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1884, p. 138 sq. : Keret, La faculté de théologie de Paris, t. ii, p. 203-213 ; O. Gréard, .Vos adieux <i la vieille Sorbonne, Paris, 1883, p. 2-10 ; F. Cbambon, Robert de Sorbon, De conscientia et de tribus dietis. Paris, 1003 ; P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théoloyie de Ptiris au.Xlll’sièele, t. i, 1033, notice 159.

P. Glorieux.

    1. SORBONNE (LES ORIGINES DE LA)##


SORBONNE (LES ORIGINES DE LA).— Soit

ignorance, soit parti-pris, on a souvent, en traitant de l’enseignement à Paris du xiir 8 au xviiie siècle, confondu Sorbonne et Université, ou tout au moins Sorbonne et faculté de théologie. La confusion est ancienne. Elle est courante aux xviie et xviiie siècles malgré les protestations renouvelées de la Faculté. Dans un Mémoire pour les doyens et bacheliers en théologie de la présente licence ( 1721) contre les prieurs, docteurs et bacheliers de la Maison et Société de Sorbonne, dans lequel, en examinant les prétendus droits du prieur de Sorbonne parmi les bacheliers, ses confrères, on donne une idée juste et véritable de la faculté de théologie et de la Sorbonne en particulier, on lit cette mise au point, pleinement légitime d’ailleurs : « Il ne faut pas confondre le collège de Sorbonne avec la faculté de théologie comme fait le vulgaire, sous prétexte que la situation et la commodité des bâtiments de ce collège ont engagé la Faculté à y soutenir ses assemblées, pas plus qu’on ne confond l’Université avec le couvent des Pères mathurins parce qu’elle y convoque ses assemblées et qu’elle en date ses délibérations. Il n’y a pas plus de docteur de Sorbonne qu’il n’y a de docteur de Navarre) il n’y a que des docteurs de la Faculté, élèves de la Maison de Sorbonne ou de la Maison de Navarre. La Sorbonne n’est qu’un collège ; et le berceau de tous les collèges, c’est la Faculté. Faut-il rappeler à celui de Sorbonne qu’il a été longtemps misérable en hommes comme en revenus, qu’il a dû emprunter aux Cholets de l’argent pour nourrir ses boursiers, et des bacheliers à Navarre pour avoir des prieurs ? Depuis ce temps Richelieu l’a privilégié : ce n’est pas une raison pour se montrer ingrat et rebelle envers la commune mère. Que le chef de ces Messieurs, le prieur, règne en son collège ; soit. Mais le collège qui est le théâtre de son autorité en est aussi le tombeau. Dès qu’il s’agit des examens ou des jugements, bien que rendus dans la salle des Actes qui appartient à la Société, la Faculté seule domine. » L’admonestation est sévère ; peut-être était-elle méritée. Elle indique en tout cas le véritable sens et l’exacte portée de l’institution de 1253 qui a rendu célèbre le nom de son fondateur, Hobert de Sorbon.

I. L’institution et son sens. — Dans l’intention première de celui-ci, qui a toujours été respectée d’ailleurs, la Sorbonne est essentiellement un collège. Le titre officiel qui la désigne dans les documents ou les chartes du xiiie siècle, ou que l’on voit reproduit souvent sur les manuscrits qui lui furent légués, porte : l'.ongregatio, ou Collegium pauperum magistrorum Parisius in theologica facultate studentium. Il indique et son recrutement, et son caractère charitable et son but.

Le recrutement.

Cette fondation s’adresse exclusivement aux « maîtres étudiant à la faculté de

théologie de Pans ». Suivant les statuts de l’Université, et plus spécialement encore de sa faculté de théologie au xiii c siècle, nul ne peut être admis à s’adonner aux études théologiques et surtout à prétendre aux grades, qui n’ait suivi auparavant les cours de la faculté des arts et conquis la maîtrise es arts. Seuls se verront dispensés du titre, non pourtant des études équivalentes, les sujets des ordres religieux ayant collèges et chaires reconnus. Qu’on ne s’y trompe pas : les maîtres dont il s’agit ici sont les maîtres es arts, clercs, par le fait même, qui veulent poursuivre leurs études dans la faculté de théologie, et même y conquérir licence et maîtrise.

