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SORCELLERIE ET MO H A LE

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de l’idolâtrie, de l’hérésie, de l’apostasie, de l’impureté et du blasphème, sans compter que in maleftciis gravissinur injuriée committuntur, p. 562 ; la distinction de la sorcellerie male/iciorum d’avec la magie vulgaire à intentions obligeantes des guérisseurs ou de l’art notoire, ibid., p. 564 ; une judicieuse remarque sur la sorcellerie efficace et le charlatanisme, p. 573 sq. Mais la distinction pratique entre les procédés secrets permis et les appels défendus à la puissance diabolique n’est exprimée que par des critériums empiriques presque aussi obscurs que le problème. Il faudrait d’abord regarder au résultat : « Beaucoup de prétendus bienfaits peuvent être naturels, comme les guérisons, les découvertes de trésors, Péloignement des parasites, tandis que l’immunité de tout accident serait au-dessus des forces naturelles. » Il faut ensuite faire attention aux procédés employés, dont la plupart sont équivoques : « Il faut y examiner le moyen ex parte instrument i, tel que les gestes faits, les formules employées, les signes laissés sur place ; ex parte temporis, voir la facilité et la rapidité de l’effet annoncé, comme une conversion subite ou une aversion sans préambules. > Enfin Suarez fait une part grande aux effets de l’imagination, ainsi qu'à ses illusions, toc. cit., n. 15 ; mais il rejette, peut-être un peu hâtivement, les influences astrales, admises par Cajétan, n. 19, toc. cit., p. 566-570.

Tout cela est bien abstrait. Pour concrétiser quelque peu ses conclusions, l’auteur examine un cas, toujours à l’ordre du jour, et non étudié dans ce dictionnaire, celui des guérisseurs, dont le métier soulève, dit-il, une objection d’expérience et une autre d’autorité. « On voit de tous côtés des gens qui opèrent merveilleusement sur les corps, par des moyens de soi inefficaces, comme certaines paroles accompagnées d’onctions d’huile ou d’applications de linge… ; avec cela, ils arrivent à guérir des blessures réputées incurables par les médecins, et parfois instantanément. En Espagne on les appelle des saludadores ; leurs procédés ne sont pas clairement superstitieux, mais inefficaces, principalement contre la rage ; or les évêques et l’Inquisition enquêtent et ne les empêchent pas de travailler. Cajétan les excuse, In U" m -II s, q. xcvi, a. 4, s’ils le font ex simpliciiate aut ex devotione. » Suarez, toc. cit., c. xv, n. 23, t. xiii, p. 571. « On ne peut appliquer à tous la même solution. Ceux qui se servent de remèdes naturels, rien à leur dire. Ils ont bien l’habitude de dissimuler l’usage qu’ils en font, pour provoquer l’admiration : petit péché de vanité ou d’avarice à moins qu’il n’y ait par ailleurs préjudice ou scandale grave. Il y a toujours avec eux péril moral ; aussi ne faut-il pas les autoriser publiquement sans qu’ils aient déclaré leurs recettes à l’autorité ( !). On pourra constater que leur remède a été découvert par hasard, ou n’est connu que de quelques spécialistes. Et tune nullum erit peccafum lnli lierba uti quia ilte usus juin non fundatus in societaie dœmonis, sed in virtute a Deo data et expérimente) cognita. » Ibid., p. 572.

Le cas des guérisseurs sans remèdes, armés de formules de prières, avait suscité les soupçons de Vittoria, Helect. de magia, n. 16 : il pensait soit à « une vertu naturelle attachée à leur personne pour telle maladie déterminée », ou même à une grâce gratuite, à un don confié par Dieu ù ces gens de mauvaise vie et d’argent. Suarez répond « qu’il faut faire grande attention si ces gens-là regardent leurs formules comme efficaces aux mains de toute autre personne ; car, alors, ce n’est ni une vertu personnelle, ni une grâce gratuite de Dieu ». De plus, Dieu n’a pas coutume de confier de tels dons à une personne de mauvaise vie d’une façon stable, et c’est pourtant bien la

conviction des saludadores qui, de ce fait, sont suspects. P. 572. Mais, quand la vertu est personnelle, qu’elle n’a pas eu un commencement mauvais qu’on puisse constater, puisque cette personne s’est mise à s’en servir par hasard, de bonne foi ou par simplicité, et qu’elle n’en espère l’efficacité que de Dieu (ou de la nature) non videtur damnanda.

