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N’ayant p’us a sa disposition les très précieux ouvrages de la bibliothèque de l’Oratoire sur l’Ancien Testament, il écrivit d’abord Y Histoire critique du texte du Souvenu Testament, où l’on établit la vérité des aetes par lesquels la religion chrétienne est fondée, par Richard Simon, prêtre, Rotterdam, 1689, in-4° de 130 p. U cite au long dans leur langue originale les Pères dont il n’avait donné que la référence dans’Histoire critique du Y. T. : il suffit que l’Écriture soit inspirée quant à la substance, on ne doit entendre pai inspiration qu’une direction de l’Esprit-Saint qui a empêche les auteurs sacres de tomber dans l’erreur. Il développe ses idées sur le sens littéral, mystique, allégorique dans les Lettres choisies, t. ni. p. 166-205.

L’année suivante, il donne comme suite Histoire critique des versions du Nouveau Testament, où Ton jait connaître quel a été l’usage des Livres sacrés dans les principales Églises du monde, par Richard Simon, prêtre, Rotterdam. 1690, in-4° de 539 p. Après avoir, dans le premier volume, établi l’autorité des originaux, il s’attache à montrer comment les Églises d’Orient et d’Occident les ont employés pour leur usage ; il relève le prix des anciennes traductions faites sur l’original grec et se plaît à critiquer vivement la version de Mons. Voir Bibl, critique, t. iii, p. 177. Dans le même ouvrage, ibid., p. 411, il fait, dans un rapport au P. Lelong, la critique de plusieurs autres versions, en particulier de celle du P. Quesncl.

Trois ans après, il publie l’histoire critique des principaux commentateurs du Xouveau Testament depuis le commencement du christianisme jusqu’à notre temps, avec une dissertation critique sur les principaux actes manuscrits qui ont été cités dans les trois parties de cet ouvrage, par Richard Simon, prêtre, Rotterdam, 1693, in- 1° de 926 p., sans la dissertation sur les manuscrits qui en a 99. La marche est la même que dans V Histoire critique du Y. T., mais l’ouvrage est beaucoup plus long. Bossuet, qui avait craint d’abord de nouvelles diflicultés pour l’auteur, lui proposa au contraire, s’il voulait faire quelques corrections, d’user de son influence auprès de Le Tellier pour obtenir la réimpression de l’Histoire critique du Y. T. Voir Lettres choisies, t. iii, supplém., p. 260. Pour occuper cet esprit, disait-il à Renaudot, il fallait lui proposer de traduire plusieurs traités des Grecs schismatiques contre les Latins ; Simon n’accepta point, parce qu’il songeait à donner une Bibliothèque sacrée, dans laquelle il mettrait les pièces originales dont il n’avait donné que les abrégés. Il était du reste trop personnel pour se contenter de traduire. Ce projet échoua comme celui de Y Histoire critique du Y. T., voir Lettres choisies, ibid.

Mgr de Harlay, archevêque de Paris, lui était aussi favorable, mais au lieu d’une nouvelle édition, Simon composa de Xouvelles observedions sur le texte et les versions du Xouveau Testament par R. S. P., Paris, 1695, in-4° de 599 p., pour lequel il eut le privilège du roi. Il revient, dans la première partie, sur la diversité des exemplaires du texte et dans la seconde sur les versions ; il s’en prend de nouveau à la traduction de Mons qu’il appelle un ouvrage de parti. Il explique la distinction entre une révélation immédiate et une direction spéciale du Saint-Lsprit, et promet de recevoir les avis qu’on aura la bonté de lui donner.

