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SIMON (RICHARD)


/ion et des SaintsPères, I re part., t. I, c. n. Huet écrivait sur l’exemplaire qui lui appartenait : i Cet auteur a toutes les connaissances nécessaires pour bien traiter la matière qu’il a entreprise… Mais il n’a pas vu les conséquences des maximes et des propositions dangereuses qu’il a avancées. Son amour-propre et sa présomption lui ont fait traiter avec mépris les auteurs qu’il a appelés à sa censure, dont la plupart valent mieux que lui. » Voir Hennis, op. cit., p. 43, n. 1. Le livre aussi manque d’unité dans la conception, de netteté dans l’exposition, d’ordre dans le développement : défauts, il est vrai, inévitables à la naissance d’une science nouvelle.

II. Après la sortie de l’Oratoire. — Étourdi, sans être abattu, par le coup que son entêtement surtout lui avait attiré, Simon se retira, dès 1078, dans son prieuré-cure de Holleville près de Fécamp, dont son ami le F. Verjus l’avait pourvu ; il n’y resta certes pas inactif mais son caractère s’aigrit, sa plaisanterie devint plus acerbe.

1° Polémique à l’occasion de *l’Histoire critique du Vieux Testament. — Les contradicteurs viennent surtout du côté protestant et ne perdent point de temps. L'édition de 1685, p. 549, a une Lettre de M. de Ycil à M. Boyle, 16 mai 1678 : l’auteur, un juif convertipar Bossuet et passé plus tard au protestantisme, essaie de prouver que l'Écriture est la seule règle de la foi. Simon répond le 16 août : Lettre à M. J*** (.lustel) S. D. R., en signant R. de Lisle, prêtre de l'Église gallicane, Ibid., p. 557. Dans cet écrit, modèle d’argumentation historique, il dit redouter les rêveries de l’illuminisme pour son contradicteur qui, en effet, entra ensuite chez les anabaptistes.

La même année, Ézéchiel Spanheim.un Genevois envoyé en mission en Angleterre par l'électeur palatin, écrit une Lettre à un ami où l’on rend compte d’un livre qui a pour litre « Histoire critique du Vieux Testament 10 décembre 1678. Ibid., p. 565-622. Il y est question de la portée dogmatique et des conséquences religieuses de l’ouvrage. Au lieu de répondre directement, Simon compose : Lettre d’un théologien de la faculté de Paris qui rend compte à un de ses amis de « l’Histoire critique du Vieux Testament », 10 septembre 1679. Ibid., p. 625-667.

Pour être plus tardives, d’autres attaques, dont les réponses occupent un second volume de l'édition de 1685, ne sont pas moins violentes. Le volume commence par la Réponse de Pierre Ambrun, ministre du saint Évangile à* l’Histoire critique du Vieux Testament » composée par le Père Simon de l’Oratoire de Paris. Celui qui montra le plus d’acrimonie fut Isaac Vossius, l’infatigable chanoine de Windsor. Il regardait la traduction des Septante comme « sainte et inspirée de Dieu » et se sentit outragé de la critique qu’en avait faite Simon au t. II, c. iv. Le chanoine anglais écrit : Isaaci Vossii responsio ad objecta nuperse Criticse sacræ ; Simon réplique par Richardi Simonis, gallicanse Ecclesiæ theologi, opuscula critica adversus Isaacum Vossium, anglicanæ Ecclesiæ canonicum. Defenditur sacer codicus ebraicus et D. Hieronymi translalio, Edimbourg, 1685.C’est un fort bon abrégé de Histoire critique : Simon y examine l’autorité des Septante et celle de la Vulgate. Peu après, il oppose au même critique Opuscula critica adversus Isaacum Vossium, 1685 ; puis Hieronymi le Camus, theologi I’arisiensis, judicium de nupera Isaaci Vossii ad iteratas P. Simonii objectiones responsio (il signe le Camus par allusion de son nom au mot latin Simus qui veut dire Camus ; quoiqu’il y ait le nom d’Edimbourg, le livre fut imprimé en Hollande, la date est marquée ainsi : Juliobonæ in caletibus, die 12 januarii 1H85. C’est au reste le même ouvrage que les Castigaliones ad opusculum Isauci Vossii de sibyllinis oraculis et responsiones

ad objectiones nupera critica ; sacræ et Excerpta ex disquisilionibus criticis Richardi Simonis, gallicanæ Ecclesiie theologi. Ainsi les Castigationes suivent les Objectiones, les Excerpta répondent aux Disquisiliones, un Judicium à une Responsio. Pendant douze ans, c’est un feu roulant de justifications et de ripostes, de répliques et de dupliques qui font admirer la profondeur des études de Simon et sa facilité à écrire en un latin très érudit.

