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    1. SCIENI l##


SCIENI l. DE DIEU. Ql ESTIONS CONTROVERSÉES

H. lu

erets divins. Avant ces décrets d’ailleurs, ..elle n’existait pas du tout, ce m’est donc pas elle, mais une autre science qui a été transformée par eux en cause efficace des divers éléments de la création. P. Dumont. op. cit., p. 224-232, passim. Cf. Suarez, Prolegom. de gratia, IL c. x.

2° Deuxième controverse : la présentialité ù l'éternité divine des futurs contingents. — 1. Texte de saint Thomas : sa râleur doctrinale.

Un fait contingent peut être envisagé en un double état. D’abord en lui-même, au moment où il a acquis l’existence

actuelle, et alors il n’est plus considéré comme futur, mais comme présent ; ni comme pouvant tourner en divers sens, mais comme déterminé à un certain résultat. Pour cette raison, il peut, pris ainsi, être l’infaillible objet d’une connaissance certaine, par exemple tomber sous le sens de la vue, comme si je vois Sociale assis. En second lieu, le fait continrent lient être envisagé dans sa cause ; alors il est considéré comme futur et de plus comme contingent, non encore déterminé a ceci ou a cela, vu que le contingent implique une aptitude à des résultats c intraires. Dans ce cas, le fait contingent ne prête pas à une connaissance certaine. En conséquence, celui qui ne connaît un effet contingent que dans sa cause, n’a de lui qu’une connaissance conjecturale. Mais Dieu, lui, connaît tous les faits contingents non seulement comme contenus dans leurs causes ; il les connaît aussi selon que chacun d’eux est actuellement réalisé en luimèm.'. l’A, bien que les faits contingents se réalisent tour à tour. Dieu ne les connaît pas en eux-mêmes tour à tour comme nous pourrions le faire ; il les connaît simultanément, parce que sa connaissance, ainsi que son être, a pour mesure l'éternité. Or, l'éternité, bien que réalisée toute ensemble, comprend tout le temps, ainsi qu’il a été dit. De sorte que tout ce qui se trouve dans le temps est éternellement présent à Dieu non pas seulement en tant que Dieu a présentes a son esprit les notions de toutes choses, …mais parce que son regard porte éternellement sur toutes choses, telles qu’elles sont dans leui réalité présente elle-même.

Il est donc manifeste que les faits contingents sont connus de Dieu infailliblement en tant que soumis au regard divin et comme placés en sa présence, et cependant, à l'égard de leurs propres causes, ils demeurent des futurs contingents. Sum. theol., I », q, xiv. a. 13. Cf. Contra, gent., t. I, c. lxvi ; Inl « m Sent., dist. XX XVI II, a. 5, ad. 2um ; I)c ocritotc, q. ii, a. 12.

I.e litre de l’article est celui-ci : La science de Dieu s'étend-elle aux futurs contingents ? Il importe de le retenir pour bien situer les controverses. La portée doctrinale de l’article est considérable. Il résume, en effet, une doctrine que la foi catholique a toujours professée, à savoir la connaissance certaine que Dieu a de tous les événements futurs, même libres, comme étant présents sous ses regards.

Le but de l’article est de montrer que, par rapport aux événements futurs contingents, la science divine ne se trouve pas dans la même situation cpje la nôtre. Nous, nous ne pouvons que prévoir, et d’une manière simplement conjecturale, en connaissant leurs causes, ce que seront les événements futurs contingents. Dieu ne prévoit pas : par rapport a son regard éternel, les futurs contingents n’existent pas seulement dans leurs causes, ils sont la, présents, en raison de la coexistence de l'éternité immuable au temps dans lequel ils se déroulent, et Dieu les voit plutôt qu’il ne les prévoit. On peut dire que cette doctrine de la présentialité » des futurs a l'éternité divine est un enseignement traditionnel. On le trouve explicitement chez la plupart des Pères : par exemple, S. Ambroise, De flde, t. I, c. xv, n. 97, /'. /, ., t. xvi. col. 57 I ; S. Augustin, -<t Simplieianum, t. II, q- ii, n. 2, I'. /… t. xi., col. 158 ; s. Pierre Damien, OpitSC, xxxvi, c. vu et viii, /-". L., t. cxi.v, COl. 607 ; S. Anselme, De concordia. c. v, /'. L., t. CLVIII, col. 513. Auparavant, col. 332, le même Anselme avait écrit cette phrase significative, inspirée d’ailleurs d’Augustin, loc. cit. : La prescience divine est impropre nient appelée prescience ; celui à qui toutes choses sont

présentes n’a pas la prescience des événements futurs, il a la science des événements présents.

