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SOPHONÏE. — SOPHRONE


Moabites, les Ammonites, les Coushites et les Assyriens, auront part à la restauration. Jahvé fera périr tous les dieux de la terre, en sorte que de toutes les îles des nations on l’adorera, ii, 11. Ce sera la conversion des gentils au Dieu d’Israël dont ils invoqueront le nom avec des lèvres purifiées, iii, 9.

Quant à l'époque des grands événements qui doivent marquer ce Jour de Jahvé, il semble bien que le prophète en perçoive la proximité, non seulement pour ce qui est du bouleversement des nations et du chàtiment des coupables, mais aussi pour ce qui en paraît la conséquence immédiate, la constitution du Reste d’Israël dans la possession des gloires et des bienfaits messianiques. A ce sujet, « il faut tenir compte du mélange des perspectives et de la portée esehatologique que présentent aux yeux du prophète des événements historiques. Il faut tenir compte aussi des développements oratoires, et considérer ces prédictions, à première vue contradictoires, comme des expressions différentes d’un même vœu prophétique, appelant la justice divine sur tous les coupables. La variété des images employées devient dès lors naturelle. L’idée dominante reste toujours celle du triomphe final d’Israël et de l’abaissement de ses ennemis. » Tobac, Les Prophètes d’Israël, 1919, t. i, p. 280.

I. Commentaires généraux.

Aux commentaires de l’ensemble des douze petits prophètes, dont mention a déjà été faite dans la bibliographie des articles sur ces prophètes déjà parus ici, s’ajoutent les ouvrages récents de Stonehouse, The books of Zephaniah and Kalium, Londres, 1929, dans Westminster commentaiies ; la 2e ot 3e édition du commentaire do Scllin, Dos Zwolfprophetenbuch, Leipzig, 1930, dans Kommentar zum Alten Testament de Sellin ; Edelkoort, Xahum, Habakuk, Zefania, Amsterdam, 1937 ; F. Horst, Die zwôlf kleinen l’ropheten, S’ahum bis./ « » ac/ii, Tubinguc, 1938 ; H. Junker, Die zwôlf kleinen Propheten, II Hàlfte, Xahum, Habakuk, Sophonias, Aggàus, Zacharias, Malachias, Bonn, 1938, dans Die IJeilige Schrift des Allen Testaments de Feldmann et Herkenno.

IL Commentaires et travaux spéciaux. — 1° Catholiques. — L. Reinke, Der Prophet Zephanja, Munster, 1868 ; J. Lippl, Dos Buch des Propheten Sophonias, Fribourg-enB., 1910, dans Biblische Studien, xv, 3 ; Tobac, Quænam ex libro Sophoniee deduci potest doctrina ? dans Vie diocésaine, Documenta, février 1910.

A’on catholiques.

Schwally, Dos Buch Ssejanja, dans

Zeitschrift fur alttestamentliche Wissensehaft, 1890, p. h>.~>240 ; Besson, Introduction au prophète Sophonie, l’ai is, 1910 ; Halévy, Le propliète Sophonie, dans Revue sémitique, 1905, p. 193-198 ; 289-313 ; J.-M.-P. Smith, A critical and exegetical commentary on Micah, Zephaniah and Xahum, Edimbourg, 1912, dans The international eritic<d commentarii ; Cornill, Die Prophétie Zephanjas, dans Theoloyische Studien und Kritiken, 1916, p. 297-332.

Voir aussi les articles sur Sophonie dans les différentes encyclopédies : Fillion dans Vlgouroux, Dictionnaire de la Bible ; Kaulen dans Wetzer-Wolte, Kirchenlexicon ; (i. Béer dans Hauck, Protestantische Bealencyklopddie ; Cheyne, diuis Cheyne, Encyclopædia biblica ; J.-A. Selbie, dans Ilastings, A Dictionary oj the Bible.

A. Clamer.

    1. SOPHRONE DE JÉRUSALEM##


SOPHRONE DE JÉRUSALEM, patriarche de cette ville de 634 a 638.

