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Parfaitement au courant de la théologie Latine, il Joue vis à Ni-- de l’évêque d’Éphèse, le rôle d’un Latin, et il le joue parfaitement. Il ne faut pas exclure pourtant une autre conjecture. La finale de la Réponse à Marc est si acerbe qu’elle peut nous autoriser à penser que la réfutation fut eerite ab iruto. aussitôt après cette réponse : et ee serait eneore en 1440. 1. titre à Mure d’Éphèse, t. iv, p. Il ; ». Scholarios dit. en effet, qu’il lera connaître son sentiment au moment opportun, même s’il doit déplaire à Mare ou au pape.

Enfin, pour établir l’authenticité de nos pièces, on peut recourir à un argument d’ordre plus général, qui entraîne la conviction : nous voulons parler des aveux multiples, implicites ou explicites, que Scholarios nous a laissés de son unionisme. durant une période donnée de sa vie. c’est-à-dire pendant sa jeunesse, axant, pendant et même un peu après le concile de Florence. Nous Tie pouvons iei relever tous ees témoignages, pour lesquels nous renvoyons le lecteur au t. viii des Œuvres, Appendice v, p. 33*-47*. et à notre article : L’unionisme de Georges Scholarios, dans les Échos d’orient, t. xxxvii, p. 65-86. Qu’il nous suffise de rapporter deux aveux explicites. Nous empruntons le premier a la Critique du discours de Bessarion à Florence (t. iii, p. 115-116), fragment autographe, resté inconnu jusqu’à l’édition complète des œuvres. l’allant de l’addition du Filioque au symbole qui, d’après lui, a été la véritable cause du schisme, il écrit :

Examinant moi-même, après tant d’autres, cette question, je trouvai que les obstacles provenant de l’addition ne devaient pas nécessairement causer le schisme. Il eût été mieux, sans doute, qu’on n’eût rien ajouté ; mais cette témérité une fois accomplie et passée dans l’usage, il fallait la tolérer, si toutefois l’addition exprimait la vérité. Je disais donc que c’était sur ce point que le concile général dont nous espérions la convocation prochaine aurait à porter son attention. Quant à moi, ne faisant aucune addition, me gardant de toute communion avec les Latins, je recherchais si l’addition exprimait en quelque manière la vérité. Devant l’affirmative, on n’aurait plus à traiter les Latins d’hérétiques et d’hétérodoxes ; ce qui ne devait pas empêcher ceux a qui ce droit appartient de demander et de déterminer la réparation de la transgression… Je trouvais donc que les docteurs occidentaux disaient bien cela, et que quelques-uns des nôtres en portaient témoignage ; et comme il était impossible que les docteurs de l’Église fussent trouvés m ?nteurs, j’en concluais qu’il n’y avait pas à rejeter la communion des Latins, puisqu’ils croyaient et professaient une doctrine vraie. Je ne supposais pas non plus, cela va de’soi, que la vérité proclamée par de si grands docteurs put être le principe de quelque absurdité ou fausseté. Voilà pourquoi en toute simplicité et du fond du cœur je me réconciliai avec les Latins, et fis sentir sans répit la lourdeur de mon bras à ceux qui les accusaient sans mesure. Je pris la défense de leur foi en plus d’un écrit, et je les déchargeai d’une foule d’absurdités auxquelles ont voulu les réduire, — je devrais dire : auxquelles ont voulu réduire les docteurs de l’Église - ceux qui ont composé contre eux de longs traités. Aussi fus-je qualifié de latinophrone. Mes envieux trouvèrent là une belle occasion de m’attaquer, ne pouvant découvrir d’autre moyen de me nuire, i II faut, disaient-ils, que cet homme-la soit couvert d’opprobres et la mène dure, lui qui ne calomnie pas la religion des Latins et ne pense pas que ceux-ci soient des impies parce qu’ils répètent une formule chère a tous les docteurs. El sans doute, en condamnant l’ignorance de ces gens-la, des propos dignes d’un Latin m’ont échappé et, comme il arrive en ces sortes d’écrits, j’ai pu. dans l’ardeur de la querelle, me montrer t rop indulgent pour les Latins, I rop dur pour mes adversaires. On a pu me croire alors loul dévoue au latinisme, contempteur et adversaire déclaré de nos traditions, ’aux. en effet, pour qui ne pas calomnier les Latins et ne pas proférer conl re eux les pin-, injures était un si^ne (le bienveillance .i leur égard, el qui trouvaient la matière > entretenir leur fureur contre moi, que ne devaient-ils pas ressentir, en me voyant amené < les défendre ? Quant a moi, un certain peint d’honneur me poussai ! a cela. Comment faire autri mut en de p : ireils sujets, lorsqu’on est jeune, sei : iil-on doué du tempérament le pins pacifique ?