2. Controverses. Une double controverse divise ici les théologiens. L’une concerne la induré de la présence des futurs contingents à l'éternité de la science divine ; l’autre a pour objet le moyen de la science divine par rapport à ces événements que la coexistence de l'éter nite rend présents.

a) Première controverse : nature de la présence îles futurs contingents. In certain nombre de théologiens. Durand. Scot, Gilles de Rome et, parmi les jésuites. Suarez, Vasque/, et, plus récemment, Mazzella, entendent la présence des événements futurs d’une présence purement intentionnelle et objective. Cette théorie l’ait écho, de toute évidence, a l’opinion selon laquelle Dieu connaîtrait non m seipso, mais in seipsis, voir col. 1603, les êtres différents de lui. Elle est commandée, on le verra plus loin, par le souci de préserver la science moyenne de toute ingérence des décrets prédéterminants. A coup sûr, la crainte est exagérée, puisque de fervents molinistes, à commencer parMolina lui-même, auquel on peut adjoindre Ruiz, Tiphaine, Billot, Van (1er Meersch, Janssens, et tant d’autres en dehors de l'école dominicaine sont d’accord avec les thomistes pour affirmer que les futurs contingents sont présents à la connaissance éternelle de Dieu d’une présence réelle et physique, prout sunt in seipsis. Non, certes que leur réalité temporelle coexiste physiquement à l'éternité divine, mais à l’inverse, parce que l'éternité qui mesure la science divine coexiste physiquement à tous les temps. Comme l’explique Jean de SaintThomas, In Z am partem, disp. IX, a. 3, l'éternité divine ne mesure pas ici les choses créées considérées déjà en elles-mêmes et en les supposant déjà produites comme terme de la création passive, mais en tant qu’elles sont contenues dans l’action éternelle de Dieu dont elles sont le terme. La terminologie thomiste a donc besoin ici d’explication, comme le note fort exactement Van der Meersch, De Deo uno et trino, n. 252 et n. 405, note 2..Sur cette controverse voir Hugon, De Deo uno et trino, dans Tractatus dogma tici, t. i, p. 190-192 ; Garrigou-Lagrange, De Deo uno et trino, p. 357 sq., qui défendent la thèse thomiste ; Chr. Pesch, Prælectiones dogm., t. ii, n. 170, prenant parti pour l’opinion adverse. Pour une discussion plus approfondie, voir Gonet, Clypeus theol. thom., tract. De setentia Dei, disp. IV, a. 7.

b) Seconde controverse : le moyen de la science divine par rapport aux événements lutins que la coexistence de l'éternité rend présents. — La controverse porte exactement sur ce point : la « présentialité » des futurs contingents ou plus généralement des futurs tout court est-elle, selon saint Thomas, le moyen de la connais sauce divine par rapport à eux'? Si oui, les thomistes ont tort d’affirmer que c’est le décret divin qui fait la détermination en même temps que la réalisation du futur.

L’attaque des molinistes est vive : « Si sain ! Thomas,

traitant ex profeSSO de la connaissance que Dieu a des futurs contingents (cf. I q. xiv, a. 13 ; In /"'" Sent., dist. XXXVIII, q. i, a.."> : Contra, gent., 1. 1, c. lxvii ;

Dr venta le, q, n. a. 12) ne [ail aucune mention du décret

divin, mais recourt à la présence des lui iirs par rapport à l'éternité qui coexiste au temps, le moyen de la cou naissance divine n’est plus le décret qui prédétermine l 'existence des tut tirs. Unsi parlent tous les molini Cf. Chr. PeSCh, Op. cit.. n. 271 et 272.

I ii 1 1 a liant de la vision divine des futurs absolus, saint Thomas a posé un principe décisif qui domine et régi ! la doctrine des futurs cond tionnels, toul a niant que celle des futurs absolus. Conlingentia ml utrumlibet m causis suis nullo ma lo cognosci possunt. Les œuvres de la liberté ne pi i être d’aucune manière connues d ins leu