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SOTEH (SAINT) — SOTO (DOMINIQUE DE)

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Eusèbe a connu une lettre de Denys de Corinthe adressée à Soter, le remerciant des secours envoyés par son

Église à celle de Corinthe et attestant la bienveillance générale de la communauté romaine et de son chef à l'égard de toutes les infortunes des chrétiens. II. /-.'., IV, xxiii, 9-11. Les données fournies par le Liber pontificalis sur diverses ordonnances disciplinaires ou liturgiques de ce pape sont légendaires ; elles ont été exploitées par le pseudo-Isidore. Quelques autres mesures citées par les collections canoniques du haut Moyen Age et qui sont passées au Décret de Graticn ne sont pas mieux attestées. L’auteur du Prædestinatus croit savoir que Soter aurait écrit un livre contre les montanistes, et qu’il aurait condamné les « tertullianistes ». L. I, c. xxvi et i.xxxvi. /'. L., t. lui, col. 596, lilti. I.a seconde donnée est certainement fausse ; si bas que l’on place le pontificat de Soter, la rupture de Tertullien avec la grande Église, puis avec le gros des montanistes lui est postérieure d’au moins trente ans. Quant à une action de ce pape contre les premières manifestations du montanisme, elle n’aurait rien d’invraisemblable. Mais quel fond peut-on faire sur les données du Prædestinatus ? Voir l’article, t.xii, col. 277.") sq. Xi le Catalogue libérien ni les éditions diverses du Liber pontificalis n’attribuent à Soter la qualité de martyr. Sa mémoire est célébrée le 22 avril.

Le Liber pontificalis, é.dit. Duchesne, t. i, p. 4-5, 58-59, 185 ; Jaflé, Regesta pontifteum romanorum, t. i, p. 9-10.

É. Amann.
    1. SOTO (Dominique de)##


1. SOTO (Dominique de), frère prêcheur (14951560). I. Vie. II. Écrits et doctrines (col. 2428).

I. Vie.

Né à Ségovie d’une famille modeste, il suivit, de 1513 à 1516, les cours de la faculté des arts d’Alcala, où il eut pour maître Thomas Garcia (saint Thomas de Villeneuve). Il passa ensuite à Paris, où il fréquenta pendant trois ans les cours de théologie. Rentré à Alcala vers la fin de 1519, il fut admis comme membre du collège Saint-I lildephonsc où il poursuivit ses études théologiques jusqu’en 1524, tout en occupant une chaire à la faculté des arts. A ce moment il demanda à être admis chez les dominicains de SaintPaul de Burgos, où il prit l’habit en juillet 1524, changeant son nom de baptême, François, en celui de Dominique. Quelques mois après sa profession, vers la tin de 1525, il fut envoyé à Salamanque, où il donna des leçons de théologie aux religieux de Saint-Ktienne, en même temps que, à l’Université, il suppléait dans la « chaire de prime », pendant ses absences ou ses maladies, le célèbre François de Vittoria.

La « chaire de vêpres » étant devenue vacante à l’académie de Salamanque par la mort de maître Bernardin Vasquez de Oropesa, Solo l’obtint au concours, en novembre 1532, et la conserva jusqu’en mars 15 1 !), date à laquelle il y renonça pour accepter la charge de confesseur de l’empereur Charles-Quint. Entre 1533 et 1545, en dehors de ses occupations académiques, il avait pris une part très active au gouvernement de l’Université. Il s'était fait remarquer tout spécialement par son zèle à secourir la pauvreté des étudiants dans les années de famine de 1540 et 1511. Il était aussi Intervenu dans la question « lu paupérisme, devenue fort aiguë en ces mêmes années, c’est à elle qu’il consacra son opuscule Délibération m lu causa de lus pobres, adaptation d’une leçon universitaire, qu’il dédia en latin et en castillan a l’infant don Philippe. Il y prenait la défense des nécessiteux contre la dureté

des mesures auxquelles on voulait les soumettre. Le livre lit du bruit en dehors même de l’Espagne ; comme L’auteur, en 1547, se trouvait à Venise, où des

problèmes analogues se posaient, l’ouvrage y fui ree dil c en lai in par ordre du Sénat.

