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D’ordinaire, chaque livre de l’ouvrage est consacré au règne d’un empereur ; il débute avec son accession au trône et se termine à sa mort. Cette division n’a pas seulement un motif de commodité ; elle est dictée à l’historien par cette arrière-pensée que l’histoire politique et l’histoire religieuse marchent de front et que les malheurs de l’empire sont parallèles aux difficultés de l'Église, voire qu’ils sont causés par les péchés îles hommes. Il est en tout cas remarquable que Socratc ne s’intéresse guère qu’aux périodes troublées dans la vie de l'Église ; il va jusqu'à dire qu’un temps de calme et de paix n’offre pas à l’historien une matière suffisante. Hist. eccles., VII, xlviii ; cf. I, xviii, Toutefois, ce qu’il retient, ce ne sont pas les problèmes théologiques eux-mêmes, mais seulement les conséquences que provoque leur discussion. Il ne se croit pas obligé d’insister sur les doctrines défendues par les orthodoxes ou par les hérétiques : le choc des personnes l’attire plus que celui des idées. Cela n’empêche pas qu'à l’occasion il apprécie, avec beaucoup de finesse, les positions prises par les deux camps adverses : il compare les controverses provoquées par le mot consubstantiel, à la suite du concile de Nicée, à des combats dans la nuit ; il marque nettement la différence qu’il y a entre la doctrine de Nestoriuset celle de Paul de Samosate ; il insiste sur l’ignorance de Nestorius et ne craint pas de relever ce qui paraît exact dans son enseignement. Hist. eccles., VII, xxxii.

Socrate a donné deux éditions de son œuvre : il explique en effet, dans l’introduction du t. II, qu’il a découvert de nouveaux renseignements et qu’il ne veut pas les laisser inemployés, ce qui l’oblige à dicter de nouveau son ouvrage. C’est surtout, semble-t-il, la lecture des ouvrages de saint Athanase qui lui a révélé un certain nombre d’erreurs commises par Ru fin et qui l’a amené à revoir de près le récit des controverses ariennes. On peut croire par suite que les livres I et II ont été l’objet d’une refonte presque complète, tandis que les livres III-VII ont simplement subi une attentive revision. Nous ne possédons plus que la seconde édition de l’Histoire ecclésiastique : pourtant, nous connaissons pour le c. xi du 1. VI qui rapporte un incident de la lutte entre Jean Chrysostome et Sévérien de Gabala, deux recensions différentes ; on a supposé, non sans vraisemblance, que l’une de ces recensions représentait la première édition, et l’autre la seconde. Cf. Geppert, Die Quellen des Kirchenhistorikers Sokrales Scholaslikus, Leipzig, 1898, p. 5 sq. La première édition, comme la seconde, s’arrêtait à l’année 439 : on peut supposer que Socrate rédigea d’abord son ouvrage peu après cette date ; la revision qu’il en fit doit être antérieure à 450, sans que l’on puisse préciser davantage.

Socrate se présente avant tout comme un historien d’une haute conscience. Il utilise toutes les sources qui sont à sa disposition : l’Histoire ecclésiastique de Rufin qu’il lit, semble-t-il, dans son texte latin ; les ouvrages d’Eusèbe de Césarée, ceux de saint Athanase ; peutêtre l’Histoire ecclésiastique de l’apollinariste Timothéc de Béryte. Il doit beaucoup de renseignements au recueil constitué par le macédonien Sabinus d’IIéraclée, aux environs de 372, et à la chronique de Constantinople. Il utilise, dans toute la mesure du possible les documents officiels et il en copie un certain nombre. Enfin, il s’informe auprès de ses contemporains : le prêtre novatien Auxanus de Constantinople a pu de la sorte lui communiquer bien des détails sur l’histoire de la secte.

