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SIMON LE MAGICIEN
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ils pas mention'.' Il est difficile « le le dire. Mais, en définitive, il n’y a pas lieu de s'étonner des grandes ressemblances entre les narrations clémentines et les Actes de Pierre ; quoi qu’il en soit des théories émises à ce sujet, il est infiniment vraisemblable que l’L'cnï fondamental, point de départ des Récognitions et des Homélies, a été influencé par les Actes de Pierre. Ceuxci. d’autre part, ont subi l’influence de Justin.

Il reste que, dans les milieux populaires de la tin du iie et du commencement du nie siècle, Simon faisait figure non pas seulement de charlatan ou de sorcier, mais d’un personnage se donnant comme un être céleste, descendu pour quelque temps sur la terre à laquelle il apporte un message divin. Si elles n’indiquent [tas expressément que Simon soit devenu le chef d’un groupement religieux, nos deux narrations font prévoir néanmoins que le Magicien pourrait bien être quelque jour le dieu d’une Église opposée à la communauté chrétienne.

Les hérésiotogues.

1. Hégésippe. — C’est peu

après Justin que le Palestinien Hégésippe venait à Home et se préoccupait déjà de combattre les sectes hérétiques devenues fort nombreuses. Nous connaissons mal le contenu et la tendance des Mémoires, 'j—' J 'j.vr l ' : iy.zz. composés par lui ; mais, autant qu’on en peut juger par les fragments qui en restent, l’auteur attachait une grande importance à l’origine des sectes dissidentes. Voyant les choses de son point de vue de Palestinien, il pense que c’est à l’imitation et partiellement sous l’influence des sectes qui existaient dans le judaïsme que les dissidences ont pris jour dans l'Église chrétienne : > L'œuvre de corruption, dit-il, vint des sept sectes juives : de celles-ci sortirent Simon, de qui viennent les simoniens. Cléobius, père des cléobiens », et, ayant ainsi énuméré cinq sectes, avec leur éponyme. « c’est de celles-ci, ajoute-t-il, que dérivèrent les ménandriens, marcionistes, carpocratiens, valentiniens, basilidiens, satorniliens, qui ont tous introduit, chacun de son côté, leurs opinions particulières. » Texte dans Kusèbe. II. /-.".. t. IV, c. xxii, n. 5. Ce tableau généalogique dont il n’est pas difficile de remarquer le vague, s’imposera très vite aux hérésiologues postérieurs. Non seulement Simon apparaît comme l'éponyme d’une secte, mais il est encore l’ancêtre de toutes les dissidences.

2. Saint Irénée.

Irénée a donné corps à cette conception qui reste encore bien floue dans Hégésippe. yu’il ait emprunté une partie de sa documentation à un écrit hérésiologique d’origine romaine datant d’avant 17."). ou qu’il mette en œuvre des données éparses recueillies par lui, il reste que l'évêquc de Lyon a fixé, pour toujours, dans le Contra hæreses, la place de Simon en tête des représentants des diverses aberrations pseudo-philosophiques. Sans doute son volumineux traité commence par exposer le système de Valentin ; mais, l’ayant copieusement décrit et avant d’en entreprendre la réfutation, Irénée croit nécessaire d’en indiquer les origines, ('.ont. hn-r., 1, xxii, 2, P. C., t. vii, col. ('><>'.), et il n’hésite pas à retrouver celles-ci dans les enseignements de Simon. Ibid., xxiii tout entier. Apres avoir fait état des données fournies par les Actes canoniques et des renseignements de Justin sur la venue de Simon à Home, il commence donc une description du système philosophico-religieux qu’aurait enseigné et propagé Simon. Celui-ci, qui fut par beaucoup glorifié comme un Dieu, aurait enseigné sur son propre compte les points suivants : Il était, en fait, la Vertu suprême, le Père qui est au-dessus de tout et dont les divers noms que lui donnent les hommes n’expriment point la perfection, En Judée il s'était manifesté comme le Fils (comprenons sans doute que le magicien s’identifiait avec Jésus), en Samarie comme le Père, parmi les gentils comme le

