Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée

> ; > '

SI XTE-OUINT

2 2 2 8

le bref règne de Sixte Y. à savoir le supplice de Marie Stuart, qui enleva tout espoir de voir la couronne anglaise ceinte par un catholique après la mort d’Elisabeth, et la défaite de l’Armada espagnole, qui donna la conviction qu’il ne fallait plus penser à la restauration de la religion catholique par l’appui d’une nation étrangère. A l'élection de Sixte Y, dix-sept ans s'étaient déjà écoulés depuis que la reine d’Ecosse, Marie Stuart, avait cherché du secours en Angleterre et qu’elle avait été emprisonnée. A l’avènement de sixte Y. les politiques d’Angleterre nourrissaient depuis quelques années le projet d’en finir par un acte décisif avec les menaces étrangères et les conjurations à l’intérieur contre la reine Elisabeth et le régime protestant, lue occasion pour gagner l’opinion publique et les hommes d'État anglais à l’idée d’une action décisive contre les catholiques en général et contre la reine d’Ecosse en particulier se présenta au secrétaire d'État François Walsingham. Le 10 juillet 1584, Guillaume d’Orange était assassiné et le jésuite Crichton était arrêté, porteur d’un plan d’invasion. L’opinion s’affola. L’assassinat d’Elisabeth, l’invasion espagnole lui devinrent un cauchemar incessant. Un projet fut voté, d’après lequel, en cas d’attaque contre l’Angleterre ou la reine Elisabeth, tous les révoltés seraient mis à mort et aussi les prétendants, en faveur desquels ils agiraient (novembre 1584). C'était l'épée de Damocles sur la tête de Marie Stuart. Bien que les prêtres et les catholiques eussent envoyé à la reine Elisabeth une supplique où ils protestaient de leur loyalisme, la considérant comme leur souveraine légitime et regardant comme une faute d’attenter à sa personne, bien que les prêtres, sur l'échafaud, affirmassent leur attachement à Elisabeth, bien que Marie Stuart eût déclaré par écrit qu’elle adhérait à la ligue pour la défense de la reine, sa proche parente, l’implacable législation, qui allait tenter la destruction complète du catholicisme, n’en restait pas moins en vigueur. Finalement la reine d’Ecosse serait impliquée dans une accusation de complot contre Elisabeth, jugée, condamnée et exécutée (18 février 1587). Si la vie de Marie Stuart fut parfois celle d’une aventurière, si parfois les passions troublèrent la lucidité de son génie politique, tous doivent cependant reconnaître qu’elle mourut comme une sainte, tombant comme représentante du catholicisme. Bien que personne ne fût intervenu pour la sauver, après sa mort cependant tout le continent s'émut. Sou lils renégat, Jacques VI, lui-même protesta, ainsi que le roi de France Henri III. qui parla même d’une entreprise contre l’Angleterre.

Avec l’exécution de Marie Stuart, « la question anglaise passait au premier plan des préoccupations politiques et religieuses. Ch. Poulet, <>p. cil., p. 865. Comme la France était impliquée dans les guerres de religion, l’entreprise contre l’Angleterre ne pouvait être menée que par Sixte Y et Philippe 11. Le pape néanmoins, tout en détestant Elisabeth comme protestante, avait pour elle une admiration naturelle, parce qu’elle faisait front aux nombreux périls avec la maîtrise d’une souveraine de grande envergure. De

plus, elle réussissait a s’envelopper de tant de nuages

de mensonges que, après les nombreuses persécutions

déchaînées par elle, elle pouvait encore jouer la comédie d'être restée affectionnée à l’ancienne religion ; Sixte Y, jusqu'à la dernière année de son règne, continua a se bercer de l’espoir d’un retour de la reine

a la foi catholique. Il ne laissa pas cependant de recommander, par l’intermédiaire de ses nonces, à la France

cl à l’Espagne, une Intervention année. Celle ci axait d’ardents partisans, comme Alexandre l’arnèse, gouverneur espagnol des Pays Las. Guillaume Allen, qui, le 7 août 1587, fut élevé à la dignité cardinalice et reçut le titre de cardinal d’Angleterre. Mais ce dernier

ne se rendait pas compte que, depuis son départ de l’Angleterre, la mentalité y avait changé ; les catholiques répudiaient toute entreprise armée contre leur pays et contre la reine, et la Hotte britannique s'était singulièrement renforcée.

