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SOMMIER (JEAN-CLAUDE) — SONGE


Vosges ; en faveur auprès de l'évêque de Toul, Sommier fut bientôt prédicateur et conseiller ordinaire du duc Léopold et, de même qu’il avait rempli des missions de confiance pour son évêque, il s’acquitta aussi, à son avantage, des missions diplomatiques qui lui furent confiées par son souverain. Elles le conduisirent a Rome, où la cour de Lorraine présentait un projet d'érection d’un évèché à Saint-Dié, tandis que la cour de France faisait opposition par l'évêque de Toul. Le projet n’aboutit pas alors, bien que Sommier ait conquis Clément XI ; mais Innocent XIII le nomma successivement camérier d’honneur et prélat domestique, et Benoît XIII le sacra archevêque de Césarée de Cappadoce, assistant au trône pontifical, avec des pouvoirs étendus sur les territoires exempts de la juridiction des évêques dans les États du duc de Lorraine. De son côté Léopold le fit élire grand prévôt du chapitre collégial de Saint-Dié et abbé commendataire de Bouzonville, au diocèse de Metz. L’archevêque exerça, dans les territoires qui se réclamaient de l’exemption, les fonctions de son ordre et, dans les limites de sa grand-prévôté, une juridiction quasi-épiscopale. Il mourut le 5 octobre 1737.

Jean-Claude Sommier écrivit et publia divers ouvrages pour établir le bien-fondé de ses prétentions juridictionnelles : Lettre de messire Jean-Claude Sommier, archevêque de Césarée et grand-prévôt de SaintDiez, à Monseigneur de Bégon, évêque et comte de Toul, 1726, in-4°, 18 p. — Histoire de l'Église de Saint-Diez, avec les pièces justificatives de ses immunités et privilèges, dédiée à X. S.-P. le pape Benoît XIII, par messire Jean-Claude Sommier, archevêque de Césarée, grand-prévôt de la même église, Saint-Dié, 1726, xxxv1479 p., petit in-8°. — Apologie de l’histoire de l'Église de Saint-Diez et d’un mémoire touchant les droits de son prélat, contre un livre intitulé : « Défense de l'Église de Toul, etc., contre les entreprises du chapitre de SaintDiez et des abbés de la Vôge ; Saint-Dié, 1737, in-8°, 212 p. — Statuts publiés au synode de Saint-Diez, tenu le 9 mai 1731, par l’Illustrissime et Révérendissime Monseigneur Jean-Claude Sommier…, grand-prévôt de Saint-Diez, Saint-Dié, in-8°, viii-109 p.

Mais Sommier est aussi l’auteur de deux ouvrages plus considérables : une Histoire dogmatique de la religion, ou la religion prouvée par l’autorité divine et humaine et par les lumières de la raison, dédiée à Xotre Saint-Père le pape, par messire Jean-Claude Sommier, curé de Champs, Paris, 1708-1714, 6 vol. in-4° ; et une Histoire dogmatique du Saint-Siège, dédiée ù X. S.Père le pape Clément XI, Nancy, J.-B. Cusson, 17161733, 7 vol. in-12. En ces pages compactes, l'érudition et la vigueur ne manquent certes pas et le théologien subtil se reconnaît, plus encore l’apologiste et le polémiste. Mais son histoire dogmatique de la religion ne se signale par aucune originalité et son histoire dogmatique du Saint-Siège, que l’on sent trop souvent intéressée, n’utilise pas toutes les acquisitions critiques et historiques de son temps. On a attribué à Sommier un poème : Orgia alicapellana. F estes d’Alicapelle, MDCLLII (1702), 28 p. in-8°. On a enfin de lui quelques oraisons funèbres : Panégyriques des prince et princesse d’immortelle mémoire Charles V, duc de Lorraine et de Bar, généralissime des armées de l’Empire, et Marie-Éléonor d’Autriche, son épouse, Toul, 1698, in-4°, 31-25 pages ; Oraison funèbre de très-haut, trèspuissant, et très-excellent prince Charles V, duc de Lorraine et de Bar, roy de Jérusalem, prononcée dans l'église paroissiale de Saint-Èvre de Xancy, en présence de Messieurs de l’hôtel de ville, le Il may 1700, Nancy, petit in-8°, 118 p. ; Oraison funèbre de Haute et Sérénissime princesse royale Madame Charlolte-ÉlisabethGabrielle de Lorraine, fille ainée de leurs Altesses Royales, abbesse de Remiremont, prononcée ù Remire monl le 16 juin 1711, par messire Jean-Claude Sommier, conseiller et prédicateur ordinaire de S. A. li. et curé de Champs, Lunéville, 1711, in-4°, 20 p.