DICT. DE THÉOL. CATHOL, ,

Par là déjà la Sorbonne se distinguait d’autres collèges, tels celui du Trésorier (fondé en 1268), celui du Cardinal (en 1302), de Navarre (en 1305-1315) qui s’ouvrent aux étudiants en grammaire et philosophie aussi bien qu'à ceux de théologie. Il se distinguait de certains autres, comme le collège des Danois, celui d’IIarcourt. des Cholets parce qu’il ne limitait pas son recrutement à quelques diocèses ou à une nation donnée, mais s’ouvrait sans distinction aux étudiants en théologie, à quelque nation qu’ils aient appartenu durant leurs études es arts. Voir à ce propos la bulle de Clément IV, en date du 23 mars 1268, Chartularium universitatis Parisiensis, t. i, n. 421. Le but poursuivi en commun mettra entre tous l’unité requise et assurera une homogénéité plus grande que si les divers membres s’adonnaient indifféremment à l'étude de la philosophie, de la théologie ou du droit.

Son caractère charitable.

Ces maîtres es arts,

inscrits à la faculté de théologie, sont pauvres. C’est pour leur venir en aide que le collège a été fondé ; il doit leur procurer gîte et couvert et leur permettre de continuer leurs études. Un système de bourses provenant de donations ou de legs doit assurer l’entretien des membres du collège, dont le chiffre n’atteignit que progressivement 32 et ne dépassa jamais 36. La bourse se montait, à l’origine, à deux sous, trois sous par semaine ; plus tard elle atteignit cinq sous six deniers (un peu plus de six francs de notre monnaie or). Puis, à côté des associés, des socii ainsi aidés, la maison s’ouvrait également à des hôtes qui couvraient eux-mêmes les frais de leur entretien. D’ailleurs quiconque acquérait, au cours de ses études, un revenu de quarante livres devait renoncer à la bourse qu’il avait pu obtenir ; les ressources des plus fortunés doivent venir en aide aux plus pauvres et les « poures clers » demeurent toujours la raison d'être de l’institution.

Son but.

Mais la forme et le but de cette institution charitable étaient précis : permettre à ces maîtres pauvres de mener à bien leur„ études théologiques.

Or, celles-ci étaient assez longues. Au milieu du xme siècle, lorsque Robert de Sorbon fondait son collège, la scolarité comportait près d’une dizaine d’années : cinq ans d’assistance aux leçons ordinaires, sans aucun titre ; un an d’enseignement comme bachelier biblique ; deux ans comme bachelier sententiaire ; puis une période d’attente (qui au siècle suivant durera quatre ans) avec la qualité de bachelier formé. Alors seulement peut être obtenue la licence et s’inaugurer la maîtrise. Les règlements du collège prévoient donc un séjour de sept ans au minimum, d’une dizaine d’années au plus, pendant lesquelles on travaille et on se prépare. Toutefois — et c’est ce qui fait l’originalité de cette institution — la Sorbonne n’est pas seulement une maison pour étudiants, pension ou maison de famille, comme l'étaient auprès d’elle au moment de sa fondation, les six ou sept collèges déjà existants : de Rethel, des Danois, des Dix-Huit, de Constantinople, de Saint-Honoré, de Saint-Nicolas du Louvre, des Bons-Enfants Saint-Victor, mais une maison d'étude où l’organisation intérieure, comme le règlement, tend de toutes façons à favoriser le travail, à aider et faciliter à ses membres les études mêmes auxquelles ils s’adonnent.

IL Le fondateur et la fondation. — On s’est mépris parfois sur l’initiative de Robert de Sorbon et le sens qu’il lui attacha. Bien des mémoires sur les origines de la Sorbonne, ou des histoires de Sorbonne, écrits à des périodes de crises ou de luttes : gallicanisme, opposition aux ordres religieux, ont déformé sciemment ou non l’intention qui présida à son origine. On a prêté à Robert de Sorbon des vues certainement inexactes. La fondation de son collège ne fut pas une arme de guerre contre les ordres religieux, ni

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