Le P. Bouhours, S..1., avait également critiqué la version de Port-Royal ; pendant ces discussions parurent encore deux lettres intitulées : Difficultés proposées au P. Bouhours sur la traduction des IV évangélistes par le sieur de Romainville, Amsterdam (en fait Rouen, 1697. On attribue encore à Simon l’Avis important sur le nouveau projet d’une bibliothèque d’auteurs jansénistes, 1691, in-8° de 36 p. Par moquerie, il propose de se charger de l’impression de 2 ou 6 volumes in-folio des plus beaux ouvrages qui ont paru

sur les questions de la grâce et de la morale : il a nié en être l’auteur. Voir Batterel, op. cit., p. 27cS sq. Sans en être très satisfait, Bossuet avait trouvé peu â reprendre dans l’Histoire du texte et des versions du Nouveau’Testament ; mais, quand l’auteur s’attaqua au commentateurs, principalement à saint Augustin qu’il regardait lui-même comme le > maître des maîtres », il se mit à composer la Défensede la Tradition et des suints Pires, qu’il n’eut pas le temps d’achever, à cause des affaires du quiétisme (les douze premiers livres parurent seulement en 1763 et le 1. XIII en 1862). Dans la Préface, il le prend de très haut ; il accuse Simon de lever « dans l’Eglise même l’étendard de la rébellion cou lie les Pères », d’être « tout à fait novice en théologie… Sous prétexte d’une analyse telle quelle…, il veut dire son sentiment sur le fond des explications, louer, corriger, reprendre qui il lui plaira et les Pères comme les autres… Il dit ce qu’il veut, sans que son livre se puisse réduire à aucun dessein régulier. » Et plus loin : « qu’il étale tant qu’il veut sa vaine science et qu’il fasse valoir sa critique, il ne s’excusera jamais, je ne dirai pas d’avoir ignoré avec tout son grec et son hébreu les éléments de la théologie ; mais je dis d’avoir renversé le fondement de la foi, et, avec le caractère d’un prêtre, d’avoir fait le personnage d’un ennemi de l’Église ». L. I, c. viii. « Ce ne sera pas perdre le temps que de montrer l’ignorance, la témérité ou plutôt la mauvaise foi de ce censeur. » Ibid., c. xi. Venant ensuite au détail, l’évêque de Meaux formule les accusations suivantes : « En soutenant que l’Église ancienne a cru à la nécessité absolue de l’eucharistie, Simon favorise des hérésies manifestes. » C. xiii. « Il nous appelle, dit-il, à l’Église orientale comme plus éclairée et plus savante. C’est de quoi je ne conviens pas. » C. iv. Il lui reproche de ne louer la tradition que pour affaiblir l’Écriture, d’affaiblir la croyance à la Trinité en disant qu’elle n’est pas bien établie dans la Bible, d’induire son lecteur à l’indifférence des religions, de nier que la prédestination gratuite au sens de saint Augustin est de foi. Il y a sans doute quelque chose de fondé dans quelques-unes de ces accusations, mais telles qu’elles sont présentées elles paraissent vraiment excessives. Bossuet passe la mesure ; la position de Simon est défendable quand il se place sur le terrain des faits ; quelle que soit l’importance de saint Augustin, sa doctrine sur la prédestination et la grâce n’est cependant pas définie par l’Église, et les Pères grecs plus anciens ont pu nous conserver les traditions mieux que les latins. R. Simon répondit dans Bibl. critique, t. iv, lettres xxxv à lii, p. 303553. Il dit avec assez de justesse dans la préface des Xouvelles observations : « Mon intention n’a pas été de diminuer en quoi que ce soit l’autorité de saint Augustin que j’ai toujours reconnu être le plus habile théologien des Églises d’Occident… S’il n’a pas toujours expliqué l’Ecriture selon le sens littéral…, on peut dire qu’il a réussi dans le dessein qu’il s’est proposé, avant toujours eu en vue d’instruire les lecteurs… Les théologiens l’ont pris pour maître, il ne s’ensuit pas que ces théologiens aient été obligés de ne s’éloigner jamais de ses opinions… ni que ces opinions soient îles articles de foi… J’aurais pu… garder plus de modération dans ce qui est des expressions… je n’ai jamais eu dessein de combattre la doctrine. > Cependant, qu’il s’agisse de l’Ancien ou du Nouveau Testament, il faut blâmer dans ses ouvrages un certain nombre d’erreurs ou tout au moins de témérités. Il prétend s’appuyer sur la Tradition ; mais, au lieu d’en montrer l’unanimité, il semble chercher à y trouver des variations et des incertitudes. Dans l’Histoire des commentateurs, il parle avec trop peu de respect des Pères en général et en particulier de saint Augustin, qu’il se plaît à opposer aux Pères plus anciens et aux