i ii i.') 15, lors de la convocat ion du concile « le Trente, comme Vittoria, malade, ne pouvait s’y rendre, Solo,

sur la demande de Charles-Quint, y fut envoyé à la place de celui-ci ; il eut comme compagnon Barthélémy Carranza, pour lors professeur à Saint-Grégoire de Yalladolid. Leur arrivée à Trente est signalée le 6 juin de cette année. Mais l’ouverture de l’assemblée devait encore tarder six mois ; en étroite union avec le P. François Homeo. vicaire général, puis maître général de son ordre, Soto profita de ce répit pour étudier de près la situation. Il prit la parole en trois occasions : pour célébrer la naissance du prince don Carlos (8 août), le 1 er dimanche de l’A vent (29 novembre) et à une autre date que l’on ne peut préciser. Le concile ouvert, Romeo qui devait s’absenter, délégua ses pouvoirs à Soto, qu’il préférait, pour sa compétence, aux dominicains italiens. Cette désignation fut admise sans difficulté, propter viri doctrinam Patribus cognitam. Certains, pourtant, se refusèrent à. concéder à Soto voix délibérative, ce qui, disaient-ils, eût été contraire à la bulle Decet nos, ils ne voulaient lui accorder que voix consultative. Ce point ne fut pas tranché ; de fait, néanmoins, Soto ne laissa pas de voter comme les autres Pères.

Son intervention se remarque dès la ive session, où l’on traita du canon scripturaire et de l’autorité de la Yulgate, deux questions que Soto connaissait bien pour avoir consacré, à Salamanque, trois relectiones à ces matières. Plus important encore fut son avis lors des discussions relatives à l'étude de l'Écriture que certains Pères auraient voulu imposer à tous les religieux, les chartreux compris, quitte à abréger ou même à supprimer l'étude de la théologie scolastique. Là-contre, Soto fit l'éloge des disciplines théologiques : il fallait leur garder leur prestige ; elles étaient indispensables pour l’intelligence de l'Écriture et la controverse avec les hérétiques. Au cours du concile il démontra lui-même, par la pratique, la valeur de la science théologique, en attirant l’attention sur les doctrines erronées que, faute de connaissances sérieuses, l’abbé bénédictin Luciano, membre du concile, avait laissé passer dans ses commentaires sur Jean Chrysostome. De même donna-t-il la mesure de son habileté dialectique et de sa science dans une altercation qu’il eut, le 8 avril 1546, avec le général des servîtes Augustin Bonucio. La discussion fut un succès complet pour le dominicain.

Durant la Ve session, Soto dut s’absenter pour se rendre à Borne au chapitre général de l’ordre. Il assista par contre aux travaux de la Vf session, et intervint à de multiples reprises dans la discussion des formules de Seripando sur la double justice. Son action eut une influence décisive pour faire écarter la doctrine en question, aussi bien que l’opinion sur la certitude que l’on peut avoir d'être en état de grâce. Tous ces problèmes et ceux qui se rapportent au péché originel (ve session) furent repris par Soto dans son traité De natura et gratta, dédié aux Pères du concile et imprimé à Venise en 15 17.

Quand l’assemblée fut transférée à Bologne, en 15 17, Soto demeura à Trente, avec les théologiens de l’empereur, jusqu’en mars ir> i.s. date à laquelle il fut appelé par Charles-Quint à Augsbourg pour collaborer, avec Pierre de Soto, Thomas de Malvenda et d’autres, à la préparation de l’intérim. Les historiens qui ont, à diverses reprises, émis un jugement peu favorable sur ce document, accusant de négligence ceux qui y étaient intervenus du côté catholique, ont oublie et les conditions où il fut rédigé et son caractère tout provisoire. Devant le fait accompli, « il était nécessaire di' tirer le maximum d’un mauvais payeur »,

c’est à dire, comme l’explique Soto, des protestants, en se contentant d’une formule qui, interprétée sans chicanes, étail susceptible d’un sens orthodoxe. Ayant publié 1'/ nier an sans espérer que Borne y donnerait