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Sl’l I ! ITI II. S. EN PROVENCE

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Ehrle dans Archiv, t. n. p. 334. C’est le premier document papal authentique contre les spirituels. La bulle, datant probablement de la fin de 1299, commande au patriarche latin de Constantinople, résidant dans l’île d’Eubée, et aux archevêques de Patras et d’Athènes de faire une enquête et de punir les frères dissidents, qui n’appartiennent à aucun ordre approuvé et vivent hors de l’obéissance du ministre général et des ministres provinciaux, dont ils ne cessent de dire du mal. lui conséquence l’archevêque de Thèbes ordonna, sous peine d’excommunication, à Thomas de Sola de chasser de ses terres les spirituels. Ceux-ci cependant y restèrent encore une année et allèrent ensuite plus au Nord, en Thessalie, qui était sous l’autorité de princes grecs et où ils restèrent jusque vers 1304-1305.

1 rois événements sont a signaler ici : la visite de frère Jérôme, l’excommunication lancée par le patriarche de Constantinople et la tentative d’attirer les spirituels dans le.s missions chez les Tarlarcs.

1. La visite du Catalan frère Jérôme, plus tard évèquc de Cafta en Crimée, fut faite par ordre de la Communauté, à ce cpi’il parait, pour explorer la nouvelle résidence des spirituels. On comprend facilement que ceux-ci ne regardèrent qu’avec méfiance le messager. Ange de Clareno en trace un portrait bien noir, niais il s’agit très probablement de calomnies. Frère Jérôme lit une relation de sa visite en dix-huit articles où il énumérait les erreurs des spirituels italiens, auxquels il attribuait même les « erreurs » d’Olieu. 1-e texte de cette relation n’a pas été conservé, mais nous en avons connaissance par le recueil de Raymond de Pronsac, .rchii<, t. iii, p. 13. Comme récompense, selon l’expression sarcastique d’Ange de Clareno, la Communauté lit nommer frère Jérôme évêquel

2. Après la visite de frère Jérôme, Pierre Cornaro, patriarche de Constantinople (1286-1301), retourné de Venise en Achale. prononça l’excommunication contre trère Libérât, frère Ange et leurs sectateurs. Les frères de la communauté de la province de Romagne se chargèrent de promulguer la sentence dans toute la région. J.a mort inopinée du patriarche, de suite après sa sentence (1301), fut attribuée par les spirituels à un jugement de Dieu.

3. Sur ces entrefaites, un frère Jacques de Monte, qui menait un groupe de missionnaires dans les terres des Tartares, passa par la Romagne. Bien intentionné

envers les spirituels, il demeura avec eux pendant six mois et. en vertu de ses facultés, les délia de l’excommunication lancée par le patriarche, lai même temps il entra en pourparlers pour emmener les zélateurs en mission et ^a^na a ce plan les frères mêmes de la communauté de la région, qui se joignirent à une demande faite eu ce sens au cardinal Jean Minio de Murro, alors (1302 1304) vicaire général de l’ordre. Celui ci s’opposa catégoriquement a la requête ( 1303). Avant échoué dans leur tentative, les spirituels résolurent de s’adresser directement au souverain pou life. En conséquence ils envoyèrent des messagers avec une supplique à Boniface VIII ; mais, au dire d’Ange de Clareno, les messagers furent pris par les frères de la Communauté ci empêchés de poursuivre leur voyage. Enfin, ne sachant plus que faire, les pau

v res ermites qui se trouvaient encore en A < haie prirent

le parti de retourner en Italie. Le premier à partir fut frère Libérât qui se rendit a Pérouse ou résidait Benoît XL successeur de Boniface VIII, ci auquel il voulait soumettre h’cas. Mais la mort rapide de ce

pape empêcha de rien faire, ladre temps les autres

frères peu a peu rentrèrent secrètement en Italie ci

se fixèrent dans le diocèse de I i ivenlo. BU rov ailinc de Naples (1304 1305). A peine connut il ces faits que

