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si : uni. H I OS. LA PROCESSION DU SAINT-ESPRIT

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Saint-Esprit soit l’amour, surtout l’amour mutuel du Père et du Fils : ce qui introduit deux principes dans la Trinité et ce qui ne prouve pas nécessairement que le Saint-Esprit reçoive son existence à la fois du l’ère et du Fils. Saint Augustin est le seul, parmi les Pères, a avoir enseigné cela. II a déduit cette conception de principes aristotéliciens. Nous ne sommes pas obligés de le suivre. Mais, son accès polémique une fois passé, notre Byzantin a oublié cette critique et il est revenu, dans ses derniers écrits, à la conception latine, qu’il avait déjà faite sienne avant le concile de Florence dans son opuscule Sur l’incarnation du Fils de Dieu. Cf. t. m. p. 356, et plus haut, col. 1511. Nous la trouvons en effet, longuement développée dans les deux écrits Sur l’unique voie du salut des hommes, adressés au sultan Mahomet II. en 1456, voir col. 15 12 ; dans sa Lettre à Pléthon (1150), t. iv, p. 129-130 ; dans son opuscule Sur Dieu un et Irine et contre les athées et les polythéistes, ibid., p. 181-188 ; mentionnée enfin dans le Sermon sur la nativité de Jésus-Christ, de 1467. Cf. t. I, p. 227, 236-237.

Quant à la procession du Saint-Esprit, nous avons parlé de ses écrits unionistes, où il s’est rallié au dogme catholique. Il nous reste à exposer sa pensée sur ce sujet, une fois qu’il fut passé dans le camp de Marc d’Ëphèse et des antiunionistes. Ses œuvres complètes ne renferment pas moins de cpiatorze dissertations de tout genre sur cette question, parmi lesquelles viennent d’abord les deux grands traités, qui remplissent presque tout le t. n. Partout se retrouve la même thèse qui n’est autre que la thèse photienne : le Saint-Esprit procède du Père seul, c’est-à-dire tient de lui seul son existence. Le Fils n’est pour rien dans cette communication vitale par laquelle le Père l’ait surgir éternellement la troisième personne au sein île la Trinité. Le Père seul est principe, source, cause dans les processions divines. Lui seul est Père et spirateur, - ?.ty ; p xal TrpoSoXsùç. I.a 7rpoêoXï) tout comme la r : aTpÔT7 ; < ; est la propriété incommunicable de son hypostase. Il n’existe aucune relation d’origine entre le Fils et le Saint Esprit. Scholarios n’admet en aucune façon l’explication des théologiens catholiques affirmant que le Père est le principe primordial, le principe sans principe du Saint-Esprit, mais qu’il communique au Fils, en l’engendranl. la vertu spirative, par laquelle le Fils aussi participe à la production du Saint-Esprit, et ((institue avec le Père un seul et unique principe de la troisième personne. Cet unique principe, c’est le Père et le Fils non en tant qu’ils sont deux, mais en tant qu’ils sont un : c’est la divinité qui est le Père et le Fils émettant le Saint-Esprit. Ce point de vue, le théologien byzantin le repousse de toutes ses forces, l’expulse de toutes les formules par uni.- exégèse qui se retrouve chez les polémistes, ses devanciers, au moins à partir du XIIIe siècle. Ce qui est nouveau chez lui, c’est l’éclectisme avec lequel il l’ail siennes les diverses explications ilu X’A TOÛ HoG, c’est la subtile souplesse qu’il déploie a combiner, concilier, expliquer ces interprétations. On peut affirmer qu’on entend en lui toute la polémique byzantine. A certains endroits sans doute, il fait aux Latins des concessions que presque personne avant lui ne leur aail consenties. Il leur accorde, par exemple, que certains Pères grecs oui employé parfois la formule èx -roù Ilarpàç 81à toù)".<, > èxTcopeiSeTai to LlvsGu.a, lorsqu’il est question non de la procession leniporclle, ꝟ. 7tp6080ç J(p0VlXT), ou mission. -bi.y.z, mais de la procession éternelle. Mais c’est une concession illusoire, car il ajoute aussitôt que la prépo sitiou 81<£, quand il s’agit des processions ml inlru cl qu’il n’j a aucun rapport avec les créatures, n’a jamais chez les Pères le sens causal, c’est à dire n’exprime jamais la relation d’origine. Le Slà TOU flou signifie à la fois :
I" n’, -j l" « .>. conjointement avec le Fils ;
2° [LZTT. toù Tloû, en compagnie du Fils ;
3° oùx èxtôç toù Ttoû, non en dehors du Fils ;
4° [zerà tov Tîôv, après le Fils ;
5° l’union dans l’essence, la consubsîantiali’é des personnes, tt, v (T’jvdçetav xa-r’oùatav, x6 ôu.ooô<nov ;
6° la distinction des personnes, rr/v Siâxpiaiv tùv OJCOcraictecùv et leur manifestation mutuelle par le fait de cette distinction, èVçxvaiç àtSioç ;
7° l’ordre des personnes, ttjv Ta^tv Ttôv 7rpoaw710v ;
8° la médiation purement nominale et conceptuelle du Fils.

