilèges de l’eucharistie et même jusqu'à un certain culte rendu aux mauvais esprits. Mais tout cela ne constitue pas d’hérésies au sens propre du mot. Malgré certaines parentés qu’on pourrait relever entre ces idées et ces pratiques, d’une part, et celles qui se remarquent, d’autre part, dans les sectes anticléricales de la fin du xii° siècle, il n’est pas possible d'établir une filiation proprement dite entre les Stédingiens et les vaudois, bien moins encore entre eux et les cathares. Quant à l’accusation de culte rendu au démon, nous nous en sommes expliqué a l’art, Lucifébiens, t. IX, col. 1011.

Quoi qu’il en soit, ce furent les dénonciations du synode de Brème qui mirent en branle l’action pontificale. Une bulle du 26 juillet l'23t confia d’abord a l'évêque de Lubech le soin de faire une enquête plus approfondie. Renseignements pris, Grégoire IX faisait partir d’Anagni le 2'. » octobre 1232 la bulle I.uris ivter na lamine, qui reprenait contre les stédingiens les