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SIBERT DE BEEK

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3° Temples et fêtes. Les sanctuaires shintoïstes sont en général d’une construction très simple, mais souverainement élégante et le cadre de la nature environnante tend encore à Faire ressortir leur beauté. L’un <les plus célèbres est celui dise consacré à la déesse solaire Amaterasu. C’est là que l’on conserve le miroir sacré que la déesse aurait donné à son tils le mikado et < I u i. avec le sabre et le collier de perles, constituent les fétiches de la maison impériale. Ces instruments divins sont le signe sensible de l’autorité divine du mikado e1 la cérémonie d’accession au tronc se réduit au fond à la prise de possession des trois objets sacrés par l’empereur intronisé. A Izumo. se trouve le temple du dieu de la terre. Ilachinian, le dieu de la guerre, est honoré à Kioto ; à Tokyo se trouve le temple de l’empereur divinisé Antoku. On compte dans le Japon plus de 100 000 sanctuaires, grands ou petits ; un petit nombre seulement est consacré aux grands hommes nui ont fait la patrie japonaise, la grande majorité est dédiée aux kami de la nature.

Chacun de ces temples a sa fête annuelle que le peuple célèbre par des réjouissances bruyantes, car tout ce qui apporte aux hommes joie et plaisir est censé également une source de joie pour les dieux. On y vient de toutes les parties du Japon, en des pèlerinages très fréquentés et des processions solennelles ; des représentations théâtrales y attirent de très nombreux fidèles.

Le culte des morts.

Le culte des morts au Japon

s’est développé sous l’influence des idées chinoises, mais il s’est incorporé au shintoïsme d’une façon si intime qu’il en est désormais l’un des éléments caractéristiques et que les âmes des morts divinisées sont honorées au même titre que les kami. On ne saurait mieux les comparer qu’aux dii mânes des Romains. Une étroite union existe entre les vivants et les morts et ceux-ci sont informés officiellement des nouvelles qui concernent la famille. L'âme survit près de la tombe qui garde ses ossements et c’est là que le Japonais porte ses offrandes de riz, de viii, de fleurs et de fruits, tandis que le défunt, reconnaissant de ces marques d’un souvenir persistant, devient un esprit tutélaire dont la protection s’exerce sur tous les descendants.

Le culte des morts au sanctuaire de la famille a pour centre le Mitamaga, coffret qui renferme la tablette des ancêtres et où l’esprit des morts est censé demeurer. /est un temple en miniature et qui, pour le fidèle shintoïste, correspond à ce qu’est l’autel des ancêtres pour les Chinois ; les offrandes a l’esprit des morts devenus kami se font obligatoirement devant lui.

Dans le sanctuaire impérial de Tokyo, une salle en bois blanc, sans ornements, reproduit en grand le mitamaya familial et réunit dans un même culte l’aïeule impériale, la déesse Amaterasu, tous les autres dieux du panthéon kami et tous les ancêtres du mikado réunis dans un même culte divin.

La morale.

La morale du shintoïsme semble se

réduire à un précepte unique : « Suivez l’impulsion de votre nature et obéissez à l’empereur. Les théologiens shintoïstes enseignent très sérieusement que la nécessité d’un code moral n’existe pas pour les Japonais, parce qu’ils sont honnêtes de naissance et par nature. (est pour la même raison qu’ils n’ont besoin ni de révélation, ni de prophètes, ni de sages rpii viendraient les réformer.

Les anciens documents shintoïstes donnent quelques listes de péchés, mais ces péchés sont de ceux qui comportent une impureté rituelle et qui justifient dans la religion japonaise les nombreux rites de lustration qui sont en usage. La notion du péché moral et qui souille la conscience, n’existe pour ainsi dire pas dans le shintoïsme primitif. Elle n’apparaît que tardive ment et sous L’influence du bouddhisme. Semblable, évolution se retrouve dans un certain nombre de religions de l’antiquité et en particulier dans le paganisme grec. Cependant, des germes de moralité apparaissent dans ce fait que Tint eut ion droite, la droiture, la justice et la sincérité sont particulièrement recommandées et mises en honneur. L’idée de la pureté d'âme qui s’identifie avec la vertu n’apparaît que très lard et sous l’influence des bonzes chinois.

