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spéculatif, dans le premier on entend surtout l’homme au courant de l'Écriture et de-. Pères.

Bien que Soto fût ensuite rentré en Espagne, ses ouvrages continuaient à parler à sa place et les protestants ne les oubliaient pas. Dans son livre sur le concile de Trente. Francfort. 1563 (1 M partie) et 1573 (2e partie'). Martin Chemnitz a toujours les yeux sur Pierre île Soto pour attaquer son œuvre ou, plus exactement, pour l’injurier en même temps que toute l'Église catholique. Les mo'.s de Brenz reparaissent, et l'Église avec tous ses ministres est « asotique ». comme l’est notre saint religieux. Mais où se remarque surtout le retentissement des ouvrages de Soto. c’est dans la réfutation qu’en firent quatre théologiens protestants (en dehors île Brenz), qui se partagèrent le travail. Cette œuvre collective qui parut à Francfort (1561) en deux volumes in-folio comprend, au t. î, la Confessio protestante présentée à Trente et. à la suite, les deux ouvrages de Soto, l’Assertio et la Defensio, puis les Prolégomènes de Brenz. écrits pour les réfuter ; au t. il figurent les autres écrits de Brenz et les quatre réfutations de quatre théologiens de l’université de Tubingue, correspondant aux quatre points traités par Soto ; elles sont dues respectivement à Jacques Beurlin. Jacques Ileerbrand, Jean Ysenmann et Théodore Snepfî. Bien de très nouveau en tout ceci, même pas les injures contre Pierre de Soto, l'Église « asotique », etc. Au moment où cette réfutation s’imprimait, Soto était en Espagne, mais il dut en avoir connaissance par les amis qu’il avait en Allemagne ; plus tard il devait rencontrer quelques-uns de ceux-ci au concile. Mais il n’eut pas le temps de répondre à ces attaques.

Il ne resta pas cependant sans défense. Le cardinal Hosius, qui depuis longtemps vénérait Soto, écrivit (1557-1559) une Con/utatio Prolegomenôn Brendi, quee primum scripsit adversus venerabilem virum Petrum a Solo. Notre théologien ne pouvait désirer de meilleur défenseur. En cette œuvre éclate le savoir et aussi la sainteté du théologien espagnol. Si. pour Hosius, Soto était un saint, il ne l'était pas moins pour d’autres contemporains. Prirent aussi la défense de Soto et le citèrent avec éloge le théologien Lindanus, son collègue à Dillingen, dans sa Panoplia evanyelica, Cologne, 1559, et aussi Noguera. Ces louanges ne sont égalées que par celles que lui donne le cardinal Otton dans l'épître mise par lui en tête des Inslitutiones sacerdotum.

2° Position théologique de Solo dans les controverses entre catholiques. — Ce n’est un secret pour aucun de ceux qui connaissent la littérature théologique du xvie siècle, que plusieurs théologiens sortirent alors du droit chemin, encore que vraiment catholiques de cœur, et ayant vécu et étant morts dans l'Église. Il s’agit en général de personnages autodidactes en théologie, plus humanistes que théologiens, ou qui ne surent pas garder le juste milieu dans leur réaction contre le protestantisme.

C’est a rencontre de cette tendance, qui trouva sympathie et faveur auprès de certains hommes de grand mérite, comme Tapper, chancelier de l’université de Louvain, qu'écrivit Soto, et qu’il prit la défense îles droits de la théologie traditionnelle, celle de saint Augustin correctement interprétée par celle de saint Thomas, le docteur commun de L'Église. Le Docteur d’Hippone se trouvait exploité par les protestants, pas toujours compris par certains catholiques, lesquels lui attribuaient des ouvrages qui n'étaient pas de lui, ni ne tenaient compte des relies les plus élémentaires de la critique. Soto le défendit a plusieurs reprises en ses écrits, en rejetant certaines œuvres qu’on lui attribuait à tort, en exposant la vraie pensée du saint, non sans tenir compte de l’ordre chronologique de ses livres et des Rétractations. Nous ne pouvons descendre dans le détail, mais nous signalerons au moins les idées

essentielles de Soto sur les problèmes les plus discutés au xvi 1 e siècle. Nous nous servirons surtout de ses Institutiones sacerdotum et de ses deux Epîtres à Ruard Tapper. L' Assertio, encore qu'écrite contre les protestants, nous fournira quelques documents pour connaître la pensée de Soto sous l’aspect que nous étudions ici.

