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SPÉ (FRÉDÉRIC)

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genden, Glauben, Ilo/fnung uni Liebe. Allen Gottliebenden, andachtigen, frommen Striai nùtzlich : u gebrauchen…, Cologne, 1649, in-8o, et 1656, in-12. 77 1 pages ; l’ouvrage fui composé à Cologne en 1631 ; en le publiant quatorze ans après la mort de l’auteur, l'éditeur W. Priessen le dédiait au P. Spé lui-même, qu’il invoquait comme son patron dans le ciel ; Leibnitz admirait ce poème, comme en témoigne sa correspondance ; traduit en latin et en tchèque, il a eu plusieurs rééditions, même de nos jours.

2° Un autre ouvrage du ! '. Spé est d’un tout autre caractère : il est le fruit direct de sou expérience apostolique et de sa science morale et canonique. Les conditions difficiles de sa publii ition ont A : sign ikis plus haut voici le titn inttgral de la l s tdition : Cauli : criminalis, seu de Processibus contra Sagas Liber..<l magistrat us Germanise hue lempore necessarius, tum autem consiliariis et confessoribus Principum, inquisitoribus, judicibus, advocatis, confessariis reorum. concionariis, cœterisq. lectu ulilissimus. Auctore incerto Theologo Romano. Rinthelii, tyi>is exscripsit Petrus Lucius, 1631, in-8o, 398 p.

Le livre se rapporte à ces procès de sorcellerie, qui se multipliaient depuis deux siècles, avec une intensité spéciale en Allemagne. La croyance exaspérée, en suite de Luther et de la Réforme, à l’action du démon dans tous les maux et les fléaux du moment, à son commerce sensible avec ceux ou celles qui se livraient à lui, aux sabbats où ses suppôts étaient merveilleusement transportés et prenaient ses ordres, produisait dans les masses populaires d’incessantes dénonciations sur les indices les plus faibles ou les moindres prétextes ; prédicateurs et théologiens de toute confession n’hésitaient pas à attiser cette frénésie ; les juges religieux et surtout civils instituaient d’innombrables poursuites qui amenaient d’horribles tortures et d’impitoyables exécutions. Cf..1..lanssen, L’Allemagne et la Réforme, trad., t. viii, 3e part., c. ni sq., p. 516-728.

Contre ces hécatombes et cette fièvre de soi-disanl démonisme, des esprits pondérés et clairvoyants, des cœurs généreux avaient sans doute protesté par

exemple chez les protestants le médecin Jean W’eycr. chez les catholiques les jésuites Paul Laymann et surtout Adam Tanner, sur lequel s’appuiera souvent le P. Spé - ils étaient traités de défenseurs des sorcières.i et menacés de subir le même sort.

Le P. Spé. qui a ait maintes fois assisté ces malheureuses à leurs derniers moments, se rangea résolument du cédé du bon sens et de la pitié, et il composa son petit livre : un écrit clair et vivant, d’un latin très littéraire, plein de sa science psychologique, morale, canonique et de sa charité.

lui âl dubia aut quæstiones il expose ses vues sur les procès des sorcières, les adressant surtout aux juges et aux princes, responsables de l’administration de la justice. Il déclare d’abord que, si de bons catholiques refusent de croire aux sabbats et si lui même est souvent resté fort perplexe devant cerl aines condamnées pour sorcellerie, toul de même il estime pour sa part qu’il existe de vraies sorcières, que leur crime est des plus énormes et des plus alroees, qu'à bon droit c’est

on crime regardé comme juridiquement d’exception. Il n’en demande pas moins qu’on l’instruise et qu’on le juge en toute justice, en toute prudence et en toute humanité. Dieu ne s’est pas engage a empêcher que des innocents ne soient pas englobés dans de telles procédures ; le bon grain n’csl pas nécessairement en ce bas monde séparé de l’ivraie. Or, la manière dont sont engagés, poursuivis et terminés les procès de sorcières rend inévitables. Fréquents même le supplice et la mort de pauvres Innocentes… Princes et magistrats n’ont

pas a être exeilés à de tels procès… lai toul cas un

avocat et un confesseur doivent toujours être procurés aux accusés… Les tortures horribles - et parfois indécentes qu’on leur fait subir et qu’au mépris du droit, sous divers prétextes, l’on ne craint pas de renouveler, ne peuvent avoir pour effet que d’empecher la découverte de la vérité. Les prétendus stigmates des sorcières, leur insensibilité ou leur taciturnilé ne prouvent rien ou s’expliquent par les supplices et leurs excès… Les dénonciations faites au cours des tortures n’ont aucune valeur…

