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SHINTOISM — CROYANCES


la déesse « lu Fouji-Yama, qui fait fleurir les arbres, Hachiman, le dieu mongol de la guerre que les bonzes, vers la Bu du r siècle de notre ère, ont identifié avec ojin Tennô, le conquérant de la Corée.

D’autres kami président aux dans <|ui comprennent tous les Individus de même sang se réclamant d’un ancêtre commun et plus tard, lorsque les grandes

familles japonaises se mirent a spéculer sur leurs origines, elles identifièrent leur premier ancêtre connu avec on kami. Ce lien de parenté leur semblait d’autant plus admissible que les kami étaient conçus sous « les traits anthropomoiphiques. Elles imaginèrent doue un ancêtre par élan et un fondateur par caste ou corporation et qui furent censés descendre d’un kami d’autant plus illustre que le clan était plus puissant et que la caste accomplissait un travail plus noble. Ancêtres de dans, fondateurs et chefs de corporations se virent donc ainsi rattaches immédiatement à une lignée divine, promus eux-mêmes au rang de kami, honorés d’un culte divin et invoqués comme protecteurs par tous ceux qui se réclamaient d’eux.

Les Ouralo-Altaïqnes ne pratiquaient en aucune façon le culte des morts et les Japonais primitifs ont ignoré la déification des mortels. La divinisation des empereurs et des héros célèbres qui, à l’heure actuelle, constitue l’une des caractéristiques du shintoïsme moderne, est due a une influence du bouddhisme. Le Mahài/dmi (le Grand véhicule, l’une des voies de saint pour parvenir au nirvana), admettait que le liodhisattoa, le futur Bouddha, en échange de son vœu de perfection, revêtait des pouvoirs surhumains et pouvait devenir un être divin. Les ancêtres, empereurs et héros, ne pouvaient faire moins que de parvenir, eux aussi, à i la plaine du haut ciel » et c’est ainsi qu’ils furent eux aussi déifiés.

La pensée chinoise a fait sentir son influence dans l'élaboration de légendes shintoïstes où se retrouve quelque chose des théories philosophiques si compliquées de la Chine, mais c’est surtout par l’invasion du bouddhisme que l’empire du Milieu a modifié l'évolution de la pensée religieuse japonaise. Au vr s siècle, le bouddhisme pénétra au Japon et, dès.">72. le prince Shotoku Taïshi justifiait l’amalgame des trois voies en disant : « Le Shindô, ou la voie des kami, est la première voie suivie par les hommes et elle évoque le souvenir du passé ; le Jûdà, le confucianisme, est la voie du juste milieu et concerne le présent ; le Butsudô ou la voie de Bouddha se rapporte à la vie future, il est la voie dans laquelle il faut mourir afin de se procurer une éternité bienheureuse. Cette théorie. étrangère à toute préoccupation logique et qui avait été conçue exclusivement au point de vue de l’utilitarisme politique, a obtenu un succès extraordinaire. Les Japonais depuis lors ont toujours honoré les kami selon les rites traditionnels shintoïstes, ils ont demandé au moralisme chinois des leçons de morale individuelle, sociale et politique et ils ont eu recours au bouddhisme pour se procurer une renaissance heureuse. De cette fusion entre les deux religions est né le Ryôbu-Shinto, sorte de compromis entre les anciennes et les nouvelles croyances et qui a dominé au Japon du vie siècle jusqu’au début du Kvnr ».

Les bonzes en profitèrent pour identifier kami et bouddhas, inaugurer un culte où se retrouvaient à la fois de, éléments hindous, chinois et japonais et s’essayer à une philosophie.