La pauvreté religieuse du shintoïsme est à l’heure actuelle tics vivement ressentie par tous les Japonais intelligents. De là, dans les hautes classes, une incrédulité systématique et qui devient générale, l’agnosticisme, le mépris des traditions, mais aussi cette tentative des gouvernants de faire du Shinto un simple aspect national de l'âme japonaise, la vénération des héros qui ont fait la grandeur du pays. De là aussi le pullulement des sectes bouddhico-shintoïstes dont la morale a inspiré le code d’honneur des samouraïs et dont les idées de rédemption attirent un si grand nombre d'âmes. Quant au peuple, il se satisfait avec le culte du dieu-renard et celui des divinités phalliques, les superstitions qui assurent le bonheur et la pratique aisée des observances matérielles.

On trouvera une très abondante bibliographie japonaise et anglo-japonaise du Shinto dans Genchi Katô, Le Shinto, religion nationale du Japon, dans Annales du musée Guimct, Bibliothèque de vulgarisation, t. L.

I. Ouvrages généraux.

W.-G. Soston, A history o/ japimese literature, Londres, 1899 ; W.-E. Griflis, The Mikado’s empire ; Fr. de Wenckstern, Bibliographie of the japaiiese empire, Leiden, 1895-1903 ; H. Cordier, Bibliotheea japoniea, Paris, 1912 ; B.-H. Chamberlain, Things Japanese, Londres, 1905 ; Murdoch et Yamagata, History of Jupan from the origins to the arrivai of the Portugese in 1542, Yokohama, 1910 ; La Mazelière, Le Japon. Histoire et civilisation, Paris, 1907.

Les anciens livres sacrés du Japon ont été traduits, The Kojiki, par 13. -H. Chamberlain, Londres, 1883 ; The Xihongi, par W.-G. Aston, Londres, 1896.

IL Ouvrages concernant le shintoïsme. — K. Florenz, Japanische Mythologie, Leipzig, 1901 ; W.-G. Aston, Shinto, Londres, 1905 ; M. Revon, Le shintoïsme, sa mythologie et sa morale, dans Annales du musée Guimet, t. x, Paris, 1904 ; le même, Le shintoïsme, dans Revue de l’histoire des religions, 1904-1907 ; K. Florenz, Die Japaner, dans Lehrbuch der lieligionsgeschiehte de Chantepie de La Saussaye, t. i, p. 262-421 ; M. Hozumi, Ancestor worship and Japanese luw, 1901 ; J.-M. Martin, Le shintoïsme, religion nationale, t. i, Les origines, Essai d’histoire ancienne du Japon, Hongkong, 1921 ; t. ii, Le shintoïsme ancien, Hongkong, 1927 ; F.. Satow, Aneient Japiuiese rituals, dans Transactions of the Asiatic Society of Japan, t. vii, p. 97-132, 409-455 ; t. ix, p. 183-211 ; t. xxvii, p. 1-112 ; le même, The Bevival of the pure Shinto, dans le même recueil, t. iii, Append., p. 187 ; l'étude de J. Dahlmann, Les religions du Japon, dans Christus, Paris, 1921, garde toute sa valeur ; P. Lowell, Occull Japan, Boston, 1895 ; le mOine, Esoteric Shinto, dans Traits, of the Asiatic Society of Japan, t. xxi et xxii ; Matsumoto, Essai de mythologie japonaise, Paris, 1928.

Sur le bouddhisme japonais, on pourra consulter utilement : A. Lloyd, Development s of the Japanese Buddhism, dans Transactions of the Asiatic Society of Japan, t. XXII ; Gyan-nen, Esquisse des liait sectes bouddhistes ilu Japon, dans Revue de l’histoire des religions, 1892, t. el XXVI, trad. A. Millioud ; G.-W. Knox, The developmeni of religion in Japon, New-York, 1908 ; V. Gundert, lier japanische Buddhismus, Stuttgart, 1922 ; R. Fujishima, !.< bouddhisme japonais. Doctrine et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon, Paris, 1889 ; il. Haas, Die Sekten des japanischen Buddhismus, Hcidelbeig, 1905.

A. VlNCEN 1.

    1. SIBERT DE BEEK##


SIBERT DE BEEK. -Originaire du comté de Gueldre, son nom désignant soit son pays natal, soit sa famille. Il naquit vers 1260-1270 ; entra chez les carmes, peut-être au couvent de Cologne, vers 1280. Il apparaît mêlé à la fondation du couvent de Gueldre dès 1300 ; on l’en trouve vicaire en 1308 Kilo, puis