1. Le péché originel. - -On voit se renouveler au xvi" siècle les antiques erreurs ou les tendances peu suit s qui avaient trouvé des défenseurs au xiie siècle, au moment où se constituait la Scolastique. Les uns l’assimilaient ou du moins le liaient étroitement avec la concupiscence ; les autres s’en forgeaient un concept purement négatif, où disparaissait le formel du péché. Si les premiers sacrifiaient plus ou moins aux excès du protestantisme, les seconds trouvaient un terrain tout prêt pour avancer dans leur tendance « nihiliste ». C’est le cas de Pighi et de quelques autres. Soto saura éviter les deux excès, en suivant le chemin tracé par saint Thomas. C’est ce que l’on peut conclure de ses allirmations. Voir Assertio, fol. 9 ; Inst. sacerd., lect. 3, 5.

2. Grâce et libre arbitre.

Plus discutés entre catholiques furent les problèmes relatifs au libre arbitre et à la grâce. La position personnelle de Soto en ces questions est mieux connue, car c’est un des points qu’il traite avec abondance. Pour lui l’existence du libre arbitre est hors de discussion. Saint Augustin n’a pas dit autre chose, encore que l’on cite des paroles de ce docteur comme preuve du contraire. Soto se réfère à une de ces expressions qui étaient courantes depuis le xiie siècle : « L’homme n’est pas dépourvu du libre arbitre par l’effet du péché originel, bien qu’il ne puisse être délivré de celui-ci et être justifié sans la grâce. Epist., ii, n. 47 (les numéros cités ici sont ceux de notre édition ; le texte de Réginald n’en comporte pas). L’homme peut donc faire quelque œuvre bonne, de l’ordre naturel, sans la grâce, mais sans elle il ne peut se préparer à la justification. Inst. sacerd., De pœnit., lect. 9, fol. 118 de l'édit. de Lyon 1587. Chez Soto, comme chez tout disciple de saint Thomas, la distinction entre ordre naturel et surnaturel est quelque chose de fondamental. C’est pour l’avoir oubliée que se sont fourvoyés certains théologiens de son temps et des âges suivants ; il s’en plaint dans ses lettres à Tapper. Il pousse le cri d’alarme et écrit au chancelier de Louvain :

Movet me itaque primum quod videam catholicos pluiïmos, et fere omnes qui contra hærescs scribendo noti sunt, liberum arbitrium et necessitatem gratise (quod utrumque fatentur) salvari non posse judicare, nisi gratia Dei, qua ut ad ipsum converti corda possint opus est, omnibus adsit, nullique a Deo negetur ; atque post eam datam, omnibus liberum maneat, per ipsam liberi arbitra vim et naturam, illa vel uti, vel certe eam respuere…. Quibusdam enim omnino videtur gratiam illam, qua potentes quodammodo efficimur, ut convertamur ad Deum, aequalem esse in omnibus…. Aliis vero liane non aequalem esse in omnibus placet. In secundo vero, quantum omnes conveniunt, quod videlicet bonus illius gratia ; usus, qui est Deo vocanti respondere et graviter Dei doua acceptare, nostri sit liberi arbitrii ; en sorte que tout dépende ex hac liberi arbitrii di fièrent ia. Epist., i, n. 3.

En d’autres termes, pour Soto, il n’est pas admissible, comme le voulaient ces théologiens controversistes, que, pour sauver le libre arbitre, il soit nécessaire de concéder ces quatre propositions : 1. à tous est donnée une grâce égale, ou, connue disait Tapper, en adoucissant cette première assertion : à tous est donnée au moins quelque grâce à un certain moment ; 2. le bon usage de la grâce (et sous ce mot est inclus le consentement a celle ci) dépend seulement du libre arbitre ; 3. la distinction entre justes et pécheurs, entre plus juste, et moins justes dépend exclusivement du plus ou moins grand effort de notre volonté et de sou libre arbitre ; 4. la prédestination reconnaît poui cause