En parlant des Bibles polyglottes dans son Histoire critique, Simon avait indiqué le projet d’une nouvelle Bible de ce genre qui fût plus pratique ; plus tard, il publia Novorum Bibliorum polyglotlorum synopsis, Utrecht, 1684, in-8°, signé Origène. Jean Le Clerc, professeur à Amsterdam, lui offrit sa collaboration dans une longue lettre latine dont les premières pages sont en tête de la Réponse aux sentiments qui, dans toutes les éditions, fait partie des annexes de l’Histoire critique. Simon refusa sèchement ; entre les deux, simple conflit d’amour-propre plus que bataille d’idées. En 1685, paraît une nouvelle lettre sur le projet de polyglotte : Ambrosii ad Origenem epistola de novis Bibliis polyglotlis, publiée à Utrecht, in-8°. Jean Le Clerc écrit de son côté : Sentiments de quelques théologiens de Hollande sur l’Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1685. Ce sont vingt lettres dans lesquelles il dit en commençant : « Personne de ma connaissance ne le blâme, ni ne l’approuve en tout. La plupart disent même qu’on peut le mettre au nombre des bons livres », et en terminant, p. 457 : « Il y a beaucoup de remarques très utiles et très véritables… Le P.Simon a trouvé la meilleure méthode d’expliquer l'Écriture sainte, quoiqu’il ait mêlé beaucoup de choses peu vraisemblables sur la manière dont les livres furent composés… On peut faire du profit en le lisant. » Simon riposte par : Réponse au livre intitulé : Sentiments de quelques théologiens de Hollande… par le prieur de Bolleville. Outre les réponses aux théologiens de Hollande, on trouvera dans cet ouvrage de nouvelles preuves et de nouveaux éclaircissements pour servir de supplément à cette Histoire critique, daté de Bolleville, le 15 septembre 1685. Il y traite durement son adversaire qu’il accuse d’avoir « plus de vanité que de véritable capacité ». Il est vrai que M. Le Clerc avait dit de lui dans l’avertissement : « On n’aime pas à disputer avec des gens qui gardent aussi peu de mesure d’honnêteté et qui se soucient aussi peu de la vérité que lui. »

Simon écrit encore : Lettre à M. l’abbé P. D. et P. (Pyrot) docteur et professeur en théologie, touchant l’inspiration des livres sacrés, datée du 15 novembre 1686, dans laquelle il tâche de concilier l’inspiration de l'Écriture avec ce qu’il a dit des écrivains chargés chez les Juits d’en faire l’abrégé.

Le Clerc l’ayant attaqué de nouveau dans sa Défense des sentimerds de quelques théologiens de Hollande… contre la réponse du prieur de Bolleville, Amsterdam, 1 686, 459 p., Simon rédige une Réponse au livre intitulé : Défense des sentiments… par le prieur de Bolleville. Cette réponse est fort vive, il accuse Le Clerc d'être socinien, de faire de la religion une série de propositions toutes dogmatiques et qu’on ne doit aborder qu’avec la seule raison.

Jurieu, ministre à Rotterdam, l’avait aussi attaqué dans son livre fameux De l’accomplissement des prophéties. Pour se convaincre que la fin des temps est proche, il suffit de considérer le nombre actuel des faux prophètes parmi lesquels Richard Simon tient le premier rang ; un des principaux chapitres a pour titre : Coup de jouet contre Richard Simon. Pour Jurieu, l’Histoire critique se ramène à quatre ou cinq paradoxes dont les uns sont impies et les autres badins. Dans sa Réponse aux sentiments, p. 189 et 218, Simon raille