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SCI E NCE DE M E l. LE hoc, M |.

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Dans le domaine de la formation morale ou de la perfection surnaturelle dos ftmes, le savant chrétien el le pasteur ne peuvent no désintéresser des Indications ou suggestions que leur tournissent la psychologie, les sciences médicales, j compris la psychiatrie. Comment, sans le secours iUces sciences, aborder sans trop d’hésitation les cas pratiques des scrupules, îles tares héréditaires, dos tendances morbides et même simplement des passions auxquelles les humains peux ont être prédisposés en raison de leurs tempéraments divers ? In auteur belge n’a pas hésité récemment à écrire un traité de psychiatrie pastorale. A plus [orte raison, dans les questions si délicates du discernement des es prits — cas de possessions, d’obsessions ou de suggestions diaboliques ou, a l’opposé, d’interventions vraiment surnaturelles dans les jugements à porter sur certains phénomènes de guérisons miraculeuses, soit au cours des procès de béatification ou de canonisation, soit aux bureaux de constatations médicales, le concours îles sciences humaines est nécessaire si l’on veut arriver a des décisions sûres, opportunes et sages.

Enfin, dans le domaine de l : i piété, certaines dévo tions populaires gagneraient vraisemblablement à s’inspirer d’un sens historique plus exact des réalités. Tant de légendes sont devenues objet de croyance populaire, desquelles il serait bon — en procédant avectoute la délicatesse nécessaire que la critique vint enlever un merveilleux qui, sans être un chemin bien sur pour amener les aines à Dieu, est un moyen très efficace pour attirer sur notre religion les sarcasmes des incroyants. Eliminer de la piété et des pratiques pieuses la croyance et l’affection à un merveilleux frelaté, pour n’y laisser subsister que l’influence d’un surnaturel authentique, tel pourrait être le résultat heureux de l’aide apportée par la critique historique à l’hagiographie en ce qui concerne les miracles, les visions, les révélations d’authenticité très douteuse.

2° Des sciences humaines aux sciences sacrées. Est également vrai le rapport inverse entre les termes du problème.

D’une part, les sciences humaines ne peuvent ignorer les sciences sacrées. Les vérités de la foi, les vérités de la raison appartiennent à deux ordres de connaissance distincts, mais entre lesquels il ne saurait exister d’incompatibilité fondamentale, puisque i le Dieu qui révèle les mystères et répand la foi en nous est le même qui a mis la raison dans l’esprit de l’homme et qu’il est impossible que Dieu se renie lui-même ». Concile du Vatican, sess. iii, c. iv, Denz.-Bannw., n. 1797. Le savant n’est donc jamais autorisé, au nom de la raison, à nier la possibilité d’une science sacrée fondée sur le surnaturel. Et c’est en cette négation que gît l’erreur fondamentale du rationalisme. Voir ce mot, t. xiii, col. 1689-1690. Le modernisme, voulant expliquer la révélation par le simple jeu de la psychologie, de l’expérience religieuse et de l’immanence, n’est qu’une forme déguisée du rationalisme puisqu’il s’agit, en somme, de ramener au subjectivisme les vérités objectives garanties par la raison et par la foi. Voir Modernisme, t. x, col. 2012.

D’autre part, les sciences humaines ne peuvent se déclarer en contradiction avec les données certaines des sciences sacrées. Dieu ne peut se contredire lui-même et la vérité ne saurait s’opposer a la vérité. Donc, tout en gardant l’indépendance d’esprit et de méthode nécessaire au caractère scientifique de son œuvre, le savant ne jettera jamais a, >riori de suspicion sur les vérités enseignées par les sciences sacrées. Si quelque apparente contradiction se fait jour, c’est, pour reprendre une expression de Léon XIII dans l’encyclique Providenlissimus I)rus. parce que le théologien (la science sacrée) ou le naturaliste (la science purement

humaine) n’ont pas su se renfermer dans leurs limites

et se garder, selon l’avertissement de saint Augustin,

de rien affirmer témérairement et de donner l’inconnu

pour le connu.Noir ici Inspiration di l'Écriture,

t. mi. col. 2235.

Enfin, les sciences humaines devront s’interdin naturaliser en quelque sorte le surnaturel révélé pour ne l’admettre que dans la mesure où l’exige la raison. Ccst l’erreur du semi-rationalisme allemand ^ln iv siècle. Voir ci-dessous Semi-rationalismi.