I. Vie.

Sophrone naquit à Damas où il reçut une excellente éducation. Peut-être, comme paraît l’indiquer la qualification de sophiste qui lui est souvent attribuée, commença-t-il par enseigner la rhétorique. Il ne tarda pas en tout cas a abandonner le monde et il vécut durant de longues années au couvent de Théodose, près de Jérusalem. Avec un de ses confrères en monachisme, Jean Moschus, il entreprit de imps voyages qui le conduisirent d’abord en Egypte où il séjourna un certain temps, puis à Home. Jean Moschus mourut en 019 dans cette dernière ville, tandis que Sophrone regagnait la Palestine. Plus tard, il lui repris par le goût des voyages et retourna en Egypte. Il s’y trouvait Justement lorsqu’il eut connaissance des neuf

anathématismes portés en 033 par le patriarche d’Alexandrie, Cyrus de Phase. Ces anathématismes, on le sait, enseignaient la doctrine monothélite. Sophrone en saisit immédiatement la gravité et il commença par supplier Cyrus d’y renoncer. N’ayant pu obtenir aucune concession, il se rendit alors à Constantinople, pour essayer de s’entendre avec le patriarche Sergius : de nouveau il perdit sa peine. Il paraît même que Sergius serait parvenu à persuader à son interlocuteur de ne parler ni d’une ni de deux opérations en Jésus-Christ et de s’en tenir à la doctrine universellement reçue des deux natures et de l’unique personne de Jésus-Christ, opérant à la fois les choses divines et humaines. Mansi, Concil., t. xi, col. 533, 536.

Là-dessus, Sophrone revint en Palestine. Mais sa situation changea brusquement, car, sur la fin de cette année 633 ou au début de 634, il fut élu patriarche de Jérusalem, pour succéder à Modeste qui venait de mourir. De simple fidèle, il devenait ainsi juge de la foi : le silence sur les questions à l’ordre du jour lui parut une forfaiture. A l’occasion de son intronisation, semble-t-il, il rassembla autour de lui un concile qui définit la doctrine des deux opérations et des deux volontés ; puis il communiqua la lettre synodale au pape Honorius, à Sergius, et aux autres patriarches. Il semble même qu’il ait encore composé, pour combattre les monothélites, un grand ouvrage en deux livres, qui groupait six cents témoignages des anciens Pères en faveur du dyothélisme : cet ouvrage est perdu ; nous ne le connaissons plus que par l’allusion qu’y fit l'évêque Etienne de Doura en Palestine au concile du Latran de 049.

Sophrone ne garda pas longtemps le siège patriarcal et son épiscopat fut attristé par les invasions arabes qui se développaient alors en Palestine. II dut même, en 037, livrer la Ville sainte au calife Omar. Il mourut dès l’année suivante, 038.

Quelques historiens ont cherché à distinguer le patriarche Sophrone et le moine Sophrone comme s’il s’agissait de deux personnages différents. Cette tentative n’a pas rencontré grand succès et on peut accepter comme très certaine l’unité de personnage. Tout au plus a-t-on le droit de remarquer qu’avant son élévation à l 'épiscopat. Sophrone n’a pas toujours montré le magnifique esprit de décision que révélera sa lettre synodale.

II. Œuvres. — Au cours de sa longue carrière, Sophrone a beaucoup écrit. A la période antérieure à son patriarcat remontent des vies de saints et des poèmes.

1° Comme hagiographe, Sophrone est surtout l’auteur d’une vie des saints Cyr et Jean, P. G., t. i.xxxvii r, col. 3379-3070, en deux parties, dont la première raconte l’histoire des deux héros, leur martyre sous Dioctétien, leur ensevelissement à Alexandrie et leur translation à Mcnouthis, sous l'épiscopat de saint Cyrille, tandis que la seconde est consacrée au récit de soixante-dix miracles obtenus par l’intercession des dits saints, le dernier n'étant autre que la guérison de Sophrone lui-même, merveilleusement débarrassé d’une maladie d’yeux A la suite de ses prières. Deux biographies très courtes des mêmes saints, éditées par Mai sous le nom de Sophrone. P. G., t. i.xxxvii c, col. 3677-3696, sont très probablement apocryphes. L'œuvre authentique nous apparaît comme un écrit

savant, rédigé selon les meilleures formules de la rhétorique alexandrine. si artificielles ou si gênantes qu’elles puissent être.

Douteuse est l’origine d’une biographie de sainte Marie l'Égyptienne, ibid., col. 3697-3726, attribuée

aussi à Sophrone. Lu tout cas le style est tout à fait différent « le celui de la vie dis saints C.yr et Jean ; il serait quelque peu étrange qu’un seul auteur ait modifié à ce point sa manière.