Cet ordre des personnes, tel qu’il a été énonce par le Sauveur dans la formule baptismale, n’a en soi rien d’absolu ; du moins, nous n’en pouvons rien savoir d’après la Révélation : Traité I, t. ii, p. 201. Suivant le point de vue auquel on se place, le milieu peut être occupé aussi bien par le Père ou le Saint-Esprit que par le Fils. Ibid., p. 146-148 A. Le diagramme trinitaire peut être aussi bien un angle qu’une ligne droite ou un triangle ; mais quand il s’agit d’indiquer l’origine des personnes, c’est-à-dire leur relation respective par rapport au Père, seul principe des deux autres, c’est l’angle qui est la meilleure figure, et c’est le diagramme que Scholarios affectionne : le Fils et le Saint-Esprit sont comparés à deux fleuves sortant de la même source, à deux branches poussant de la même racine, à deux frères engendrés par le même père. Ibid., p. 109-203.

Telle est la doctrine à laquelle notre théologien tente de rallier tous les Pères, tant les grecs que les latins, y compris saint Augustin lui-même. Il est bien persuade d’avoir trouvé la vraie solution. Il déclare avoir écrit par le mouvement et sous l’illumination de la grâce divine. T. ii, p. 5. Il n’y a aucun danger, dit-il à un endroit, que je manque la vérité, ibid., et je n’admettrais pas facilement qu’un autre puisse trouver quelque chose de plus vrai que ce que j’ai écrit. Ibid., p. 261. Il se ravise pourtant aussitôt, et déclare qu’étant homme, il ne possède point le charisme de l’infaillibilité. Il est prêt à se soumettre à la décision d’un vrai concile œcuménique, même si cette décision est contraire à ce qu’il vient d’enseigner. Cf. t. ii, p. 5 et 19 I 495. La définition de Florence, il la rejette pour des raisons diverses, cf. la conclusion du Traité I. t. ii, p. 257-262, et l’Extrait contre, le discours de Bessarion, t. III, p. 111-115, par exemple, parce que certaines formalités, d’usage dans les anciens conciles œcuméniques, n’ont pas été observées.

On voit, par ces déclarations, que son adhésion a la thèse photienne n’excluait pas la crainte d’errer. De la ient sans doute le ton relativement modère de sa polémique. Quelle différence avec Photius, que, du reste, il ne cite jamais ! Celui-ci n’a pas de mots assez forts, assez violents pour caractériser l’abominable hérésie des Latins ; il abonde en injures à leur adresse. Scholarios. lui, n’ose traiter d’hérétique l’Église romaine, cf. t. m. p. 15 et 95, et a ses fidèles il donne l’épithète de séparés, de dissidents, non celle d’hérétiques ou de schismatiques ; cf. t. iv, p. 206. Pour lui, les Latins sont simplement suspects d’hérésie, jusqu’à Ce que soil éclaircie la doctrine exprimée par le P/ lioque. Quant à la formule photienne : Spiritus a Pâtre solo procedit, elle lui paraît suspecte en quelque chose : « Nous ne la canonisons pas. dit-il : nous ne la proclamons pas publiquement, mais seulement dans les en Ircliens privés ; car ni nous n’acceptons de proclamer ce qui n’a pas eu l’assentiment de l’Église universelle, ni nous ne voulons nier la vérité : Traité I. I. VI, t. ii, p. 256 ; cf. Traité IL ibid., p. 172, où il distingue entre le xïjp’jvtxx, c’est à dire l’enseignement officiel, el le (V> ; Lv c’est à dire la simple doctrine, la théologie. Le Èx TOÛ Ilxrpoç U.0V0U appartient non au x^puy ; *’/, mais au 86y[iM. C’est bien la sa véritable et définitive position sur la question. Nous en trouvons l’expression dans sa note sur la distinction des personnes ( ivincs. dont il déclare avoir reçu la substance en un SOIlge