A. Michel.

ii. science de dieu. La question de la science divine n'étant abordée dans le Dictionnaire qu'à propos d’autres études, notamment MoLlNISME, PrÉDJ s tination. Providence, Thomisme, il est nécessaire d’en donner ici une brève synthèse. On examinera : I. Le dogme. II. Les doctrines théologiques (col. 1600). III. Les opinions libres (col. 1606).

1. I.i. dogme. infini en toutes ses perfections. Dieu est donc Infini en intelligence. Conc. du Vatican, sess. m. c. i. Denz.-Bannw., n. 1782. Cette science infinie est le rondement de la doctrine de la providence. Ibid., n. 1784. I.a science divine étant infinie s'étend a tout : aussi l’appelle-t-on Y omniscien.ee.

1° Fondement scripturaire. - 1. Affirmations générales. — Pour affirmer au nom de l'Écriture le dogme de l’omniscience, le magistère a fait appel, lors du con elle du Vatican, à Ilebr., i, 13. Denz.-Bannw., n. 1784. Dans la question de la prescience divine, le concile de Valence cite la prière de Suzanne, Dan., xvi, 42..Mais d’autres textes pourraient être invoqués, I Reg., ii, 3 ; Ps., cxxxix (hébr.), tout entier ; Eccli., xxiii, 28-29 ; xi.n, 18-20 et tout particulièrement l’s., c.xxxix, ."> : Esther, xiv, 1 ; I Cor., ii, in. D’autre part, cette omniscience divine pourrait être déduite des affirmations touchant la vie divine, qui est la vie d’un esprit, Joa., v, 26 ; cf. xiv, 6 ; voir le commentaire de saint Augustin. In Joannem. tract. XXII, n. 9, 10, P. L., t. x.xxv. col. 1579 sq., et la sagesse divine, qui est celle d’une cause intelligente, toute-puissante, agissante et. par là même, infinie. Sap., vii, 21-27 ; cf. Eccli., i, 7 sq. ; l’rov., viii, 22-31 ; Ps., cxlvii, 5 ; Rom., xi, 33.

2. Affirmations plus spéciales quant à l’objet de l’omniscience.

Les affirmations scripturaires nous permettent même de préciser les différents objets de la science divine. En principe, Dieu connaît tout ce qui, d’une façon ou de l’autre, est connaissable. Mais l’Ecriture affirme spécialement que :

a) Dieu se connaît lui-même, et aveccette unie que lui seul peut se connaître parfaitement. Mattli.. xi, 27 ; I Cor., ii, 10, 11. — b) Dieu connaît toutes choses réellement existantes ou devant exister ou ayant existé. Hebr., IV, 13 ; Kceli., i, 2, 8, 9 ; xxiii, 29 ; xlii, 19 ; cf. Gen., i, 2 ; Ps., l, 10 ; cxlvii, 4, 5 ; Job, xxviii, 1 ; K. xliv, 7 ; xi.v, 21 : xlvi, 22-23 ; Dan., xiii, 42. — c) Dieu connaît les secrets des cœurs. Matth., VI, 1 ; cf. Ps., vii, in ; xxxiii, 15 ; i.xix, 6 ; Is., xli, 23 ;.1er., i, 20 ; xvii, 10 ; I Par., xxviii, 9 ; III Reg.. mm Eccli., xxiii, 2<S. d) Dieu connaît les fautes elles mêmes et le mal. Ps., lxix, ti ; Prov.. XV, Il : Eccli., xxiv, 24. — e) Dieu connaît tous ces événements et tous ces faits, même lorsqu’ils dépendent de la liberté des créatures ; il connaît donc avec certitude les futurs libres. Voir, au sujet du départ des Hébreux de l'Égy pte ce cpie Dieu dit des desseins du Pharaon. Ex., m, 19 ; au sujet de leur entrée dans la Terre promise,

Deut., XXXI, 21 ; au sujet des noirs desseins des deux vieillards, Dan., xiii. 12. C’est ainsi que, par c omniuni cation de la science divine, Jésus savait d’avance qm

ne croirait pas en lui et le trahirait. Joa., vi, 65. ie

magistère a d’ailleurs sanctionné la doctrine en

en ces textes : citant Hebr., i. Ci. le Concile 'I" Vati