II. Le P. Goupil, dans son récent ouvrage Apologétique, Paris, 1938, a inséré un excellent exposé de la théologie du signe, n. 42-58. On s’en est ici constamment inspiré. Voir aussi L. de Grandmaison, Jésus-Christ, t. ii, Paris, 1928, l. V, c. i. Des signes divins en général, p. 225 sq. ; Garrigou-Lagrange, De revelatione. t. i, Paris, 1918, p. 532 sq. ; E. Masure, La grand’route apologétique, Paris, 1939 (reproduit les articles parus en 1934 dans la Revue apologétique, sous le titre L’apologétique du signe). Voir, de plus, ici même, la bibliographie de l’art. Miracle, t. x, col. 1858,
III. On se reportera à la bibliographie de Sacrement, t. xiv, col. 641 : La notion de sacrement.
SIGORGNE Pierre, savant, orateur et apologiste français du xviiie siècle. — Il naquit en 1719 à Rembercourt-aux-Pots, en Lorraine, embrassa l’état ecclésiastique et, ses études faites en Sorbonne, fut nommé professeur de philosophie au Collège du Plessis. C’est pendant cette période de sa vie qu’il composa la plupart de ses ouvrages scientifiques où il se montra partisan du système de Newton. Plus tard, il se retira à Mâcon ; il y fut vicaire général et official. Ses fonctions ne l’empêchèrent ni de se livrer à des travaux apologétiques, ni de cultiver l’éloquence de la chaire ; il prononça, dans la cathédrale de Mâcon, l’oraison funèbre du dauphin en 1766 et celle du roi Louis XV en 1774. Il mourut très âgé au début du xixe siècle.
Seuls, ses deux traités apologétiques sont à signaler ici. Le premier est Le philosophe chrétien, ou Lettres à un jeune homme entrant dans le monde, sur la nécessité de la religion, publié sans nom d’auteur à Avignon en 1765. C’est un « abrégé » où sont amenés tour à tour les arguments traditionnels de la nécessité d’une révélation et de la vérité de la religion chrétienne. La plus grande partie du livre est consacrée à la certitude des miracles du Christ et à l’authenticité des Évangiles. Les preuves sont classiques et la présentation n’est pas originale ; l’intérêt de l’ouvrage vient de la connaissance qu’il nous donne sur la pensée des « incrédules » d’alors, et des allusions qu’il renferme aux systèmes des philosophes du temps. A ce point de vue, le second ouvrage de Sigorgne, de plus modeste apparence, est encore plus intéressant. Il est intitulé : Lettres écrites de la Plaine en réponse à celles de la Montagne ou Défense des miracles contre le philosophe de Neuf-Chatel, par l’auteur du « Philosophe chrétien » et publié à Amsterdam en 1765. Comme son titre l’indique, c’est une suite de lettres réfutant les assertions de Jean-Jacques Rousseau, que Sigorgne appelle généralement « le Philosophe », parfois « rhéteur artificieux, auteur orgueilleux », p. 4, une fois « Monsieur Rousseau », p. 72, et même ironiquement « mon cher Jean-Jacques », p. 123. Il contient de nombreux passages des Lettres de la Montagne où il est dit « que les miracles ne sont pas un signe nécessaire à la foi, et qu’ils ne sont pas un signe infaillible dont les hommes puissent juger, p. 30. La riposte de Sigorgne est généralement assez vive et la valeur probante des miracles du Christ est exposée avec netteté.
Michaud, Biographie universelle, t. xxxix, p. 334 ; F.-X. de Feller, Dictionnaire historique, t. v, p. 500-501 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xliii, col. 988.
SILESIE (Dominique-Germanus de), frère
mineur allemand du xviie siècle, appelé aussi dominique de nissa (Neisse). — Né à Schurgast-sur-Oder
(diocèse de Breslau, en Silésie), en 1588, il se désigne
lui-même sous le nom de Germanus (prénom latin ?
traduction latine d’un nom de famille comme Deutschmann ? simple indication de son origine allemande ?).
