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sur la grâce, la prédestination, etc. Parmi les critiques

particulières que fait Bossuet, il y en a de fondées, mais dont il exagère l’importance : ainsi lorsqu’il rejette l’expression : « c’est là mon corps », à la place de : ceci est mon corps ». Quelques-unes sont mesquines : Simon avait traduit : « Celui qui va venir après moi est au-dessus de moi. parce qu’il est plus grand que moi ». Joa., i. 15. Bossuet veut que l’on traduise « a été fait au-dessus de moi. parce qu’il était plus grand que moi ». Dans certains cas. ce qu’il critique paraît bien être le véritable sens : « S’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. » Joa., xv, 20. Simon traduit : S’ils ont épié, surveillé. Il l’accuse presque de nier la divinité de Jésus-Christ, de favoriser l’ari anisme et le socinianisme, parce que l’auteur distingue ce que Jésus-Christ a fait en qualité de Messie, de ce qu’il a fait comme Dieu. 77° inst., 20e passage. Sa conclusion est vraiment bien dure : « L’auteur fait ce qu’il lui plaît du texte de l'Évangile, sans autorité et sans règle… Il ne se montre savant qu’en afïectant de perpétuelles et dangereuses singularités… sa critique est pleine de minuties et d’ailleurs hardie, téméraire, licencieuse, ignorante, sans théologie, ennemie des principes de cette science. » L’accusé avait fait quelques réponses sur les remarques manuscrites de Bossuet, Lettres choisies, t. iv, lettres xxxv à xxxix, p. 235-303, décembre 1702-janvier 1703. Un ami rédigea les suivantes, lettres xl à lii, p. 304-400 (1703).

6. Simon donne encore : Moyens de réunir les protestants à l'Église romaine publiées par P. Camus, évêque de Belley, sous le titre de l’avoisinement des protestants vers l'Église romaine. Nouvelle édition avec des remarques par Richard Simon, Paris, 1703, in-12. « On a cru dans le public, écrit Batterel, qu’il n’avait donné la connaissance de cet ouvrage déterré, que pour se venger de M. Bossuet, en faisant voir par là que M. de Belley avait conçu en 1640 et exécuté avant lui le dessein de l’exposition de la foi catholique, livre qui a fait tant d’honneur à M. de Meaux. » Op. cit., p. 290. La phrase suivante d’une lettre écrite le 7 juillet 1685 indiquerait assez bien que c'était là sa pensée ; il envoie son propre exemplaire de 1648 à un ami et ajoute : « Je suis persuadé que cette lecture vous ôtera les préjugés que vous avez contre l’Exposition de la foi publiée par M. l'évêque de Meaux. » Lettres choisies, t. i, p. 276.

7. Il publie la Bibliothèque critique, ou recueil de diverses pièces critiques, dont la plupart ne sont /mini imprimées, ou ne se trouvent que difficilement, publiée par M. de Sainjore, qui y a ajouté quelque* notes, à Bàle, pour Christian Wackerman, 1708-1710, 1 vol. in-12 ; un t. v a été ajouté depuis. Il y traite de beaucoup de choses : d’un procès intenté par Pierre de Gondi aux docteurs de la faculté de théologie qui prétendaient avoir le droit de publier des censures, t. i, p. 1 ; de faux inventés par les bénédictins pour faire de Jean Gerson l’auteur de V Imitation, p. 17 ; du Gallia christiana des frères de Sainte-Marthe dans lequel il découvre des fautes, p. 142 ; de son projet de donner un recueil de pièces De Grzcia schismalica, pour montrer aux protestants qu’ils n’ont aucune raison de nous opposer l'Église grecque, p. 203 ; des premières éditions des Pères, p. 255 ; de Maldonat qu’il défend contre l’accusation d'être antitrinitairc, p. 378-448 ; d’une réponse des chartreux à un libelle lancé contre eux par l’abbé de Hancé, p. 478. Il parle d’une discussion entre les vicaires apostoliques et les jésuites sur les cérémonies de la Chine, t. ii, p. 42 ; d’un arrêt du Parlement de Houen contre les sorciers, p. 111 ; du sens à donner à l’adoration des mages, p. 131 ; de la question de savoir s’il y a une ou plusieurs Madeleines, p. 284 ; du quatrième vœu de servitude que le P. de Bérulle demandait aux carmélites, vœu qu’il