Dom Calmet, Bibliothèque lorraine ; Mi chaud, Blogr. universelle, au mot Sommier ; chanoine E. L’Hôte, .L-C. Sommier, archevêque (le Césarée et grand-prévôt de Saint-Dié, dans Bulletin de la société philomatique vosgienne, 35e an., 1909-1910 ; cf. ibid., t. xiii, xiv, xxxui, xxxv, xxxvii.

G. Glez.

SONGE. — In article sur les songes a sa place dans la théologie catholique, en raison des révélations que la Bible nous affirme avoir été faites au moyen des songes. Ce fait est indubitable. A des degrés divers, les songes manifestent l’intervention divine. Par eux, Dieu effraie, Job, iv, 12-21 ; vii, 14 ; Sap., xviii.17 ; il parle, Job, xxxiii, 15-18 ; il fait connaître ses volontés, Num., xii, 6 ; en un mot, il se manifeste, I Reg., xxvin, 6, 15. Ces deux textes semblent même placer les manifestations divines par songes sur le même plan que VUrim et les prophètes. Joël prédit qu’au temps du Messie les fils d’Israël auront des songes, c’est-à-dire auront d’abondantes communications divines. Joël, ii, 28 ; cf. Act., ii, 17.

La sainte Écriture elle-même reconnaît que cette sorte de manifestation divine peut donner lieu, de la part d’imposteurs et de faux prophètes, à des subterfuges et des contrefaçons, à l’endroit desquels les Israélites doivent se mettre en garde. Deut., xiii, 1-5 ; Jer., xxiii, 25 ; xxix, 8, 9. Ouelle garantie de vérité donner aux songes d’origine divine ? On n’en voit guère d’autre que le caractère du personnage qui en était favorisé et la conformité des songes avec les enseignements divins. La réalisation des songes peut être, après coup, une confirmation de leur origine divine. On trouvera dans le Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 1834, la liste des songes d’origine divine dont l'Écriture fait mention.

A l'égard de celui qui reçoit, par songe, une communication divine, la certitude de l’origine surnaturelle du songe peut être donnée par des contours plus précis, par des manifestations de messagers divins, hommes ou anges. Voici ce qu'écrit à ce sujet saint Thomas : « La lumière prophétique qui élève aux choses surnaturelles quelqu’un qui s’occupe des choses sensibles ù l'état de veille paraît être d’une force plus vive que celle qui se trouve dans l'âme de l’homme détachée des choses sensibles pendant le sommeil. » Sum. theol., II a II æ, q. clxxiv, a. 3. Il ajoute que la certitude est plus grande dans le sommeil, si les signes sensibles de la révélation sont apportés par une personne ; plus grande encore, si cette personne est un ange. Ceci sans doute pour mieux assurer la réalité des visions que saint Joseph eut en songe lors des poursuites dirigées par Hérode contre l’enfant Jésus. Matth., i, 20 ; ii, 13, 19, 22. « Un songe a peu d’importance. Aussi Matthieu a soin de dire que l’ange a apparu, comme tel ; et rien n’empêche que Dieu donne la certitude de sa parole pendant le sommeil comme pendant l'état de veille. Mais le sommeil a quelque chose de plus passif. Joseph n’intervient pas, ne donne pas la réplique à l’ange. C’est ensuite qu’il obéit. Cette attitude convient à son rôle effacé. » J. Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1923, p. 13. Le songe peut donc parfois procéder de la révélation divine. Cf. S. Thomas, II a - II*, q. xcv, a. 6.

Diclionn. de la Bible, art. Songes, t. v, col. 1832-1834 ; Dictionn. apologétique de la foi catholique, art. Occultisme, t. iii, col. 1125 (une colonne sur les songes et l'état divinatoire) ; art. Prophétisme, t. iv, col. 411-412 (quelques indications sur les songos et le prophétisme). Ici même, art. Prophétie, t. xui, col. 716-717, 720 ; R. Garrigou-Lagrange, De revelatione, t. U, Paris, 1918, p. 117-118.

A. Michel.