Toutefois, cette victoire du bouddhisme sur la religion primitive ne. fut ni aussi rapide ni aussi complète qu’on pourrait le penser. Le Shinto représentait en fait le passé national en face d’une importation étrangère. Qu’un choc réveillât la conscience du Japon et les traditions shintoïstes reprendraient une nouvelle vie. L’occasion en fut fournie par un mouvement à la

fois historique et littéraire, entrepris pour affranchir

des interprétations chinoises l'étude des antiques croyances Japonaises. Les anciens livres sacrés, le Kôjiki et le Nihonghi, qui constituaient les premiers documents écrits de l’histoire japonaise, sont remis en honneur et étudiés, et des érudits, des penseurs et des réformateurs religieux, coupant les liens qui reliaient le shintoïsme au bouddhisme et à l’influence chinoise, restaurent la religion primitive et raniment l’enthousiasme pour le mikado, empereur et dieu, descendant de la déesse solaire. Amaterasu. La voie, était déblayée et Meiji Tennô (1868-1912), en 1868, non seulement triomphe de ces maires du palais qu'étaient les shoguns, mais rétablit le pouvoir personnel du mikado et, par voie de conséquence, restaure le shintoïsme. IL Le shintoïsme moderne. — 1° Le shintoïsme civil ou national. — Le gouvernement japonais d’aujourd’hui distingue soigneusement entre l’hommage shintoïste national, rendu à la patrie et à ses grands hommes, et le culte shintoïste religieux (réponse du ministre de l’Instruction publique à l’archevêque de Tokio, 22 septembre 1932). Les cérémonies qui se font, par ordre des autorités, dans les temples ou monuments nationaux sont donc reconnues comme ne revêtant pas un caractère religieux. De là les règles pratiques de conduite données par une instruction de la S. ('.. de la Propagande au délégué apostolique du Japon, 20 mai 1936 ; cf. Arta aposl. Sedis. série IL t. III, 1936, p. 406 sq. :

1° Ordinarli m territonis Japoiml împeni doceant fidèles, cæremoniis, quæ fieri soient ad monumenta Jinja a Guberuio civîliter administratif annecti ab auctontatibus tîvïlt" bus… itemque communi cultiorum hominum sensu meram signlfpationem patrii unonsulicLt fillalls revsrentiac srga familiam imperialem et patrise benefactores ; ideoque, eum luijusmodi cæremonise valorem induerint mère civilem, catholicis licere interesse eis et more ceterorum civium agere, declarata sua intentionc, si quando hoc necessarium appartient, ad falsas intei pretationes soi actus removendas.

2° Eidem Ordinal ii permittere possunt ut fidèles, quando intersint funeribus, matrimoniis, aliisque privatis ritibus in vita sociali japonensi usitatis, participes fiant sicut ceteri… omnium illaruni cæremoniarum, quæ quamvis forte a superstitionc originem duxerint, ex circumstantiis tamen tocorum et personarum et ex communi sestimatione aune temporis non retineanl nisi sensum urbanitatis et mutuæ benevolentiae.

Le shintoïsme religieux.

1. L'Être suprême. —

Le Shinto ne reconnaît pas de divinité unique ni suprême. Sans doute il a effet il y a encore une tendance à exalter la déesse solaire Amaterasu, à la mettre au-dessus des autres dieux et à lui reconnaître à un degré éminent le caractère d’une providence générale, mais d’autres dieux coexistent avec elle. Il n’est d’ailleurs admis pour aucun être divin qu’il puisse se glorifier d’une connaissance, ni d’une puissance infinies.

2. Le mythe de lu naissance des dieux. Le livre

sacré, le Nihonghi débute par un essai philosophique où l’on retrouve des traces manifestes d’une influence chinoise et qui décrit l’apparilio.i du ciel et de la terre en partant d’un œuf primitif. De cet œuf naissent d’abord le ciel et la terre et c’est d’eux que sont issus tous les êtres divins. A la sept ième génération, Isanaghi et Isanami font émerger de l’Océan les îles du Japon et cette créai ion est suivie de l’apparition d’une foule de divinités qui commencent a organiser et à fertiliser les îles. En même temps se manifestent les dieux du vent, de la mer. de la pluie, des arbres, des montagnes, etc. Isanami meurl des atteintes du dieu du feu. Pour la retrouver, son époux Isanaghi descend dans l’inonde souterrain, mais, en remontant a la lumière du jour, il est obligé de se. purifier et de sa purification naissent les kami suprêmes. Amaterasu. la déesse solaire, naît de son œil gauche, de l'œil droit le dieu lune Tsukiyomi et du nez le terrible Susano qui se