Le livre se terminait par un résumé de la procédure et des injustices que comportent ses divers éléments, et enfin par un appendice où l’auteur, en conformité avec ce qu’il a longuement développé sur les inutiles et néfastes effets de la torture, rappelle que, dans les premières persécutions de l’empire romain, des aveux, légitimant certaines accusations calomnieuses contre les chrétiens, avaient été, d’après Tacite, arrachés aux victimes par de tels procédés.

La Cautio criminalis fit grand éclat : la l ro édition fut si vite enlevée par le public lettré qu’on dut dès l’année suivante, 1(532, imprimer de nouveau l’ouvrage à la fois à Francfort et à Cologne. D’autres éditions suivirent et des traductions parurent en allemand, flamand, polonais, français. Cette dernière était intitulée : Advis aux criminalistes sur les abus qui se glissent dans les procès de sorcelerie… Livre… mis en français par F. li. de Velledor, M. A. /)., Lyon, 1660, in-8o, 336 p. Le traducteur, caché sous un nom désignant sa ville natale, Besancon, élait le médecin Ferdinand Bouvot.

Les jésuites étaient d’abord divisés sur la question ; l’un de ses confrères dénonça le P. Spé à Rome. De divers côtés, il subit de furieuses attaques. Mais, en somme, son courageux et convaincant réquisitoire fit son chemin : sous son influence le chanoine Jos.-1'hil. von Schomborn, plus tard évêque de Wurtzbourg et prince-évêque de Mayence, décida de supprimer ces procès : les ducs de Brunswick et d’autres princes suivirent cet exemple (d’après Leibniz, dans L. Koch, Jesuiten-Lexicon, col. 1677).

Dans la Compagnie l’accord se fil autour des vues du I'. Spé ; chez les juristes et les théologiens, tous sans doute ne s’y rallièrent pas de suite, mais un grand pas fut fait vers des idées plus justes et plus humaines ; des protestants eux mêmes reconnurent tout le mérite de la Cautio (Hurler, t. iii, col. 901). Plus encore que ses vers, elle se trouve avoir illustré le nom et le souvenir de l’auteur.

Non seulement, par son humanité et sa pitié, le P. Spé est tout proche de nous ; mais certaines de ses remarques psychologiques, par exemple ses explica lions naturelles de la tacilurnilé et de l’insensibilité chez les patientes, des autO-aCCUSations et des dénonciations illusoires devancent son temps. Les auteurs d’un ouvrage récent : Le Diable, étude historique, critique et médicale, Paris, 1926,.Maurice Garçon et le D r J. Vinchon, ont pu écrire de la Cautio criminalis :

Ce livre, ordonné avec un plan rigoureux, apparaît à ses rares lecteurs d’aujourd’hui, non seulement comme un bon manuel de droit spécial, mais encore comme un excellent travail de médecine. »

Dans la bibliographie du 1'. Spé, Sommervogel (t. vii, col. 1 126, n. I) signale encore de lui un petit ouvrage de pratique pénilenliclle : Intluslria spirituaHs in qua trad. præpar. se ad confessionem plurium annorum, Cologne, 1634, in 8°. « Ce serait, je pense, ajoute-t ii, un opuscule semblable à celui qui est si connu sous le nom de La confession coupée. »

Enfin il faut noter que le P. Spé, au cours de son professoral de théologie morale, avait composé une Somme, dont I lerniann Busenbauni reconnaît s'être servi avec grand prolit pour rédiger sa célèbre