Avec beaucoup de loyauté, Socrate se plaît d’ordinaire a citer ses sources d’information ; lorsqu’il a rcCOUTS a Sabinus, il a soin d’avertir son lecteur qu’il

faut le lire avec précaution à cause de ses tendances doctrinales. H ne croit pas aveuglément ses informateurs, mais il en fait la critique avec une réelle saga cité : nous avons déjà rappelé le jugement qu’il porte sur Nestorius. Il ne se préoccupe pas de l'élégance du style, mais seulement de la clarté du récit. Il veut faire comprendre la suite des événements dont il dégage, dans la mesure du possible, la philosophie. Il a sans doute, comme tout le monde, ses sympathies et ses antipathies ; s’il n’excuse pas les novatiens de leur obstination, il rappelle qu’ils professent la foi orthodoxe pour tous les dogmes essentiels et il regrette la sévérité des persécutions dont ils ont été parfois l’objet. S’il est facile de relever chez lui un certain nombre d’inexactitudes, dues à l’insuffisance des sources qu’il avait à sa disposition, il reste dans l’ensemble, surtout pour la dernière partie de la période qu’il étudie, un témoin de première valeur.

L’Histoire ecclésiastique de Socrate a été éditée pour la première fois par R. Estienne, Paris, 1544. Une édition nouvelle a été publiée par les soins d’H. Valois, Paris, 1668 ; cette réédition, très soignée et enrichie de notes nombreuses, a été maintes fois réimprimée, en particulier dans P. G., t. lxvii, col. 29-842. Plus récemment, R. Hussey a donné une édition critique de l’ouvrage, Oxford, 1853 ; réimprimée en 1878 et en 1893 : le travail de Hussey ne donne pas encore une pleine satisfaction. Il faut attendre l'édition, depuis longtemps annoncée, de J. Ridez, dans le Corpus deRerlin. Il existe une vieille traduction arménienne de l’Histoire ecclésiastique de Socrate éditée par Ter Mosesan, Etschmiadzin, 1897.

L. Jeep, Quellenuntersuchungen zu den griechischen Kirclienhistorikern, dans Jahrb. I. klassische Pliiloloyie, Supplementbd, XIV, Leipzig, 1885, p. 105-137 ; Sp.-P. Lambros, liine neue Fassuny des 11. Kapitels des VI. Bûches von Sokrales K. G., dans Byzant. Zeitschrijt, t. iv, 1895, p. 481486 ; P. Geppert, Die Quellen des Kirchenhistorikers Sokrales Scholustikus, Leipzig, 1898 ; P. RatilTol, La paix constantinienne, Paris, 1924, p. 411-116.

G. Rardy.

SŒLL Antoine, né à Rrixen, le 15 août 1676, admis dans la Compagnie de Jésus le Il novembre 1693. Il professa cinq ans la philosophie à Augsbourg, deux ans la théologie morale, et vingt-quatre ans le droit canon à Dillingen et à Inspruck, où il mourut le 2 août 1741. Il a laissé différents traités de droit canon, notamment De tributis, De judiciis causarum civilium. De præscriptionibus, De decimis.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VII, col. 13451316 ; Sommervogel-Rivière, col. 815 ; Ilurter, h’omenclator, 3e éd., t. iv, col. 1611-1612 ; von Schulte, Die Geschichte der Quellen und Literatur des canonisclien Keelils, t. m a, p. 191.

A. Delchard.

    1. SOLARI Benoît##


SOLARI Benoît, évêque de Noli (1742-1814).Né à Gênes en 1742, il entra de bonne heure dans l’ordre des frères prêcheurs. Après avoir professé la théologie dans divers couvents de son ordre, il fut nommé évêque de Noli, en Ligurie, le 1 er juin 1778. Solari commença à faire parler de lui en publiant à Gênes, en 1789. une étude où il combattait la doctrine traditionnelle de l'Église touchant le privilège paulin. Ce fut un scandale. Le scandale fut pire quand l'évêque de Noli non seulement refusa de publier dans son diocèse la bulle Auclorem fldei qui condamnait le synode de Pistoie, mais la dénonça au sénat de Gênes auquel il adressa un mémoire contre Pie VI. Solari publia également l'écrit suivant : Motivi dell' opposizione del vescovo di Noli alla pubblicazione di un decreto del S. Uffizio di Genova relativo alla costituzione Auclorem fidei del N. S. P. Pio Vie délia denunzia fatlane al serenissimo senato di Genova con lettera del di s oltobre 1794. Dès lors Solari se déclara ouvertement en laveur des idées nouvelles, approuva la Constitution Civile du clergé, signa une lettre d’adhésion au clergé ((institutionnel français et, à ce titre, lut invité au concile national tenu à Paris en 1801. L’année suivante l'érudlt cardinal Gcrdil (voir ici, t. VI, col. 12991300) publia un Examen des motifs de l’opposition de