Gonsalve dit de Vallebona, ministre général élu en

1304, s’aboucha avec le roi Charles II et en obtint des lettres contre les réfugiés ; l’inquisiteur dominicain Thomas d’Aversa fut chargé de procéder contre eux. Tout d’abord l’inquisiteur parut bien dispose envers les spirituels. Il conseilla à frère Libérât de recourir à la cour de Rome et, après l’élection de Clément V (13 juin 1305), le chef des dissidents se mit en route avec un compagnon. Arrivé à Viterbe, il tomba malade et resta longtemps caché dans l’hospice des moines arméniens. Au bout de deux ans, en 1307. il succomba à sa maladie dans l’ermitage de San-Angelo délia Vena près Vetralla (Viterbe). Entre temps l’inquisiteur Thomas d’Aversa avait changé son altitude bienveillante et sévissait contre les spirituels qu’il avait réussi à rassembler à Frosolone au nombre de quarante-deux. D’après Ange de Clareno, il les soumit à la torture afin de leur arracher la cou Cession d’hérésie et extorqua de l’argent à d’autres personnes qui avaient donné l’hospitalité aux frères. A la fin il émit une sentence par laquelle les zélateurs furent condamnés à porter la croix sur leurs habits, à être conduits ainsi par les rues de Naples. ensuite à être flagellés et exilés du royaume. La sentence cependant ne luirait pas avoir été exécutée dans toute sa rigueur, la mort de l’inquisiteur étant survenue peu après. Seule l’expulsion du royaume semble avoir eu lieu, puisqu’on trouve bientôt après les mêmes spiri tuels établis autour de Rome.

Frère Ange de Clareno, qui ne paraît pas avoir été parmi les victimes de Frosolone, quittant l’Aehaïe en

1305, arriva la même année à Pérouse, où il se rendit aussitôt auprès du cardinal Napoléon Orsini, l’ancien protecteur des pauvres ermites. Le cardinal, allant à la cour pontificale en France, l’invita à le suivre poulie présenter au pape, mais Ange s’excusa sur l’état de sa santé et resta en Italie. A la mort de frère Libérât. Ange lui succéda dans le gouvernement du petit groupe. Par ordre de Clément V eut lieu à Home, entre 1308 et 1311, une enquête sur les croyances et la situation des spirituels. L’archevêque de Thèbes. lsnard, vicaire du pape à Home, quelques évêques. les pénitenciers des basiliques romaines et quatre inquisiteurs dominicains furent chargés d’interroger les frères. Le résultat leur fut favorable, mais leur situation juridique très précaire n’en devint pas meilleure. En 131 1, dans l’intérêt de leur cause, frère Ange se rendit, à la suite de l’archevêque de Thèbes, au concile de Vienne et suivit jusqu’en 1318 la cour pontificale, en qualité d’attaché au cardinal Jacques Colonna. àinc toute spirituelle et grand ami de l’ordre de Saint -François. Même de l’étranger, frère Ange de Clareno continua à gouverner le groupe de ses adhérents en Italie, qui semble s’être alors mit ableineiit accru. Le cardinal Ehrle, Archiv, t. i, p. 533-569, a publié de nombreux extraits de sa correspondance qui nous révèlent sa pensée intime, ses craintes et ses espérances pendant son long séjour à la cour pontificale, de même qu’elle nous l’ait entrevoir l’organisation et les principes de gouvernement qui régnaient dans les pauvres ermitages

de l’Italie centrale occupés alors et plus tard encore par les s pi ri I uels. Mais, av ant de poursuivre les v icissitudes ultérieures de ceux ci, il faut nous occuper des deux autres groupes, de la Provence et de la’Toscane.

2° l.rs spirituels de Provence. — Le père des spirituels de la Provence semble bien être frère Hugues de I >igne ( i v ers 1 2.").")). qui était. selon l’expression de Sa

limbene, Cronica, éd. Holder-Egger, p. 313, maximuS Joachita. Si son Exposition de lu règle est modérée, son écrit De /imbus paupertalis (éd. Archiv. franc, hisl., t. v. 1912. p. 277 sq.) contient le germe d’un

principe auquel les spirituels postérieurs ne cesseront île recourir pour justifier leur désobéissance, a savoir que le pape ne peut pas dispenser du van solennel de