L’entreprise n’avançait donc que très lentement, à cause de la lenteur de Philippe M et. surtout, à cause de la radicale différence qui existait entre les deux conceptions pontificale et espagnole par rapport au but de l’expédition et au choix du roi qui, en cas de réussite, devait prendre le gouvernement de l’Angleterre. Sixte V envisageait l’entreprise avant tout sous l’angle religieux, Philippe II, au contraire, sans négliger ce point de vue. poursuivait surtout des ambitions politiques. Son but primordial était d’obtenir l’Angleterre sinon pour lui, du moins pour sa fille. Isabelle. « Le pape fut cependant obligé d’accepter les services de Philippe et un accord secret fut conclu le 29 juillet

1587, en vertu duquel le Saint-Siège financerait l’expédition contre l’Angleterre, que le cardinal Allen accompagnerait comme légat ; il présiderait, après la complète, à la restauration religieuse de sa patrie. De plus. Sixte V promulgua un décret qui renouvelait l’excommunication et la déposition d’Elisabeth. Enfin, la Hotte espagnole quittait Lisbonne, à la fin de mai

1588, sous le commandement de Médina Sidonia. » On sait le reste et l’effroyable désastre qui, au mois d’août, dispersait la Grande Armada. Avant l’entreprise, le cardinal Allen, par un violent pamphlet, signé par lui, mais composé par Parsons, avait tenté de soulever les catholiques anglais contre Elisabeth, mais en vain, car prêtres et laïques s'étaient unis avec les protestants pour sauver leur patrie.

Cette expédition fit un immense tort aux catholiques anglais ; malgré leur loyalisme, ils furent englobés dans une même haine avec l’Espagne et considérés comme des ennemis communs d’Elisabeth. Le peuple anglais vit dans la victoire sur l’Armada un véritable jugement de Dieu, le triomphe du protestantisme incarné dans Elisabeth sur le catholicisme représenté par Philippe IL Triomphant, le protestantisme anglican s’affirma de plus en plus combattit. A la fin de 1588, quelques conseillers de la reine tramèrent une sorte de Saint-Barthélémy contre les catholiques, projet que d’ailleurs Elisabeth repoussa. Mais, pendant les deux dernières années du pontificat de Sixte V, les perquisitions, les incarcérations et les exécutions de catholiques redoublèrent ; ils pavaient cher l’attaque espagnole contre l’Angleterre que le pape avait soutenue.

I. Les questions orientales.

l’n pape comme Sixte Y æ pouvait rester indifférent à l'égard du péril musulman. Dès le commencement de son pontificat, il songeait à une croisade contre les Turcs et n’y voyait d’abord qu’un obstacle : l'état critique des finances pontificales. Mais l’argent ne suffisait pas, il fallait aussi des années. I, e pape s’en ouvrit d’abord à Venise. Toutefois, tenant compte de la situation particulière de la Si rénissime, plus exposée que personne aux attaques des Turcs, il ne voulut pas que Venise s’exposât

seule et la première. Il pensa d’abord à une expédition contre Alger, mais dut y renoncer parce que l 'hilippe II, sur lequel il comptait, se montrait peu disposé à suivre le pape dans ses plans. Or, à l’automne 1585, le roi de Pologne, Etienne Bâthory, conçut le plan

hardi de s’emparer d’abord de la Russie, OÙ le peuple. mécontent de son souverain, désirait s’unir au roi de Pologne et, ensuite, de conquérir Constantinople et ainsi de délivrer définitivement l’Europe du péril turc. Il envoya, vers la fin de mars 1586, son frère, le cardinal André, exposer au pape ses plans. Sixte V approuv a les

projets de Bâthory et lui promit son appui. Ce plan grandiose toutefois ne fut jamais réalisé ; Bâthory mourut prématurément le 12 décembre 1586, pleuré