appelle « extraordinaire, sinon bizarre », p. 303 ; du livre De virginitate du P. Seguenot, p. 324 ; de la signification de la vision d'Ézéchiel qui ne se rapporte pas à la résurrection des corps, mais à la délivrance des Juifs, p. 502 ; de l’histoire du concile de Trente par Pallavicini qu’il trouve pleine de fautes, t. iii, p. 50 ; de l'édition de saint Augustin par les bénédictins, )>. 101 ; ailleurs, il leur reproche d’y travailler par intérêt, Lettres choisies, t. iv, p. 45. Il s’occupe aussi de la version du Nouveau Testament par le P. Amelote, dont on a supprimé l’introduction qui déplaisait aux jansénistes, Bibl. crit., t. iii, p. 183 ; des abus auxquels les indulgences ont donné lieu, p. 371. A propos du mouvement de la terre, il écrit cette phrase très importante, discutée au xvir 3 siècle, bien admise aujourd’hui : « Celui qui voudrait établir les vérités de la physique, des mathématiques, de l’astrologie, et de toute autre partie de la philosophie, sur de certains passages de l'Écriture, qui n’en font mention qu’en passant et en des termes usités parmi le peuple, ferait une chose indigne et d’un théologien et d’un philosophe. » T. iv, p. 96. Au c. xxxi du t. ii, p. 447, il tâche de se justilier de l’accusation, intentée par Thoinard et confirmée par les journalistes de Trévoux, de s'être approprié au t. ii, p. 19 de ses Lettres choisies une dissertation de l’abbé de Longuerue sur les antiquités des Chaldéens et des Égyptiens. La fin du t. iv, p. 303-554, est consacrée à défendre sa traduction du Nouveau Testament.

Livres posthumes.

Après sa mort, fut publiée

la Nouvelle bibliothèque choisie où l’on fait connaître les bons livres en divers genres de littérature et l’usage qu’on en doit faire. Amsterdam (Paris), 1714, 2 vol. in-12. L’auteur de la préface attribue la plus grande partie du travail à Barat : « Il y a dans ces volumes, dit Niceron, quantité de faits littéraires curieux qui auraient quelquefois mérité que l’auteur les eût un peu plus appuyés. L’auteur ne s’y est pas oublié, il s’y donne de l’encens à pleines mains. » Mémoires, 1729, t. i.

En 1688, il avait répondu une première fois à Ellies Du Pin (col. 2104). Plus tard, il releva avec son âpreté coutumière les erreurs contenues non seulement dans les prolégomènes, mais aussi dans le corps même de la Bibliothèque ecclésiastique pour laquelle il fournit plus d’une rectification intéressante ; l’ouvrage resté inachevé ne parut qu’un bon nombre d’années après la mort de tous deux : Critique de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques et des Prolégomènes de la Bible, publiés par Ellies Du Pin avec des éclaircissements et des suppléments aux endroits où on les a jugés nécessaires, par feu M. Richard Simon, avec des remarques, Paris, Et. Ganeau, 1730, 4 vol. in-8°. Dans le Journal des savants, avril 1731, p. 247, se trouve une lettre du P. Souciet qui affirme que ces notes sont bien de Bichard Simon : on accuse cependant ce Père d’avoir mutilé le manuscrit en quelques endroits. A la fin du t. ii, on a imprimé quelques fragments de la critique que Simon avait commencée sur la Bible de dom Calmet dont le premier volume est de 1707 ; il trouvait le commentaire scolastique et sans vie. Les amis de Calmet réussirent à empêcher l’impression en lui refusant l’approbation des censeurs. Voir Bernus, op. cit., p. 127, n. 1. Le P. Lelong lui attribue une traduction française du Pentateuque dont il dit que le manuscrit a été entre les mains de Frédéric Léonard, libraire à Paris. Voir Batterel, op. cit., p. 292.

III. L'œuvre et l’homme. — L’appréciation de B. Simon étant très difficile, les jugements ont été très différents ; s’il fut souvent méconnu, il le doit sans doute aux ignorances et aux incompréhensions dont il a été la victime, mais il le doit aussi à lui-même.

A l’Oratoire.

Bien qu’il n’ait appartenu à cette

congrégation que pendant seize ans, qu’il n’aitpublié |