Il est fort regrettable quc l’extrait autographe contre le discours de lîessarion s’arrête à cet endroit, car les aveux que nous venons d’entendre viennent après des déclarations antiunionistes très caractéri secs, où Scholarios défend la doctrine de Photius. La suite devait sans doute raconter l’évolul ion de sa peu sec et donner les raisons de sa palinodie.

Un autre aveu 1res court apparaît dans le Second dialogue sur lu procession du Saint-Esprit. Le person nage appelé Euloge, qui représente Scholarios. repro che au protagoniste des latinophrones, appelé Benoit, son changement radical de position dans la question de la procession du Saint-Esprit : Hier encore, lui dit-il. ta plume féconde attaquait l’addition. »

Mais toi aussi, riposte Benoît, il fut un temps où tu conseillais de faire l’union avec les Latins. » Je ne puis le nier, répartit Euloge. Je n’étais pas assez fou, en effet, pour ne pas désirer l’union avec eux : mais je voulais une union sortable et basée sur la vérité ; quant à signer une paix aussi onéreuse, je n’y avais jamais songé moi-même, et je n’aurais pas cru que d’autres osassent le faire. Que si, au sujet des Latins, il m’est arrivé de penser comme vous autres vous pensez maintenant, sache que depuis longtemps j’ai rejeté cette doctrine et que je suis revenu au dogme de nos pères, auquel je tiens mordicus, prêt à tout perdre plutôt que de l’abandonner, persuadé que je suis qu’il n’y a rien de plus conforme à la vérité » (t. iii, p. 23). Voilà qui est clair, et ne laisse place à aucun doute.

Sans doute Scholarios n’a pas toujours été aussi franc. En maints endroits de ses écrits, il a passé sous silence ou cherché à atténuer ce cru’il considérait comme une défaillance. Voir Échos d’Orient, art. cit. Mais ces atténuations ne peuvent effacer les déclarations si nettes qu’on vient de lire. Il ne reste, dès lors. aucune raison sérieuse de mettre en doute l’authenticité des écrits unionistes que les manuscrits nous ont transmis sous son nom.

11° Écrits perdus. —

Les huit volumes de textes qui composent les œuvres complètes de Scholarios sont loin de représenter tout ce qu’il a écrit. D’après son propre témoignage, plusieurs ouvrages ou pièces furent perdus lors de la prise de Constantinople. C’est ainsi que des dix écrits de genre divers qu’il énumère dans une note autographe du Parisinus 1289 et qui furent composés en 1452-1-453 — tous avaient pour but d’empêcher la proclamation de l’union — deux numéros seulement nous restent sûrement. Cf. t. iii, p. l-li, 179180. Nous avons dit plus haut, col. 1529, que de nombreuses homélies prononcées par lui devant la cour, alors qu’il était encore simple laïc, ne nous sont pas parvenues non plus.

Disparus également certains écrits unionistes, entre autres une Réfutation du grand ouvrage de Nil Cabasilas sur la procession du Saint-Esprit, mentionnée dans la Réponse aux sylloç/ismes de Mure d’Éphèse. Cf. t. iii, p. 496-497, où il est parlé d’AvTippr ; cT£i.ç Trpôç Ka6dco-’Xav. Cette réfutation de Nil, les notes marginales au Contra errores Grœcorum de Manuel Calecas (n. 2 des Varia, t. viii, p. 502-503) la font déjà prévoir. Dans la même Réponse à Marc, on trouve aussi une allusion à un opuscule sur la signification des prépo silions oVI. et v.îtv.. a moins qu’il ne s’agisse d’une dissertation d’ensemble sur la procession du Saint Esprit. Cf. I. m. p- 537.

Plusieurs traductions d’ouvrages philosophique saint Thomas n’onl pas été retrouvées, en partit ulier le Commentaire des seconds analytiques d’Aristote, qui lut l’un des premiers travaux de Scholarios. Cf. t. vii, p. I. Comme nous l’axons noté pins haut, du Commen imre de lo Physique d’Aristote mnous sent parvenus que les deux premiers li les. el em incomplète.