Il entra dans l’ordre, en 1624, sans que l’on puisse
préciser dans quelle province. A. Kleinhans, dans
l’étude citée à la bibliographie et aussi dans Antonianum, t. iv, 1929, p. 373, admet que ce fut dans la province de Bohême. B. Zimolohg objecte avec raison que
le nom de Dominique ne figure point dans le 'Liber receptionum (1580-1664) de celle province. Voir
Franzisk. Studien. t. xxi, 1934, p. 152. Quant à la
raison de l’appellation de Nissa (séjour à Neisse ?),
voir L. Pérez, dans Arch. franc. hist., t. x, 1917, p. 253-255. Prêtre très probablement à son entrée dans
l’ordre, il paraît avoir exercé, dans sa province, après
son noviciat, les charges de prédicateur et de lecteur.
Vers 1628, il fut envoyé au collège de langue arabe
érigé au couvent de Saint-Pierre in Montorio à Rome
pour familiariser les futurs missionnaires avec la langue
arabe. Poussé par un vif désir d’aller en mission,
Dominique quitta la province dans laquelle il avait été
reçu, pour s’incorporer, le 10 avril 1630, à celle de
Saint-Michel de Rome. En 1630 ou 1631, il partit pour
la Palestine, où il se perfectionna dans la langue arabe.
Son séjour fut de courte durée ; vers la fin de 1634 ou
au début de 1635, il revint à Rome, où, en septembre
1635, il demanda à la congrégation la permission
tenendi et legendi Alcoranum in lingua arabica et alios libros ex professo de lege mahumetana tractantes, ut possit melius sludium S. Petri de Monte aureo arabicum promovere. Il fut promu lecteur à Saint-Pierre in Montorio, en automne 1636, et, le 11 novembre, il devint
membre de la commission pour l’édition d’une Bible
en langue arabe, à la place de son professeur Thomas
Obicini. Mais, dès 1640, le P. Alexis de Todi lui succéda comme lecteur au dit collège et, le 13 mai 1641,
le P. Ant. d’Aquila prit sa place dans la susdite commission. Quoi qu’il en soit des raisons pour lesquelles
il fut remplacé dans ces charges, le P. Dominique
semble être retourné en Palestine, où, en septembre
1641, il enseignait l’arabe à Bethléem à ses confrères.
Le 23 mars 1645, il fut désigné par la Propagande pour la mission de Samarcand en Tartarie, dont il fut nommé préfet pour la durée de trois ans. Deux confrères lui furent adjoints, le P. François de Capradosso, étudiant à Saint-Pierre in Montorio et un Polonais à désigner par ses supérieurs. Il est très probable que le P. Dominique, pendant ces négociations, était à Rome, qu’il quitta en 1645 pour gagner la Tartarie en passant par la Pologne. La mission pour laquelle le P. Dominique fut envoyé en Tartarie ne regardait cependant pas la conversion des infidèles, mais le ministère à exercer auprès des nombreux captifs chrétiens qui y résidaient. En 1647 et 1650, on le trouve à Ispahan, en Perse, et il paraît n’être jamais arrivé en Tartarie ni à Samarcand.
En 1652, le P. Dominique était de retour à Rome, où, pour des raisons ignorées, il fut mal accueilli tant de la part de la congrégation que de ses confrères à Rome, dont le gardien lui refusa la permission commissionem pro bibliis arabicis edendis adeundi, sur quoi le P. Dominique fit un recours à la congrégation. En 1652, il fut appelé par le général, Pierre Manero, alors à Madrid, en Espagne, probablement pour rendre compte de sa mission et, à partir de cette année jusqu’à sa mort, le 28 septembre 1670, il habita le couvent de Saint-Laurent à l’Escurial, très riche en manuscrits arabes. Il s’y consacra entièrement à l’étude et y travailla à la rédaction de plusieurs ouvrages.
Outre quelques ouvrages, dictionnaires ou grammaires se rapportant à la langue arabe, Dominique de Silésie composa de nombreux ouvrages pour l’exposé et pour la réfutation des doctrines théologiques musulmanes. Parmi eux, l' Interprelatio Alcorani occupe sans conteste la première place. Selon M. Devic, elle constitue la première traduction du Coran vraiment digne de ce nom, qui remporte de loin sur toutes les autres versions faites jusque là. Voir Une traduction inédite du Coran, dans Journal asiatique, VIIIe série, t. i, 1883, p. 350 et 361. Le P. Dominique a accompa-