Enfin, qu’il y ait remèdes ou simples formules, i il y a des guérisseurs qui agissent avec pleine certitude de l’effet, et donc en vertu d’un pacte superstitieux ; car ils n’ont pas de raison vraisemblable de présumer qu’une vertu divine accompagne leurs formules sacramentelles : introduire des procédés semblables sans l’autorité de l'Église est superstitieux et périlleux pour la foi. Qu’ils le veuillent ou non, ils se confient en de vaines observances ». P. 573.

Les moralistes modernes.

Quoi qu’ils pensent

de la portée des sortilèges, ils prononcent contre eux « une sentence de condamnation universelle. » Elle est fortement motivée à l’art. Magie de ce Dict., t. ix, col. 1528-1533. Il n’y a rien à y retrancher même pour la vulgaire magie des sorciers ; ce qu’on pourrait y ajouter ne concerne que l’appréciation des cas particuliers. Le cas du pacte explicite est le plus simple, parce qu’il réalise le péché de magie noire : or « objectivement, elle est toujours grave… Subjectivement, chez des chrétiens, elle ne paraît guère excusable : on ne voit pas comment ils seraient ignorants au point de s’adonner à cette affreuse (ou honteuse) magie sans en remarquer la gravité ; comment ils pourraient y être forcés malgré eux » par l’insistance des clients « au point d’en perdre la responsabilité. Que si pourtant il en était ainsi, ce ne pourrait être que chez des peuples d’une extrême barbarie. » J. Didiot, Morale surnat. spéciale, p. 489. A l'égard d’un sorcier professionnel, sauvage ou civilisé, il faudrait, s’il voulait se convertir, lui demander : 1. de renoncer à tout pacte avec le diable ou avec les faux dieux ; 2. de réparer, autant qu’il le peut, tout le tort qu’il a causé par ses maléfices ; 3. de détruire ou de livrer ses livres ou objets magiques et de signaler, s’il y a lieu, le signe extérieur de sortilège pour qu’on puisse le détruire. Quant aux victimes, vraies ou supposées, du sorcier, il faudrait leur conseiller d’abord de ne pas croire aveuglément à l’efficacité de la sorcellerie et surtout de ne pas transformer telle rancune de famille en accusation précise contre telle ou telle personne, et puis leur recommander les moyens spirituels : la prière, les sacrements, etc., et les bénédictions de l’Eglise sur leur maison et leur étable, en les prévenant de ne pas en attendre plus que la foi ne l’enseigne.

Au contraire, vis-à-vis des recettes équivoques que l’on se transmet dans les paroisses de campagne, une enquête discrète, même superficielle, y découvrira assez souvent des formules suspectes ou à tout le moins inutiles. Cf. Ami du clergé, 1933, p. 657-663. Ce sont de vaines observances qui n’ont d’ordinaire qu’un lointain rapport avec la sorcellerie. La faute des gens qui en usent serait grave s’il y avait un pacte même tacite avec le démon, c’est-à-dire si l’on sentait que ses pratiques ont besoin d’un supplément d’efficacité de la part d’une cause mystérieuse et mauvaise ; niais elle est d’ordinaire légère « subjectivement et même objectivement ; les procédés et les effets ne sont pas gravement déraisonnables ni injustes. » J. Didiot, loc. cit. Comme les gens qui s’en servent sont souvent de bonne foi et parfois d’assez bonne volonté, on ne leur refusera pas l’absolution, niais on devra d’autant plus exiger qu’ils s’abstiennent des formules et gestes superstitieux et d’une confiance Injustifiée en leurs recettes. Yidcat, dit sagement Cl. Mare, num rcs in sensum bonum retorqueri possit, vel mutart in alium sensum sed bonum.