Saint-Esprit. » Retenons que Simon se serait fait passer pour le Dieu suprême, dont les diverses personnes sont conçues selon le modalisme le plus strict. Jusqu'à présent, rien de spécifiquement gnostique dans tout ceci. Mais la spéculation intervient avec l’apparition du personnage d’Hélène, sur qui Justin nous avait renseigné. Selon Simon, cette pensionnaire d’une maison close de Tyr, qu’il avait lui-même arrachée à la prostitution, n'était pas autre, sous son apparence féminine, que la première pensée (ennoia) du Dieu suprême (identifié à Simon), première pensée créatrice qui avait donné l'être aux anges. Cette pensée, qui est en même temps une hypostase, se sépare, par un saut dans l’inconnu, de l’intelligence suprême et, semble-t-il, en dépit de celle-ci. Sachant les secrets divins, elle réussit à créer les anges et les puissances, en un monde inférieur à celui dans la solitude éternelle duquel trône le Tout-Puissant. Mais Ennoia est impuissante à imposer ses ordres aux créatures angéliques qu’elle a amenées à l'être et qui, malgré elle, semble-t-il, créent le monde visible, y compris l’humanité, tout en ignorant l’existence du Tout-Puissant. Celles-ci retiennent Ennoia prisonnière, l’enfermant successivement dans des corps de femmes, entre lesquelles il faut compter la belle Hélène, cause de la guerre de Troie, et finalement cette Hélène de la maison close de Tyr, que le Dieu suprême, sous les traits de Simon est venu délivrer. Sobrement, Irénée décrit la descente de ce Dieu à travers les cieux successifs, où les anges se croient les maîtres et que, d’ailleurs, ils gouvernent assez mal. Il insiste moins sur la délivrance d’Hélène-Ennoia par Simon et sur la façon dont celui-ci donne le salut aux hommes par la révélation des secrets célestes. Ce salut semble consister dans la libération de l’humanité du joug de la Loi. Celle-ci en effet n’est que l'œuvre arbitraire des anges fabricateurs du monde, elle ne s’impose plus à ceux qui espèrent en Simon et en son Hélène. Suivent quelques renseignements sur les pratiques et la morale de la secte qui s’est formée autour de cette foi. Les prêtres y donnaient cours à leurs passions, libidinose vivant, et les pratiques magiques jouaient un grand rôle dans leur culte ; très caractéristique aussi était l’adoration qu’on y rendait aux deux images de Simon, en forme de Zeus, et d’Hélène, en forme d’Athéna.

A ces doctrines Irénée compare, en un dernier alinéa, celles de Ménandre, Samaritain lui aussi, sorcier lui aussi, mais qui, plus modeste que Simon, se contentait d'être l’envoyé de la première Vertu, et non cette Vertu elle-même.

3. Auteurs dépendants d' Irénée. — Les divers traits de cette description fournie par Irénée de la doctrine et du culte de la secte simonienne se retrouvent dans une série de documents hérésiologiques postérieurs. Citons au moins Tertullien, De anima, c. xxxiv, P. L., t. ii, col. 708 ; la finale inauthentique du De præscriptione, c. xlvi, ibid., col. 61 ; le Carmen adv. Marcion., I. I, c. vii, ibid., col. 1059, et, pour finir saint Épiphane, dont la notice sur les simoniens, pour ample qu’elle paraisse d’abord, n’ajoute rien, et pour cause, aux données essentielles d' Irénée. Tout ce qu’il sait, l'évêquc de Salamine le tient exclusivement de l'évêquc de Lyon. Hseres., xxi, P. C., t. xli, col. 285-296.

1. Hippolyte et les Philosophoumena.

Nous n’avons plus le Syntagma dans lequel Hippolyte faisait le procès des diverses sectes chrétiennes. Ce que nous en pouvons savoir par ceux qui ont utilisé ce livre : pseudo-Tertullien, De prmscriptione, Épiphane et Philastre, nous apparaît comme en provenance directe de saint Irénée. Mais, revenant dans les Philosophou mena CEXeyxoç) à ce même sujet des hérésies, le prêtre romain ajoute, sans toujours se soucier de la cohérence, de nouveaux renseignements à ceux qu’il